Une étude américaine corrobore les données des autres pays - La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015

Mal-être dans la profession

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SOCIOPRO

Auteur(s) : Virginie Malvaso

Une étude1 portant sur la santé mentale et le suicide des vétérinaires américains a fait l’objet d’une publication récente. Notre consœur Virginie Malvaso, auteur d’une thèse sur ce sujet2, en livre une analyse.

Le Centre américain de prévention et de contrôle des maladies vient de publier les résultats d’une vaste étude qui a intéressé plus de 10 000 vétérinaires (dont 65 % de praticiens canins) issus de 49 États du pays. Ces praticiens ont reçu des e-mails mensuels les invitant à compléter un questionnaire portant sur la dépression et le comportement suicidaire, mis à leur disposition sur une plateforme communautaire vétérinaire pendant quatre mois. Les résultats de l’enquête sont présentés ci-dessous, puis commentés.

Les vétérinaires des États-Unis seraient plus sensibles aux troubles mentaux que la population générale du pays, avec un pourcentage de vétérinaires hommes atteints deux fois plus important que celui de la population générale et un pourcentage de praticiennes présentant des troubles mentaux deux à trois fois plus élevé que celui des femmes de la population générale..

Ces résultats sont cohérents avec ceux retrouvés dans les populations des autres pays3. Ces troubles mentaux apparaissent notamment sous la forme de stress affectant de façon modérée à très intense la majorité des praticiens vétérinaires. Ainsi, plus de 50 % des praticiens britanniques souffriraient d’un trouble anxieux. De nombreux facteurs de stress sont évoqués, parmi lesquels, par ordre d’importance moyenne, la surcharge de travail et les horaires pénibles, la relation avec le client et les rapports professionnels. Ils ne correspondent pas exactement à ceux évoqués dans l’étude américaine, mais s’en rapprochent. En effet, les facteurs de stress rapportés par les répondants américains étaient les exigences de la pratique vétérinaire, les responsabilités managériales, les erreurs médicales et les plain­tes des clients. Notons que le burn-out, qui se définit comme une expérience psychique négative liée à un stress émotionnel et chronique, est l’une des issues possibles de ce stress prolongé.

Un quart des vétérinaires américains de sexe masculin et plus d’un tiers de ceux de sexe féminin auraient été victimes d’épisodes dépressifs depuis leur diplôme. Cela représente plus d’une fois et demie la prévalence mesurée dans la population générale du même pays

Ces troubles dépressifs sont retrouvés chez les vétérinaires de différentes nationalités, notamment en Australie, Nouvelle-Zélande ou Grande-Bretagne4, où plus d’un vétérinaire sur dix avoue avoir traversé un épisode dépressif et que 4 à 16 % seraient encore victimes de troubles de l’humeur, tandis qu’ils seraient 1,6 % à consommer des antidépresseurs. Or ces phénomènes de stress et de dépression sont des facteurs de risque connus et majeurs du risque suicidaire5, ce qui explique les résultats évoqués ensuite dans l’étude

15 % des vétérinaires hommes et 19 % des vétérinaires femmes ont envisagé le suicide depuis qu’ils ont quitté l’école, ce qui représente trois fois la moyenne aux États-Unis.

Ces résultats rejoignent, cette fois encore, les autres études menées sur le sujet à l’étranger ayant recensé les idéations suicidaires ainsi que les tentatives de suicide chez les vétérinaires. Ces études montrent que 16 à 27 % des praticiens (hommes et femmes confondus) ont déjà envisagé de mettre fin à leurs jours, et qu’environ 30 % ont déjà été traversés par des idées suicidaires. Une étude révèle une prévalence quatre fois plus élevée de pensées suicidaires chez les vétérinaires par rapport à la population générale.

Le taux de tentatives de suicide dans la profession serait de 1 %, un chiffre en dessous de la moyenne nationale des États-Unis. Les auteurs expliquent ce chiffre en contradiction avec les données précédentes par un accès plus simple aux moyens létaux, d’où une proportion plus grande de suicides aboutis comparativement aux tentatives infructueuses, les seules dénombrées dans l’étude

Ces chiffres rejoignent de nouveau ceux des autres pays, où 0,5 à 2 % des praticiens vétérinaires ont reconnu avoir tenté de se suicider.

Il importe de signaler que les études évoquées dans cet article ont rarement été menées en France, où un néant de données chiffrées est à déplorer. Il est également intéressant de souligner que les praticiennes semblent plus affectées par ces troubles que leurs confrères. Ce résultat est bien sûr à pondérer par l’échantillonnage effectué mais pourrait faire l’objet d’une étude, compte tenu de la part grandissante des femmes dans la profession.

  • 1 Randall J. Nett et coll. Prevalence of risk factors for suicide among veterinarians, United States, 2014. Morbidity and Mortality Weekly Report, 13/2/2015;64(05):131-132.

  • 2 Le suicide dans la profession vétérinaire, étude, gestion et prévention. Thèse de doctorat vétérinaire (Lyon, 2013). Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1618 du 20/2/2015, page 18.

  • 3 Notamment une étude australienne (Fairnie H. Occupational injury, disease and stress in the veterinary profession, Curtin University of Technology, Perth, 2005) et anglo-saxonne (Bartram D. et coll. A cross-sectional study of mental health and well-being and their associations in the UK veterinary profession. Soc. Psychiat. Epidemiol. 2009;44(12):1075-1085).

  • 4 Études précédemment citées, ainsi que celle de Gardner D. et Hini D. Work-related stress in the veterinary profession in New Zealand, N. Z. Vet. J. 2006;54(3):119-124.

  • 5 Sareen J. et coll. Anxiety disorders and risk for suicidal ideation and suicide attempts, Arch. Gen. Psych. 2005;62(11):1249-1257.

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