Comment appréhendez-vous la visite sanitaire bovine 2015 sur la fièvre aphteuse ?

Faire coïncider VSB et prophylaxie

Peter Cappelle, praticien mixte à Chauny (Aisne).

Le principe de la visite sanitaire bovine (VSB) obligatoire est intéressant. Il permet, sur un thème donné – cette année, la fièvre aphteuse –, de rappeler à l’éleveur les bonnes pratiques. D’autant que la rareté de la maladie peut les faire oublier. Lors des derniers cas de fièvre aphteuse en 2001, j’ai été confronté à un abattage total de plus de mille moutons chez un client. Nous devons donc rester vigilants. Cependant, si l’idée de cette VSB est bonne, sa mise en œuvre l’est moins. Nous effectuons beaucoup de déplacements pour les prophylaxies entre décembre et avril. Il serait plus pertinent de faire coïncider les deux périodes. Nous sommes tout de même censés coupler les visites chez les clients, notre rémunération a baissé de moitié cette année ! Mais le démarrage des VSB en fonction de la réception des formulaires imprimés vers fin février nous prive de cette opportunité pour une grande partie des élevages. Ensuite, par manque de temps, de disponibilité des éleveurs ou parce qu’ils ne nous ont pas sollicités, nous accumulons les visites en fin d’année, avec, parfois, le sentiment de ne pas y consacrer la durée nécessaire. En modifiant le calendrier, nous aurions tout le loisir de nous procurer les imprimés pour les VSB et de les commencer tranquillement en même temps que les prophylaxies.

Un moyen d’aborder le thème de la biosécurité

Karine Hauray, praticienne rurale et industrielle à Bourg-en-Bresse (Ain).

Les éleveurs de notre département sont particulièrement sensibles aux maladies qui peuvent influer sur le commerce avec l’étranger, dont la fièvre aphteuse. Ils exportent, notamment au Maghreb, des animaux maigres tels que broutards et veaux sevrés, ainsi que des génisses vendues gestantes. Avec la perte du statut indemne de fièvre aphteuse de la France, tous ces marchés se fermeraient. Les éleveurs seront donc très attentifs à l’évocation des premiers signes de la maladie. Nous devrons insister sur sa contagiosité et sur la biosécurité. Pour se prémunir contre l’éventuelle contagion de leur cheptel, ils auront un certain nombre de mesures à prendre concernant les contacts avec les espèces sensibles à la maladie, la mise en quarantaine lors d’introductions d’animaux et les précautions à l’égard des vecteurs passifs que sont les personnes ou les véhicules circulant dans leurs structures. Contrairement aux éleveurs hors-sol (porc, volaille), ceux de la filière bovine ne sont pas forcément très sensibilisés aux questions de biosécurité. Notamment les jeunes générations qui n’ont jamais connu la fièvre aphteuse et l’imaginent loin de chez nous. Cette VSB sera l’occasion de les sensibiliser à ce risque sanitaire.

Les éleveurs ovins et porcins auraient pu y être associés

Arnaud Delambre, praticien mixte à Avesnes-le-Comte (Pas-de-Calais).

L’an passé, la visite sanitaire bovine a été si utile que nous avons enregistré près de 30 % en plus de visites “avortement”, le thème de 2014. Concernant la fièvre aphteuse, les répercussions sur nos visites seront sans doute moindres. Il sera difficile de sensibiliser les éleveurs à la boiterie. Depuis le passage, dans les étables, de l’aire paillée à la logette, les vaches ne circulent plus que sur du béton. La boiterie est un trouble de plus en plus fréquent chez les vaches laitières. Par contre, nous pourrons leur rappeler les signes cliniques d’alerte pour une éventuelle fièvre aphteuse : difficulté à traire, salivation, raideurs articulaires, etc. Au sein de notre clientèle bovine, 120 élevages sont concernés, mais aussi une trentaine d’éleveurs ovins. Il m’aurait semblé plus efficace de synchroniser les thèmes des visites de façon à ce que ces derniers aient également un rappel des critères d’alerte de cette maladie. De tels troupeaux se trouvent parfois à proximité de grosses fermes laitières. Idem pour les porcs. La visite obligatoire pour les éleveurs porcins, cette année, a pour thème la trichine. N’aurait-il pas été préférable de compléter le questionnaire par quelques items sur la fièvre aphteuse, en lien avec la VSB ?