« Cette situation reflète le mépris de nos dirigeants »

Dans l’Yonne, le risque sanitaire a été retenu en raison de la proximité avec des foyers de tuberculose récents ou anciens, ainsi qu’avec ceux de la Côte-d’Or voisine. Le bacille ne se soucie pas des limites départementales. Des cheptels pâturent dans des zones à risque en Côte-d’Or. Réciproquement, d’autres viennent de ces dernières pour le faire chez nous. Cette année, nous aurons ainsi réalisé 12 000 intradermo-tuberculinations comparatives sur 138 cheptels de 24 commu­nes concernées par la prophylaxie. Mon cabinet, situé à 4 km de la Côte-d’Or, dans le canton de Guillon, y participe pleinement avec quatre ou cinq confrères voisins. Chaque année, l’histoire se répète. Nous protestons régulièrement parce que nous estimons être mal payés pour notre travail¹. Mais c’est toujours la lutte du pot de terre contre le pot de fer ! Que pouvons-nous faire face aux éleveurs en faveur desquels le préfet tranche systématiquement en Côte-d’Or De plus, cette année, les céréales ne valent rien, le prix des broutards a baissé et les primes de la politique agricole commune (PAC) ont diminué. Allez demander une augmentation des tarifs dans ce contexte ! Nous nous heurtons à une fin de non-recevoir de la part de la chambre d’agriculture, qui nous renvoie une image d’exploiteurs.

Cette situation reflète le mépris qu’ont pour nous nos dirigeants. Il suffit de voir comment nous sommes rémunérés pour les visites sanitaires obligatoires ! Du jour au lendemain, nous en avons effectué deux fois plus pour le même prix ! En 2013, nous faisions, en effet, un cheptel sur deux et, en 2014, tous les cheptels avec la même enveloppe. Pour la société, le vétérinaire est cher. Nous avons le culot de gagner 5 000 € par mois en étant de garde 24 heures sur 24 et en assurant un service permanent. Sans doute ne savons-nous pas nous plaindre ! Nous nous taisons : c’est là notre malheur.

• 1 Voir le tableau des tarifs ci-contre.