Le statut de collaborateur libéral : pourquoi s’engager - La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015

Entreprise

Auteur(s) : Serge Trouillet

La collaboration libérale, encadrée par la loi depuis 2005, s’applique aux jeunes vétérinaires comme aux expérimentés, dont l’activité est appropriée. Avantages et inconvénients du statut.

Le statut de collaborateur libéral, mi-associé mi-salarié, peut s’avérer une excellente phase de transition avant de s’engager dans une association. Dès lors, bien sûr, qu’elle est choisie de manière bilatérale, et qu’elle est assortie d’un accord de principe et d’un horizon pour le mettre en œuvre. Au regard de la clientèle, ce statut est, par définition, égalitaire, sans relation hiérarchique par rapport aux associés. Certes, le collaborateur libéral n’a pas de fonction de management ou de gestion au sein du cabinet ou de la clinique, mais il participe aux décisions stratégiques (protocoles de soins, services, etc.). En cela, son statut est utile pour se préparer aux responsabilités d’un associé.

« J’ai vécu ce passage vers l’association de manière très positive », témoigne Géraldine Ballade-Chaput (T 01), praticienne canine aujourd’hui associée à Marseille, qui se souvient d’une collaboration libérale selon le principe d’autonomie parfaitement respecté dans ses faits et gestes : « J’ai choisi ce statut dans cette optique. C’était intéressant pour les deux parties. Ma motivation était liée à une rémunération établie au pourcentage de mon chiffre d’affaires, mais peut-être surtout à la liberté de faire parfois fi des horaires classiques pour les adapter à mes besoins. Avec cette souplesse d’organisation, j’étais davantage dans le choisi que dans le subi. »

UN STATUT CHOISI

L’attente est parfois longue. L’évolution de l’activité de la structure peut apparaître en retrait, au regard des prévisions sur lesquelles était fondée la perspective de l’association; d’autres considérations peuvent également interférer dans la décision des titulaires, au risque de voir l’espoir se muer en frustration. « Après avoir connu le statut de salariat, j’ai opté volontairement pour celui de collaboratrice libérale, lors d’un changement de structure, en vue d’une association », raconte Hélène Marchand, praticienne mixte à Villers-Cotterêts (Aisne). « Je crois avoir foncièrement l’esprit libéral. Plusieurs événements ont certes retardé la proposition d’association, mais je me suis engagée dans cette voie il y a maintenant plus de cinq ans ! Les inconvénients de la collaboration, notamment sur le plan financier lorsque l’on n’est pas nécessairement une gestionnaire patentée, finissent par faire resurgir l’idée d’un retour au salariat », reconnaît -elle.

La difficulté consiste à ne pas lâcher la proie pour l’ombre. La précarité du statut se dessine clairement. La liberté mise en avant pour le collaborateur libéral n’a de réalité qu’au sein du cadre dans lequel elle s’exerce. Or ce cadre a pour limite le préavis d’un mois que les associés d’un cabinet peuvent lui imposer, sans justification. « Ce n’est pas un statut que je conseille à une jeune femme qui commence à travailler, en raison de cette précarité qui lui est inhérente et de la faiblesse de la couverture sociale », lâche Anne Champel (A 96), praticienne mixte et ostéopathe dans le Cantal, elle-même collaboratrice libérale dont l’activité singulière est mieux appropriée, selon elle, à ce type de statut.

LA SINGULARITÉ

La spécificité demeure aujourd’hui, sans conteste, l’orientation préférée des collaborateurs libéraux. Une fois celle-ci acquise, certains praticiens sortent de leur statut de salarié pour la développer en restant dans leur structure. Ainsi Claude-Marie Cazaubon (T 02), praticienne mixte à Tardets-Sorholus (Pyrénées-Atlantiques) : « J’ai obtenu le diplôme d’ostéopathie de l’école vétérinaire de Nantes, et la collaboration libérale me permet d’avoir aujourd’hui deux clientèles. Je suis ostéopathe en mon nom avec ma clientèle personnelle et prestataire de services dans le cabinet où j’exerce depuis 2004 comme vétérinaire classique. Ce statut est une chance pour moi, mais aussi pour l’entreprise à laquelle j’apporte une compétence qu’elle n’avait pas, ainsi que de la clientèle. »

