Que vous inspire la révision de la législation européenne sur le médicament vétérinaire ? - La Semaine Vétérinaire n° 1622 du 20/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1622 du 20/03/2015

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : Serge Trouillet

La vente en ligne sans contrôle serait un non-sens

Guy Pouliquen, praticien mixte à Quintin (Côtes-d’Armor).

Pouvoir se fournir en médicament dans toute l’Europe me semble intéressant. Cela permettra d’obtenir des prix moyens équivalents, comparativement aux différences actuelles observées avec des pays comme l’Espagne. Nos centrales d’achat iront s’approvisionner là où c’est le moins cher et les laboratoires ne pourront faire autrement que de proposer des prix homogènes un peu partout. Mais cela ne suffira pas si la vente en ligne des médicaments n’est pas contrôlée. Celle-ci favorise, en effet, les pratiques des affairistes qui, avec des ordonnances “de complaisance”, sont en mesure d’inonder le marché aux dépens des vétérinaires. En pratique rurale, les cabinets pourraient être conduits à tout simplement disparaître. Quant à l’utilisation anarchique des spécialités, elle ne pourrait que desservir l’agriculture française et constituer un problème de santé publique. La délivrance des médicaments est un acte trop sérieux pour être confié à n’importe qui. À cet égard, je suis d’accord avec l’interdiction de l’usage prophylactique des antibiotiques ou des aliments médicamenteux. Quant au découplage, l’Union européenne n’y semble pas favorable. Chaque pays, en vertu du principe de subsidiarité, pourra le décider, ce qui ne semble pas être l’orientation actuelle en France.

La réalité du terrain doit guider la réglementation

Brigitte Perrotte, praticienne canine à Dieppe (Seine-Maritime).

La vente des médicaments vétérinaires a moins d’impact sur l’activité des praticiens canins que sur celle des confrères qui exercent en rurale. Pour autant, nous tenons à notre pharmacie. Tout d’abord parce que nous ne nous faisons pas à l’idée d’une perte du contrôle de l’utilisation du médicament en général, et pas seulement des antibiotiques. À cet égard, nous sommes préoccupés de constater combien la vente en ligne de médicaments en médecine humaine est déjà une source de dérapages inquiétants. Ensuite, la baisse des revenus qui en résulterait déstabiliserait nos structures. La plupart des médicaments d’hygiène courante en pratique équine sont vendus en ligne. En canine, nos clients ne se rendent pas encore sur Internet pour acheter leurs vermifuges, mais ils commencent à le faire pour les produits antiparasitaires externes. La réglementation sur l’utilisation des antibiotiques nous alarme également. Certaines recommandations nous semblent difficiles à mettre en œuvre, comme celle qui consiste à interdire leur emploi lors de stérilisation de convenance. Que se passera-t-il lorsqu’un chien ou un chat nous sera présenté avec 40 °C de fièvre ? Il ne faut pas prescrire d’antibiotiques tant que l’agent bactérien en cause n’est pas identifié avec certitude : c’est la théorie, mais, dans la pratique, si l’on s’en tient à cette recommandation, la situation peut se compliquer. La réalité du terrain doit guider la réglementation.

Repenser la relation entre le vétérinaire et l’éleveur

Thierry Peeters, gérant des structures Hospitavet, Technivet et Promovet à Givet (Ardennes).

La révision de la législation européenne sur les médicaments vétérinaires ne m’inquiète pas dans le sens où je ne fais pas mystère de ce que je pense de leur délivrance par les praticiens. Ma vision de l’évolution de notre métier, à cet égard, est simple : le vétérinaire prescrit et le pharmacien délivre, ou l’éleveur s’approvisionne en ligne, peu importe dès lors que sa pharmacie est strictement contrôlée par les services vétérinaires. Ces derniers vérifieront que toute obtention de médicament résulte d’un acte pratiqué par un praticien, et nul autre, lequel aura fait l’objet d’une facturation non factice, même à distance. Cela suppose de repenser la relation entre le vétérinaire et son client. L’un et l’autre devront passer un contrat ensemble sur la base de visites régulières de l’élevage, de leur cogestion de la pharmacie de l’éleveur et d’un diagnostic facturé pour chaque prescription de produits non dérogatoires (antibiotiques et anti-inflammatoires). L’impact sur la santé publique est trop lourd pour prendre le risque de voir notre profession suspectée d’un manque d’indépendance lors de la prescription. De nouvelles dispositions doivent permettre un retour du vétérinaire dans l’élevage en tant que responsable de l’aspect sanitaire. En pratique canine, dans la mesure où cet impact est moindre, la délivrance sera préservée, dans la limite d’une surveillance de l’utilisation des antibiotiques.

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