L’animal le plus dangereux pour l’homme ? - La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015

LE BILLET “ÉCOLO”

Entre nous

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Auteur(s) : Marc Vassart

Fonctions : (A 86)

En théorie et dans les manuels de plongée, certainement. Le poulpe à ocelles bleus contient suffisamment de venin pour tuer une trentaine d’humains adultes. Ce minuscule poulpe de 20 cm est considéré comme l’animal le plus venimeux de la planète, mais qu’en est-il vraiment ?

Ce céphalopode appartient au genre Hapalochlaena, dont seule l’espèce H. lunulata est identifiée dans les eaux tropicales. Il est recensé du nord de l’Australie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a une livrée brune semée d’ocelles bleus de 6 mm de diamètre chez l’adulte et sa teinte varie au gré des circonstances. Les envenimations répertoriées en Australie font suite, généralement, à la découverte d’un spécimen dans un trou d’eau du rivage et résultent de manipulations de l’animal.

Mais il convient de noter que la majorité des envenimations sévères ont lieu dans les eaux froides ou tempérées de Nouvelle-Galles du Sud, d’Australie-Méridionale ou d’Australie-Occidentale et ont été attribuées à des espèces voisines, H. maculosa ou H. fasciata. Le venin comprend deux toxines à tropisme neuromusculaire : la maculotoxine et l’hapalotoxine. La première, la plus puissante, ressemble à la tétrodotoxine. Elle bloque la transmission neuromusculaire, ce qui entraîne une paralysie flasque de la victime. Ces deux molécules sont thermostables et dénuées de propriétés anti­géniques. Le venin contient également de la hyaluronidase, de la tyramine, de l’histamine, de la trymptamine, de la dopamine, de l’octopamine, etc.

La morsure concerne le plus souvent la main, parfois le pied ou le tronc ; elle n’entraîne qu’une infime douleur. L’envenimation se traduit (dans les 10 min suivant la morsure) par une sensation de faiblesse et d’engourdissement débutant à la tête et au cou, accompagnée de picotements du pourtour des lèvres, de sécheresse de la bouche, de nausées, de perte de la motricité des jambes. Peuvent ensuite apparaître : vomissements, troubles de l’élocution, de la déglutition, de la vision associés à une gêne respiratoire évoluant vers l’asphyxie. L’évolution mortelle est rare : deux cas répertoriés en 50 ans. Il n’existe pas de sérum antivenimeux et l’utilisation d’antidotes (inhibiteurs de la cholinestérase) est encore expérimentale en Australie.

Retourner le bonnet des poulpes permet de neutraliser l’animal. C’est peut-être ce que font tous les gamins que l’on voit manipuler les poulpes aux Philippines.

  • Pour en savoir plus : Guide de la faune marine dangereuse d’Océanie de Claude Maillaud et Yves Lefèvre, éditions Au vent des îles.

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