Traitement d’une fracture du tibia chez un chinchilla - La Semaine Vétérinaire n° 1619 du 27/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1619 du 27/02/2015

Formation

NAC

Auteur(s) : Samuel Sauvaget

Fonctions : praticien à Marseille
(Bouches-du-Rhône).

CAS CLINIQUE

Examen

Un chinchilla femelle de 4 mois, pesant 350 g, est présenté pour une suppression d’appui du membre postérieur droit depuis 48 heures. L’extrémité de celui-ci est mobile, mais la palpation met en évidence une fracture du tibia. Le reste de l’examen clinique est normal. L’appétit et le transit sont conservés. La radiographie sous sédation confirme la fracture, qui est médiodiaphysaire et transverse.

Traitement

En raison de la petite taille de l’animal et de la finesse des corticales, la pose d’une plaque n’est pas envisageable. Un enclouage centromédullaire, accompagné d’un fixateur externe indispensable pour empêcher la rotation, est en revanche indiqué. L’animal est prémédiqué (0,5 mg/kg de midazolam, 0,1 mg/kg de buprénorphine par voie sous-cutanée), puis induit au sévoflurane et intubé sous contrôle endoscopique (sonde de 1 mm sans ballonnet). La préparation chirurgicale est classique. Le chinchilla est placé sur un tapis chauffant. Le foyer de fracture est abordé par voie médiale. Une broche (1,8 mm de diamètre) est insérée dans l’about osseux proximal et poussé par voie rétrograde de façon à ressortir par le plateau tibial où elle est tirée jusqu’à affleurer le foyer de fracture. Cette dernière est réduite et la broche repoussée dans l’about osseux distal. La plaie chirurgicale est suturée. Deux broches (1,25 mm de diamètre) sont implantées parallèlement et de part et d’autre du foyer de fracture. Elles sont reliées médialement et latéralement par deux corps de seringue à tuberculine. Une résine dentaire à prise rapide permet de combler les corps de seringue et de rigidifier le montage, qui est protégé par un pansement léger.

La radiographie postopératoire révèle que la broche aurait pu être ancrée plus loin dans le fût osseux distal, mais le comble entièrement. La présence d’une bulle d’air dans la résine du corps de seringue médial n’altère pas la rigidité du montage. L’animal est réveillé en couveuse.

Suivi

Le chinchilla est hospitalisé pendant 48 heures pour gérer l’analgésie, le transit et l’appétit. Le retour chez le propriétaire est assorti de consignes de repos strict. Les déplacements verticaux sont interdits pendant 6 semaines. À l’issue de cette période, le chinchilla se déplace normalement. Le fixateur externe est alors retiré sous sédation. La radiographie réalisée après le retrait du fixateur montre que la broche ne dépasse quasiment plus du plateau tibial, en raison de la croissance rapide de l’os. Elle est laissée en place car elle ne gêne pas l’animal. Un contrôle téléphonique quelques semaines après révèle que le chinchilla a retrouvé une mobilité normale.

DISCUSSION

Les fractures chez les petits mammifères sont généralement moins fréquentes que chez les carnivores domestiques, car les risques d’accident classique (voie publique ou chute de plusieurs étages) sont généralement limités. En revanche, des accidents de contention (chute des mains d’un enfant) ou des traumatismes dans la cage sont possibles. Les principes de la chirurgie orthopédique sont évidemment à respecter, mais toutes les techniques ne sont pas toujours accessibles, notamment lorsqu’il s’agit de petits animaux. Dans le cas présenté, la pose d’une plaque, même si elle est théoriquement envisageable, se révèle impossible en raison de la taille des os et des corticales de ce chinchilla. La mise en place d’une broche et d’un fixateur externe représente alors une bonne solution alternative. Il convient de s’adapter en réalisant un montage léger avec, par exemple, des corps de seringue et de la résine, dont la rigidité est suffisante, à la place des coapteurs habituels. La maîtrise de l’activité postopératoire est essentielle. Le propriétaire doit être prévenu de l’importance du repos strict et mis en garde concernant les manipulations excessives de son animal. Ces espèces sont parfois sujettes à des réactions de défense et de fuite susceptibles de conduire au bris du matériel de fixation, de mauvais pronostic.

Concernant la technique d’enclouage à foyer ouvert, elle est préférée à celle à foyer fermé en raison de la petite taille et de la finesse de l’os. Un enclouage direct à foyer fermé est envisageable, mais peut se révéler compliqué. L’incision en regard de la fracture permet de visualiser et de faire passer facilement la broche dans le fût osseux distal.

Ce cas illustre une solution alternative aux amputations ou aux systèmes de contention externe, imparfaits.

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