Salmonelloses aviaires : aspects cliniques et lésionnels - La Semaine Vétérinaire n° 1619 du 27/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1619 du 27/02/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Karim Adjou

Les salmonelloses aviaires sont des zoonoses responsables de toxi-infections alimentaires collectives (Tiac) chez l’homme. La majorité des contaminations par les salmonelles s’effectuent via les œufs (à la coque notamment, car ils sont insuffisamment cuits) et les ovoproduits.

Les salmonelloses représentent un réel problème de santé publique. Il y a quelques années, elles figuraient au premier rang des agents responsables de Tiac. En élevage, elles sont source de mortalité et engendrent des saisies à l’abattoir.

LES SÉROTYPES MAJEURS

Les deux sérotypes de salmonelles les plus importants et impliqués dans les Tiac en France sont S. Enteritidis et S. Typhimurium.

S. Enteritidis est quasiment inféodée exclusivement aux filières avicoles, en général via les œufs. Aussi, la traçabilité des œufs et des ovoproduits permet de remonter facilement jusqu’à l’élevage, donc de mettre rapidement en place des mesures sanitaires.

Concernant S. Typhimurium, 50 à 55 % des souches sont isolées en filières avicoles, versus 40 % en filière bovine.

Cependant les règles sanitaires et de contrôle pour les deux souches sont les mêmes. La surveillance est obligatoire en filière volaille.

La réglementation sanitaire se fonde sur deux points : la prophylaxie collective et des mesures de police sanitaire instaurées très rapidement lors de détection de foyers.

Pour chaque salmonelle, une spécificité d’espèce est repérée.

La pullorose et la typhose (respectivement dues à S. Pullorum et S. Gallinarum) sont des dangers de première catégorie et doivent donc être déclarées. La typhose et la pullorose affectent différentes espèces aviaires, en particulier la poule, la dinde, le faisan, la pintade, la caille, la perdrix et le canard. S. Arizonae est responsable de l’arizonose.

Différents sérotypes présentent une spécificité d’hôte : Typhi pour l’homme, Dublin pour les bovins (responsable d’avortements), Pullorum et Gallinarum pour les volailles par exemple.

D’autres sérotypes, Typhimurium et Enteritidis, sont ubiquitaires. Selon les pays, les différentes souches sont plus ou moins dominantes.

ÉPIDÉMIOLOGIE

La maladie a un caractère enzootique. La morbidité et la mortalité sont variables selon les souches, plus ou moins virulentes. Il existe un réseau national de surveillance des salmonelles en France. La maladie semble avoir un caractère saisonnier, puisque celles-ci sont essentiellement rapportées au printemps et en hiver.

Les sources de contamination les plus fréquentes sont l’aliment et les animaux malades, ou les porteurs asymptomatiques. L’excrétion est surtout fécale (jusqu’à 107/g chez un porteur latent), mais une contamination par les plumes ou les duvets est aussi possible.

Le mode de transmission peut être vertical (in ovo, essentiellement via S. Enteritidis et S. Typhimurium DT104), en particulier si l’œuf provient d’une poule très infectée. La transmission s’effectue également ab ovo : contamination au moment de la sortie de l’œuf via les fèces. Une cuticule très fine protège l’œuf. Il est donc indispensable de ne pas laver les œufs destinés à la consommation, sinon cette cuticule est arrachée, ce qui facilite les contaminations ab ovo.

La contamination peut aussi être horizontale (aliments, eau, couvoirs, litière, etc.), directe ou indirecte.

SIGNES CLINIQUES ET LÉSIONNELS

L’infection inapparente est dominante. Les contrôles fréquents sont donc importants.

Embryons et poussins : symptômes de la pullorose

Quand la salmonelle pénètre dans l’œuf, il peut y avoir mortalité dans la coquille. Le poussin peut naître contaminé. La salmonellose des poussins et des embryons est nommée pullorose. Les signes cliniques sont de l’abattement, de l’anorexie, des diarrhées blanchâtres (“bouchon de craie” au niveau du cloaque).

Les lésions observées consistent en des foyers de nécrose hépatique, un foie qui a la couleur du bronze, des nodules blanchâtres nombreux (cœur, foie, poumons), une hépatomégalie, une septicémie, une arthrite, une omphalite, une péricardite, une aérosacculite, etc.

Au niveau histologique, une coupe du cœur permet de bien apprécier l’infiltration lymphocytaire diffuse. À noter qu’il est également possible de repérer la présence d’un contenu blanchâtre caractéristique dans le cæcum. L’apparition de lots hétérogènes peut être due à une salmonellose (voir photos 1, 2, 3, 4).

Poules : symptômes de la typhose

La salmonellose des volailles adultes est communément la typhose.

Les troubles de la ponte (baisse quantitative et atteinte qualitative : coquilles molles, œufs sans jaune) et des pontes abdominales sont les signes cliniques observés (les pontes intra-abdominales peuvent aboutir à une péritonite suppurée, avec la présence de nombreux jaunes d’œuf à l’autopsie).

Ces troubles sont particulièrement visibles dans la forme chronique. L’animal présente aussi de la diarrhée, de l’abattement, de la fièvre et une cyanose.

Les lésions consistent en une atteinte de la grappe ovarienne (couleur gris-jaune des follicules), une autre oculaire, une hépatite (hypertrophie et couleur bronze ou noire), des troubles nerveux possibles, etc. De nombreux nodules blanchâtres (surtout au niveau du cœur) et des foyers de nécrose hépatiques sont également présents (voir photos 5, 6, 7, 8).

Autres espèces aviaires et symptômes de la salmonellose

→ Canard : troubles nerveux (maladie de la quille).

→ Pigeons : arthrites.

→ Dindon : maladie de l’œil blanc (arizonose).

→ Oiseaux de compagnie : attention au portage asymptomatique de salmonelles dangereuses pour l’homme. Un perroquet peut donc être excréteur.

Diagnostic

Il s’agit d’une maladie bactérienne. Par conséquent, pour confirmer la présence de l’agent pathogène, il convient de l’isoler et de l’identifier grâce à un prélèvement (litière, fèces, etc.), via une mise en culture. La bactériologie est effectuée aussi bien lors de la mise en évidence de cas cliniques que lors des mesures de prévention.

Un diagnostic sérologique est également possible : Elisa ou hémo-agglutination sur lame (si le résultat est positif, une formation d’agrégats sur une goutte de sang est notée). L’hémo-agglutination sur tube existe aussi (si le résultat est positif, le sérum présente un aspect floconneux). La recherche d’anticorps vitellins est une autre possibilité. Enfin, la méthode diagnostique la plus sophistiquée est la polymerase chain reaction (PCR) ou l’amplification génique par sondes ADN (bien plus chère).

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