Véronique Guionnet s’est également engagée dans cette dé­mar­che le jour où, stoppant son activité de canine, elle s’est exclusivement consacrée aux nouveaux animaux de compagnie (NAC) : « Cette pratique, en électron libre dans la structure, et la liberté dont je jouis en son sein me permettent de travailler ainsi. Je dispose même aujourd’hui de mes propres locaux, après un agrandissement de la clinique. En réalité, je me contente de faire strictement mon métier de vétérinaire. » Son activité se développe : lapins, furets, cochons d’Inde, etc. La dernière mode, ce sont les poules : « Beaucoup de gens commencent à en élever une ou deux dans leur jardin pour avoir quelques œufs. J’en soigne dorénavant tous les jours. »

LE CUMUL EMPLOI-RETRAITE

La collaboration libérale a donc particulièrement son intérêt dès lors qu’elle est décidée sans contrainte par les deux parties, qu’elle porte sur une activité complémentaire à celle de la structure et que les relations entre tous sont harmonieuses. Le coût, pour l’accès aux bâtiments, au matériel et au personnel de la clinique dans laquelle le collaborateur libéral assure son activité, en est généralement la rétrocession d’un pourcentage de son chiffre d’affaires. Pierre Chêne (L 87), praticien ostéopathe à Montjoie-en-Couserans (Ariège), a même opté pour ce statut afin « de laisser tranquilles » ses anciens associés, considérant qu’il « n’avait plus besoin d’intervenir dans des décisions qui ne le concernaient plus directement dans la gestion de la clinique au quotidien ».

La collaboration libérale s’est aussi imposée à Bernard Brossard (L 71), lorsqu’il a vendu sa clientèle à une consœur, à Bourges (Cher). Afin qu’elle la conserve entièrement, il poursuit depuis deux ans ses consultations et ses interventions chirurgicales en ophtalmologie seulement, le temps pour elle d’obtenir les diplômes et certificats nécessaires en la matière : « Pour des raisons fiscales, je ne pouvais que choisir ce statut. Compte tenu de mon activité très partielle et des charges dont il faut que je m’acquitte, le bénéfice est nul à la fin de l’année. Je cotise même pour la caisse de retraite, quasiment sans accumuler de point supplémentaire pour la mienne. » Pas rentable donc, mais c’est pour la bonne cause et cela permet à Bernard Brossard un départ à la retraite en douceur. Un mot qui ne reflète pas toujours la réalité de la collaboration libérale.

Si le statut de collaborateur est préféré par certains chefs d’entreprise qui estiment le salariat non compatible avec la profession, il n’est pas toujours proposé sans arrière-pensées. Selon Anne Champel, la tentation de rogner sur l’indépendance du collaborateur libéral est forte : « L’inexpérience, l’envie d’apprendre et de bien faire d’une jeune vétérinaire, conjuguées au respect de ce bienfaiteur qui lui ouvre les portes du métier, vont lui faire oublier les avantages factices du statut de collaboratrice libérale pour l’entraîner malgré elle dans une situation de subordination qui ne dit pas son nom ! »

LA COLLABORATION LIBÉRALE

Le statut de collaborateur libéral est encadré par la loi (loi n° 2005-882 du 2 août 2005) pour les professions libérales.

Le praticien met à la disposition du vétérinaire collaborateur libéral ses locaux, les moyens nécessaires à l’exercice de la profession et la clientèle, en échange d’une redevance. La rémunération du collaborateur libéral est un pourcentage du chiffre d’affaires (mensuel, annuel, global, par jour travaillé, hors prescriptions, hors ventes de médicaments, etc.). Elle peut être réévaluée ou non.

La thèse (2011) de Florence Thierry, qui a dressé un premier bilan de ce statut dans la profession vétérinaire, pointe les inconvénients pour le titulaire, tels que la gestion difficile des collaborateurs libéraux et le risque de concurrence, ainsi que les avantages, tels que la motivation au chiffre d’affaires et la flexibilité des horaires. Pour le collaborateur, les points forts sont, entre autres, l’autonomie et l’initiation au métier de libéral, et les points faibles, la précarité du statut et la variabilité de la rémunération.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr