Dernières nouvelles du pôle Nord

La Norvège va cesser de subventionner la chasse au phoque, une décision qui pourrait sonner le glas de cette activité controversée. Jusqu’alors, le royaume la subventionnait à hauteur de 1,3 million d’euros par an. Une somme qui représente jusqu’à 80 % des revenus des professionnels.

Les spécialistes de l’Arctique, qui se sont réunis en décembre à Ottawa (Canada) pour la conférence Arctic Change 2014, ne sont pas optimistes. La fonte du pergélisol menace de libérer massivement dans l’atmosphère du méthane et du mercure. Dans la mer et dans les sédiments de l’archipel arctique canadien, mercure et méthylmercure sont à des niveaux toujours plus élevés.

Par contre, une diminution des biphényles polychlorés (BCP) et des insecticides (comme le dichloro-diphényl-trichloroéthane ou DDT) est constatée chez l’ours polaire, mais les polluants organiques persistants (POP) historiques, très résistants, ainsi que le mercure et les retardateurs de flamme restent un problème pour cette espèce, ainsi que pour les oiseaux marins. Chez les mouettes tridactyles, par exemple, ces polluants affectent le système endocrinien, rendant les animaux plus sensibles au stress, et perturbant le processus de reproduction.

Au Groenland également, des retardateurs de flamme et des paraffines chlorées à chaîne courte sont détectés dans les tissus adipeux de l’ours polaire et du phoque annelé. Le béluga aurait plus de chance : les baleines blanches adultes de la mer de Beaufort, gravement contaminées au mercure dans les années 1990, en ont nettement moins dans leur foie depuis 2002.

Indépendamment de ces problèmes de pollution, l’ours polaire pourrait disparaître d’ici 2100 à cause de la fonte de la banquise (revue PLOS One du 27 octobre).

En attendant, la chasse aux matières premières du Grand Nord est ouverte.

Les États riverains de l’océan glacial Arctique (Canada, Danemark, États-Unis, Norvège et Russie) lorgnent tous sur les importants gisements d’hydrocarbures. Selon une étude américaine de 2008, 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non découverts de la planète se trouvent dans le sous-sol du Grand Nord.

La pose en 2007 d’un drapeau russe à la verticale du pôle Nord avait provoqué des crispations côté canadien, Ottawa et Moscou se disputant la souveraineté de la zone. Mais les pays jouent le jeu de la légalité : après la Russie en 2001, le Canada a présenté, en décembre 2013, ses prétentions territoriales devant la commission des Nations Unies. En Norvège, le ministère du pétrole a autorisé, mardi 20 janvier, la prospection de 57 zones situées en majeure partie dans les eaux les plus septentrionales de la mer de Barents.

Le Danemark n’est pas en reste : il s’apprête à revendiquer la souveraineté d’un territoire de quelque 895 000 km² dans l’océan autour du pôle Nord, arguant que le plateau continental au nord du Groenland y est relié.