L’ours polaire en question

Le plus grand carnivore de l’Arctique est aujourd’hui l’emblème des dangers inhérents au réchauffement climatique, deux fois plus importants dans cette zone que partout ailleurs. Si tout le monde s’accorde sur la dépendance du prédateur à la banquise de mer (son principal terrain de chasse) comme sur le recul impressionnant de celle-ci, la menace sur l’espèce qu’il serait facile d’en inférer ne fait pas encore l’unanimité. Bien que les biologistes estiment qu’en 2050, la démographie des ours polaires (25 000 actuellement) pourrait être divisée par cinq, les communautés autochtones, de plus en plus confrontées à leur voisinage, n’en sont pas convaincues. Sur les 19 populations distinctes d’ours blancs réparties entre le Canada, les États-Unis, le Groenland, la Norvège et la Russie, nous savons que quatre sont menacées d’extinction, cinq sont stables et une seule est en augmentation. Nous ignorons tout des neuf autres. D’où l’enjeu de recueillir davantage de données sur les transformations écologiques en cours pour mieux évaluer à la fois la situation réelle de l’espèce et sa capacité d’adaptation à une vie sans banquise. Les réponses faisant encore défaut, ce documentaire d’Arte montre des biologistes et climatologues allemands en observation sur le terrain (en Alaska, au Canada ou au Spitzberg), ainsi que le généticien Axel Janke, dont l’équipe a mis en évidence en 2012 que la spéciation d’Ursus maritimus était beaucoup plus ancienne que ce que nous pensions : 600 000 ans.

L’ours polaire, une espèce menacée ? d’Anja-Brenda Kindler, Christopher Gerisch et Tanja Dammertz, 52 min, diffusions le 3 avril à 22 h 25 et le 4 avril à 14 h 15 sur Arte.