30 % des internautes mangent moins de viande qu’avant

À la suite des récents scandales sanitaires et autres malversations frauduleuses exposées au grand jour, ou en raison du statut d’être sensible de l’animal, près de trois personnes sur dix qui ont répondu à notre sondage en ligne déclarent avoir réduit leur consommation de viande. La cause animale est majoritairement citée, même si des internautes évoquent d’autres motifs pour expliquer leur décision : « J’en mange moins qu’avant car je milite pour la diminution des gaz à effet de serre issus de l’élevage » ou « car je suis convaincu qu’une alimentation moins carnée sera bénéfique pour ma santé ». Plusieurs encore mentionnent la baisse de qualité des produits carnés, en raison notamment « des systèmes de plus en plus productivistes et affairistes ».

Quant aux autres confrères et consœurs sondés, ils sont près de 65 % à en manger autant, voire plus qu’avant.

Rappelons qu’en France, l’industrie de la viande a connu un essor fulgurant depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la population est passée de 40 millions d’habitants à près de 70 millions aujourd’hui, la quantité de viande consommée par personne a presque doublé entre 1950 et 1980, grimpant de 50 à près de 100 kg par an. Elle a, depuis, légèrement régressé, mais avoisine toujours les 90 kg par personne et par an, alors que les végétariens plafonnent à 2 % de la population. Les Français restent donc des consommateurs significatifs de viande.

Il semblerait que les scandales tels que celui, en 2013, des lasagnes « pur bœuf » à la viande de cheval n’aient qu’un impact à court terme. Plusieurs spécialistes évoquent cet aspect dans les colonnes du Figaro en 2013, après l’affaire du fameux “horsegate”. « Chaque crise a provoqué un effondrement de la consommation des produits incriminés de façon temporaire, explique Cécile Guillot, spécialiste de la consommation chez FranceAgriMer. Au bout d’un an, au maximum, la consommation d’un produit mis en cause retrouve son niveau antérieur. »

Un an, c’est le temps qu’il aura fallu, par exemple pour que la consommation de viande de bœuf retrouve son niveau d’avant la deuxième crise de la “vache folle”, au début des années 2000. Elle avait pourtant chuté de 30 %. Idem pour les achats de viande de mouton ou de bœuf, après l’épizootie de la fièvre aphteuse en 2001. « Et l’impact est encore plus limité s’agissant de crises ponctuelles touchant une ou plusieurs marques – comme les steaks hachés contaminés par la bactérie E. coli vendus chez Lidl en 2011 – plutôt que l’ensemble d’une filière. »

Cécile Guillot ajoute que « si la consommation de viande a légèrement commencé à baisser dès les années 1980, cette évolution s’explique surtout par la modification des modes de vie. La viande pâtit de la simplification des repas, du fait également que les jeunes générations ne savent plus la cuisiner, du discours nutritionnel sur les matières grasses qu’elle contient, mais aussi de son prix élevé… ». Pascale Hébel, directrice du département consommation du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), précise pour sa part : « Depuis 2008 et la survenue de la crise économique, le budget alimentation des Français diminue. Ils doivent désormais jongler avec une contrainte supplémentaire, la contrainte économique, qui relègue à l’arrière-plan les inquiétudes sanitaires. »