TOUR DU VALAT : L’ÉCOLOGIE DE LA SANTÉ SUR LE TERRAIN - La Semaine Vétérinaire n° 1616 du 06/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1616 du 06/02/2015

Reportage

Cette station biologique est un centre de recherche sur la préservation des zones humides de Méditerranée. À l’étude des populations animales et végétales et de leurs milieux, elle associe une activité de recherche fondamentale sur les agents pathogènes émergents.

Virus influenza A de la grippe aviaire, West Nile, grande douve du foie, etc. Dès sa création en 1954, la Tour du Valat voulait « voir venir avant l’heure l’impact des changements globaux sur la planète qui modifient les écosystèmes et les contacts entre les hôtes ». Installé en pleine Camargue, ce centre scientifique des oiseaux, qui se consacrait au baguage, est devenu depuis lors un centre de recherche d’envergure sur les zones humides de Méditerranée.

Plusieurs programmes scientifiques y sont ainsi menés en permanence par une équipe d’une soixantaine de spécialistes, en collaboration avec d’autres instituts et laboratoires. Le premier, en place depuis la fin des années 1970, concerne les flamants roses (Phoenicopterus roseus), espèce protégée en France dont l’unique site de reproduction se trouve en Camargue. « Lorsque le programme a été lancé, l’espèce était en danger », souligne Arnaud Béchet, chargé de recherche en dynamique des populations d’oiseaux. Il travaille également sur l’aspect santé avec une équipe de Maisons-Alfort. « À la fin des années 1960, à peine 10 000 flamants étaient comptabilisés sur le littoral méditerranéen français et 1 000 en hiver. Aujourd’hui, il y en a environ 50 000 en été et près de 40 000 en hiver. »

Des poussins porteurs de Chlamydiae

Des recherches sont en cours sur les chlamydioses aviaires, par exemple, en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « Des flamants roses en sont atteints, mais l’impact sur leur santé n’est pas encore étudié », note Marion Vittecoq, chercheuse à la Tour du Valat.

L’été dernier, 500 poussins ont été bagués dans les salins d’Aigues-Mortes. Les prélèvements effectués ont été mis en culture et 20 % environ des jeunes flamants se sont révélés porteurs de Chlamydiae.

« Nous sommes en train de les isoler pour réaliser une analyse moléculaire qui nous permettra de déterminer si cette souche est connue, indique Marion Vittecoq. Selon notre hypothèse, nous ne la connaissons pas encore et elle est spécifique. » Chez certains oiseaux, la chlamydiose est asymptomatique. Chez plusieurs espèces domestiques, telles que les perruches, elle est toutefois susceptible de se traduire par une infection respiratoire aiguë. « Les vétérinaires en lien avec les élevages d’oiseaux (canards, volailles, etc.) peuvent être confrontés à cette bactérie assez peu connue hors des espèces domestiques », annonce-t-elle.

Circulation silencieuse du West Nile

Le flamant rose reste un sujet de recherche emblématique. Des études sont en cours avec l’université de Bourgogne et un institut allemand pour essayer de faire le lien entre les caractéristiques génétiques du flamant et son microbiome (ensemble des micro-organismes, pathogènes ou non, présents chez chaque individu). « De nombreuses avancées faites en biologie permettent de développer des approches utiles pour d’autres espèces. » L’oiseau fait également l’objet de parrainages pour soutenir un réseau d’observateurs méditerranéens.

Cependant, la Tour du Valat planche sur d’autres sujets : les grippes aviaires, notamment, pour lesquelles un travail de modélisation est en cours, à partir de prélèvements faits chez des goélands et des canards (les colverts chassés ou élevés pour la chasse, par exemple). « Différents virus circulent chez ces derniers, l’eau étant un facteur clé de la dissémination puisqu’un virus de grippe peut s’y maintenir plusieurs semaines », rappelle la chercheuse. Quant au virus West Nile, susceptible d’avoir des conséquences en santés équine et humaine, des anticorps qui lui sont spécifiques ont été trouvés en 2009-2010 chez de jeunes pies. « Cela sous-entend une circulation silencieuse, c’est-à-dire sans que des cas symptomatiques apparaissent chez l’homme ou le cheval », souligne Marion Vittecoq.

Travail sur la contamination

La Tour du Valat et le parc ornithologique du Pont de Gau (aux Saintes-Maries-de-la-Mer), créé en 1949, ont développé un partenariat assurant aux chercheurs une partie de leur terrain sur les flamants notamment (observations, lectures de bagues, captures, marquages, etc.). Ce parc a relevé sur son territoire jusqu’à 220 espèces d’oiseaux sédentaires et migrateurs. Il a mis en place un réseau de nichoirs à moineaux qui a permis aux deux structures de travailler sur le West Nile (avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ou sur la malaria aviaire (avec le Centre national de la recherche scientifique de Montpellier), susceptibles de conditionner la survie de certaines espèces.

« Le taux de parasitisme est très important en Camargue, de l’ordre de 70 à 80 %, souligne Benjamin Vollot responsable du centre de soins du parc, chargé des captures et des prélèvements sanguins. Nous avons travaillé sur la contamination, de l’adulte au poussin. » Le cas échéant, ce centre confie des oiseaux euthanasiés et autopsiés aux chercheurs de la Tour du Valat pour des analyses. « Nous avons fourni des flamants, notamment, ainsi que des pies porteuses d’anticorps du West Nile dont la circulation, très faible ici, est toutefois permanente », résume Benjamin Vollot. « Les zones humides de Camargue sont, en effet, des lieux privilégiés de contact entre les faunes sauvage et domestique, et aussi entre les vecteurs de maladie et l’homme », rappelle Marion Vittecoq.

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