Les praticiennes rurales au fil des générations - La Semaine Vétérinaire n° 1620 du 06/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1620 du 06/03/2015

Dossier

Auteur(s) : Lorenza Richard

Longtemps réputée masculine, la pratique rurale se féminise. Qu’est-ce qui incite les consœurs à intégrer ce milieu, pourtant négligé actuellement par les jeunes confrères ? Comment leur exercice a-t-il évolué au cours du temps Comment vivent-elles leur accueil par les confrères et les éleveurs Comment envisagent-elles l’avenir de la rurale ? Les consœurs issues de cinq générations partagent leur parcours et leur expérience.

L’image stéréotypée d’une activité rurale aux contraintes physiques et horaires, avec des gardes et des déplacements peu compatibles avec la vie familiale, semble peu attractive pour les consœurs. Toutefois, la pratique séduit également de moins en moins d’hommes, les jeunes générations paraissant davantage intéressées par la canine ou une spécialisation en chirurgie ou en imagerie médicale, par exemple. Ainsi, le solde des vétérinaires qui déclarent une compétence en animaux de rente se dégrade chaque année. En 2013, les animaux de rente perdent 61 confrères, avec 169 praticiens sortants versus 108 qui déclarent débuter cette activité (– 22 en 2012). Cependant, parmi les nouveaux praticiens ruraux, le nombre de consœurs est supérieur : 56 femmes pour 52 hommes.

La relation particulièrement intéressante avec l’éleveur, une certaine liberté de mouvement, et une pratique qui s’oriente de plus en plus vers la recherche d’un diagnostic systématique, aussi bien au niveau individuel qu’en termes de gestion du troupeau, sont notamment évoquées par les consœurs comme des avantages spécifiques du travail à la campagne. Aucun obstacle physique ne semble insurmontable, contrairement à l’idée reçue. Au 31 décembre 2013, les femmes représentent 71,2 % des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des vétérinaires1, et 45,2 % des 17 429 inscrits totaux (+ 1,2 % par rapport à 2012). 16,32 % d’entre elles exercent en rurale, mixte en particulier (seules 21 consœurs se déclarent praticiennes en rurale pure dans l’annuaire Roy), versus 36,05 % des confrères. Toutefois, la tendance est à la hausse du nombre de femmes.

DES RÉTICENCES CHEZ LES CONFRÈRES

Les consœurs sorties de l’école dans les années 1960 ont dû se faire accepter, doucement mais sûrement, à la fois par les confrères et les éleveurs dans un monde exclusivement masculin. Puis, au fil du temps, les témoignages révèlent une amélioration flagrante de l’accueil en rurale. L’évolution des mentalités semble plus rapide du côté des éleveurs, où les remarques machistes sont devenues anecdotiques en même temps que la profession s’est féminisée (inséminatrices, techniciennes agricoles, chefs d’exploitation, etc.).

En revanche, les confrères paraissent plus décourageants, au cours des stages effectués pendant les études ou des premières expériences de terrain. Certains d’entre eux semblent avoir encore du mal à envisager de s’associer avec des femmes, et soulignent plus les difficultés que les avantages de leur pratique. Ils finissent par faire douter de leurs capacités des consœurs qui entrent à l’école en espérant s’orienter vers les animaux de rente ou qui sont issues du monde agricole et ne se sont jamais posé la question concernant leur légitimité à exercer en rurale. Ce sont les modèles des praticiennes déjà en place qui sont alors suivis et convaincants. Ils redonnent confiance en un exercice rural accessible aux femmes.

Et dans une équipe à l’esprit ouvert qui les forme en tant que praticiens à part entière, les consœurs sont actuellement bien plus décomplexées que leurs aînées. Leur intégration à ce milieu est ainsi de plus en plus « normale ». Malgré les réticences de quelques confrères, le temps où les consœurs devaient se battre contre les préjugés et faire leurs preuves en tant que femmes davantage qu’en tant que simples débutants est voué à disparaître.

À l’avenir, l’activité d’audit et de conseil pourrait paraître plus adaptée à la féminisation de la profession. Néanmoins, certains actes techniques, parfois physiques, restent incontournables pour les consœurs, de même que l’établissement de diagnostics de qualité, à l’échelle du troupeau comme au niveau individuel. Un aménagement des horaires pourrait être envisagé afin de concilier le travail et la vie personnelle, pour les femmes comme pour les hommes, mais cette organisation est à mettre en place au sein des cliniques. Le futur s’ouvre aux consœurs, qui peuvent assurer la relève sans a priori. Celles qui hésitent ne doivent pas en douter : la pratique rurale leur tend les bras.

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