Le chien et sa place dans la société - La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015

Colloque de l’Académie vétérinaire

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Auteur(s) : Marine Neveux

“Chien et société” était le thème du colloque du 26 mars dernier organisé par l’Académie vétérinaire de France à l’école d’Alfort.

La journée du 26 mars, à l’initiative de l’Académie vétérinaire, avec le soutien de Whaltam et Royal Canin, a permis d’aborder l’animal, et plus particulièrement le chien, sous diverses facettes, telles que la médiation animale, la philosophie, le comportement, la médecine, le concept One Health ou la politique publique.

Le développement de la médiation animale

Enfants en difficulté sociale, en réinsertion, jeunes ou adultes handicapés, personnes en milieu carcéral : la médiation animale peut intervenir dans diverses situations. « Aujourd’hui, la médiation animale est présente. Depuis quelques années, des organismes publics se penchent sur cette question et des agences régionales de santé (ARS) souhaitent accompagner ces initiatives. Tous ont besoin de cahiers des charges », explique Boris Albrecht, directeur de la fondation A et P Sommer. L’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO) révèle une forte reconnaissance de la fondation en France, pays organisateur de l’édition 2016 du colloque, à Paris. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la Santé en Italie, qui regroupe les médecines humaine et animale. Leur ministère consacré à la thérapie animale est unique au monde. Il forme et finance. »

Quelle approche de l’animal ?

« Quel lien l’attachement peut-il entretenir avec l’élaboration d’une nouvelle législation ? », interroge notre confrère Claude Béata, vétérinaire comportementaliste et président de Zoopsy. L’animal est reconnu depuis peu dans le Code civil en tant qu’être sensible et vivant, mais « la modification qui a eu lieu est vraiment mineure, car elle dit que ce sont des animaux sensibles et vivants, mais soumis au régime des biens ». En outre, « il conviendrait que le juriste définisse l’animal et la notion de sensibilité », estime Georges Chapouthier, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et écrivain.

« Les chiens vivent avec nous depuis si longtemps, ils méritent un statut particulier », poursuit Claude Béata. En outre, l’attachement est présent, « on connaît la mise en relation forte entre les chiens et les personnes. Devant les personnes, le chien est un individu, une personnalité unique. La relation personnelle est intense, les joies et les peines sont partagées. Les chiens sont capables d’empathie ». Les avancées en neuroscience éclairent aussi sur les capacités d’émotion de cette espèce.

Quel bilan des lois sur les chiens dangereux ?

Catherine Mège, vétérinaire comportementaliste, a fait un point sur les chiens mordeurs et sur les lois concernant les chiens dangereux. Depuis 2008, la profession est au cœur de ce dispositif, avec une « mobilisation exemplaire ». La loi a eu le bénéfice de sensibiliser les vétérinaires à cette problématique et de réhabiliter les chiens de catégorie.

« Avant la mise en place de la loi, nous ne disposions d’aucune statistique sur les races de chiens mordeurs. Certes, aujourd’hui non plus, regrette notre consœur, quelques études existent néanmoins. »

Deux enquêtes effectuées par l’Institut de veille sanitaire (IVS) montrent que les morsures chez les enfants atteignent les tout-petits, qui ne reconnaissent pas les signes d’appel chez l’animal, ou les 5 à 9 ans, et que des adultes se font mordre. « Le nombre de victimes de morsures est sous-estimé, car souvent elles ne consultent pas ». Dans plus de 50 % des cas, il s’agit d’un chien de la famille, dans plus de 70 %, il est connu, et dans tous les cas, il est accompagné d’un adulte.

