CERCA ET CRECS : CRÉER DE LA VIE ET DU RÉSEAU - La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015

Reportage

Auteur(s) : Frédéric Decante

De la réflexion à la pratique, les vétérinaires de deux centres spécialisés en reproduction des carnivores domestiques, l’un public, en région parisienne, et l’autre privé, dans le sud-ouest de la France, font partager leur univers.

Seuls quelques pôles de compétence en matière de reproduction canine se partagent le territoire français. Parmi eux, les quatre écoles vétérinaires, bien sûr, et une structure privée très engagée dans la reproduction des carnivores domestiques à L’Isle-Jourdain (Gers), chez nos confrè­res Philippe Mimouni (T 83) et Xavier Lévy (A 03). Bien qu’il n’ait pas de banque de semence, le centre hospitalier vétérinaire Atlantia de Nantes propose des consultations de reproduction avec possibilité d’insémination provenant des banques de semence françaises ou d’un autre pays. « De l’autre côté de l’Atlantique, le grand public américain est très fortement sensibilisé par tout ce qui touche l’abandon et l’adoption, témoigne Cindy Maenhoudt, chargée de consultation au Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva) et, plus précisément, pour le Centre d’étude en reproduction des carnivores (Cerca). Première conséquence directe : les éleveurs américains ont un peu une mauvaise réputation et subissent une forme de concurrence face à la multitude de chiens à adopter. Seconde conséquence : la communication se fait beaucoup à travers les réseaux sociaux et les interactions entre vétérinaires spécialisés et éleveurs. En Europe, la situation est différente… »

Un monde trop peu encadré

Concernant la France, Xavier Lévy, diplomate européen de l’European College of Animal Reproduction, exerçant en libéral à L’Isle-Jourdain, regrette que le réseau de vétérinaires spécialisés en reproduction canine soit si peu étoffé. Pour lui, un nombre insuffisant de praticiens y dédient leur activité. Un maillage territorial avec un réseau de compétences en reproduction clairement identifié permettrait aux éleveurs d’éviter d’évoluer sans contrôle médical : « Malheureusement, les conseils les plus écoutés restent ce qui se dit sur les forums internet. Et il ne s’y dit pas que des bêtises ! On se rend compte que le niveau technique de ces forums est loin d’être ridicule, même si le solidement étayé côtoie l’ineptie sans possibilité de hiérarchie. Mais une chose est sûre : le vétérinaire est trop absent de cet univers. Des éleveurs inséminent beaucoup trop souvent eux-mêmes par voie vaginale et non intra-utérine, à un moment imprécis du cycle sexuel ce qui signifie une perte de chance de réussite en matière de reproduction. »

Questionnés sur l’origine de leurs clientèles, nos confrères, qu’ils soient associés aux services de consultation d’une école vétérinaire ou qu’ils exercent en libéral, sont unanimes pour regretter la proportion trop faible de cas référés. Le plus souvent, les propriétaires et éleveurs arrivent dans ces services spécialisés par le bouche à oreille du monde de l’élevage, car ils sont très pré­sents sur les réseaux sociaux et se croisent dans les expositions.

Les voir faire 300 à 400 km pour se rendre à une consultation n’est pas rare. L’absence de concertation locale avec le vétérinaire traitant complique la tâche des centres de reproduction : « L’éleveur a pris lui-même la décision de venir nous voir en faisant de longs déplacements. Il a un sentiment de porte-à-faux, explique Xavier Lévy, aujourd’hui président du Groupe d’étude en reproduction, élevage et sélection des carnivores domestiques (Geres) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). Quand nous le renvoyons chez son vétérinaire, nous constatons toujours une posture de réserve de la part de l’éleveur qui regrette souvent que le praticien ne lui ait pas indiqué directement un parcours d’accompagnement. Les choses seraient plus simples à gérer si les propriétaires nous étaient adressés par le biais de leur vétérinaire. » D’où la volonté de multiplier les formations s’adressant le plus largement possible aux praticiens. Toutefois, elles sont à double tranchant, car elles génèrent parfois plus de deman­des de conseils par mail que d’effets sur l’organisation d’un véritable réseau de compétences.

Un réseau international opérationnel

Par définition et à travers les quatre banques de sperme canin en France, ce réseau de confrères est très ouvert sur l’étranger. En effet, la qualité tant sanitaire que zootechnique de l’échange de paillettes suppose que les différents centres de reproduction sachent travailler ensemble, en important ou en exportant la semence. La filière professorale prend part aux avancées. Alain Fontbonne (N 85) a joué un rôle important dans la création du Cerca, mais aussi du Centre d’étude et recherche en reproduction et élevage canin (Cerrec) de Lyon, placé aujour­d’hui sous la responsabilité de Samuel Buff. Cette dynamique passe par des échanges réguliers entre les responsables et surtout le résidanat des futurs spécialistes.

De manière plus originale, Philippe Mimouni, du Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest (Crecs), a développé une compétence ancienne et unanimement reconnue d’éleveur de pointer. Des deux côtés de la problématique de l’élevage, il comprend les besoins, s’intéresse au sujet. Son nom a rapidement circulé dans le milieu canin, ce qui l’a conduit à se spécialiser, tout aussi vite, dans la reproduction. À tel point que son travail de généraliste n’a plus représenté qu’un faible pourcentage de son activité, rendant son cabinet vétérinaire unique en son genre. Il deviendra un temps président du Geres de l’Afvac, parallèlement à son implication auprès de la Société centrale canine (SCC). La structure de Philippe Mimouni et de son associé Xavier Lévy reste le seul établissement privé dédié à la reproduction canine comprenant la gestion d’une banque de semence. Le Crecs est cependant séparé du cabinet vétérinaire proprement dit. « Cette activité comporte des risques et des aléas, précise Xavier Lévy. Certaines doses que nous conservons peuvent valoir jusqu’à 4 000 €, avec des coûts de stockage élevés. Nous devons établir des procédures de sécurisation importantes, au point que seuls les deux vétérinaires pénètrent dans le local. Le travail administratif autour de cette banque de semence est lourd. Tout cet environnement rend cette activité juste rentable, bien qu’à haut risque. Du coup, nous souhaitons vraiment la séparer du reste pour ne pas transférer cette prise de risque sur la clinique vétérinaire. »

Pour les propriétaires et éleveurs, un vrai maillage territorial reste primordial. Interrogé sur le site de Maisons-Alfort, un propriétaire de dogue allemand, habitant entre Limoges et Châteauroux, témoi­gne de sa fidélité à Alain Fontbonne depuis 1989 : « Je préfère effectuer 350 km pour faire inséminer mes chiennes plutôt que de me rendre en Espagne ou au Portugal pour trouver le mâle géniteur! ». Comme quoi ce type de reproduction n’est pas toujours antinomique de fidélité !

Quatre banques de sperme de carnivores domestiques en France

> Centre d’étude en reproduction des carnivores (Cerca), 7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704 Maisons-Alfort, 01 43 96 71 75, cerca@vet-alfort.fr

> Centre d’insémination artificielle canine (Ciac), route de Gachet, Atlanpôle, La Chantrerie, CS 40706, 44307 Nantes Cedex 03.

> Centre d’étude et recherche en reproduction et élevage canin (Cerrec), 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy-l’Étoile, 04 78 87 25 35, cerrec@vet-Lyon.fr

> Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest (Crecs), 58, boulevard des Poumadères, 32600 L’Isle-Jourdain, 05 62 07 15 40.

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