Les lois sur les chiens dangereux proviennent, dans les années 1990, de la motivation de mettre fin aux drames surmédiatisés de morsures et aussi à la mode des combats de chiens entre molosses tels les pitbulls. « Dans les banlieues, des personnes se servaient de ces animaux pour faire peur. » Dans le sillage d’autres pays européens, des lois ont vu le jour. « La loi de 1999 a fait l’effet d’une bombe dans le milieu vétérinaire, avec la création de deux catégories. » La création d’un observatoire des morsures n’a jamais vu le jour et un décret l’a annulé. « On ne saura jamais qui mord en France, déplore Catherine Mège. Ces évaluations ont soulevé des problématiques. La catégorisation étant fondée sur des critères morphologiques, elle était contestable, et elle a été contestée. Pouvions-nous affirmer, en nous postant à un centimètre du chien, s’il était ou non dangereux ? ». En outre, « on s’est très vite aperçu qu’une attitude extrémiste à décatégoriser n’était pas protectrice ».

La loi de 2008 a apporté les évaluations de chiens mordeurs, se heurtant à certains écueils tels que la minimisation des faits. « Le propriétaire n’étant pas toujours présent, la séquence de la morsure ne peut être décrite. » Le respect de la loi par les différents acteurs constitue un autre écueil : « Les mairies et les polices municipales ignorent souvent la loi et travaillent parfois au délit de faciès ou à la délation. Les médecins sont dans l’ignorance de leurs obligations, les propriétaires ne connaissent pas toujours la loi et s’y plient plus ou moins. Les vétérinaires sont souvent très bien informés, mais n’osent pas toujours déclarer les morsures. »

La conséquence de cette loi – qui visait une population déjà hors-la-loi – sur les combats de chiens est qu’on n’en entend plus parler. « L’impact sur les chiens de catégorie 1 a été négatif et les personnes se sont reportées sur d’autres races. » L’effet de cette loi sur la population a été « le rejet de ces grands chiens et une psychose ». Le bilan est en revanche plus tempéré sur un certain nombre de points. « La loi, si elle était appliquée, serait probablement efficace sur les morsures. » En outre, « une véritable sécurité passe d’abord par la prévention, l’éducation, les acteurs de la filière canine, etc. », poursuit Catherine Mège, et la pertinence des catégories est toujours remise en question. « Le bilan de la loi sur les chiens dangereux est plus que mitigé, les effets directs escomptés ont été limités et impossibles à évaluer. »

« 4 700 évaluations ont été saisies par les vétérinaires dans le fichier national. Le Bureau de la protection animale (BPA) établira le premier bilan de ces évaluations 2014 pour le présenter à l’été 2015, répond Jérôme Languille, chef du BPA de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Ces lois ne peuvent évoluer en l’absence d’arguments solides à présenter. Ce bilan des évaluations comportementales sera donc un des éléments importants pour faire évoluer la législation. »

Une relation harmonieuse entre l’homme et le chien

Une relation harmonieuse entre l’homme et le chien, c’est aussi une information sur les zoonoses, comme l’a montré Éric Gaguère, président de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). « Le vétérinaire a un rôle informatif et éducatif majeur à jouer auprès du propriétaire. » Il estime que la collaboration avec les professionnels de santé mérite d’être renforcée. « Les vétérinaires sont convaincus par le concept One Health, les médecins le sont moins. Il convient de redéfinir la place du chien auprès de la famille et des collectivités, et de reconstruire une relation harmonieuse ».

Un référent en antibiotiques

L’antibiorésistance est aussi un sujet dans lequel la profession est particulièrement impliquée et responsable. Jean-François Rousselot, vice-président de l’Afvac, détaille l’avancement des outils dont disposent les praticiens canins. « Les 47 fiches de recommandations sont quasiment toutes rédigées. Elles prennent en compte l’individu, mais aussi la grande diversité des espèces, la problématique de l’élevage et les infections nosocomiales. » La liste des antibiotiques critiques se fait attendre. « Le référent en antibiotiques, qu’il nous a été demandé de mettre en place, a un devoir d’information et de formation de ses confrères. Lien et appui technique pour les vétérinaires prescripteurs, il assurera également un lien avec les médecins et les hôpitaux, et avec les autorités administratives régionales. Il sera donc important. »

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