Alimentation et fourbure :un lien de cause à effet - La Semaine Vétérinaire n° 1615 du 30/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1615 du 30/01/2015

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Samy Julliand

Fonctions : directeur de Lab to Field, société de recherche et conseil en nutrition équine

Consommés en grande quantité, l’amidon des céréales et les oligosaccharides de l’herbe peuvent se retrouver dans le gros intestin, où ils fermentent.

LES RELATIONS ENTRE L’ALIMENTATION ET LA FOURBURE

Deux études relatives à ce sujet révèlent que la moitié des cas de fourbure sont d’origine alimentaire. Il existerait une prédisposition génétique à cette affection. La consommation d’importantes quantités de glucides facilement fermentescibles, sous forme d’amidon dans les céréales ou d’oligosaccharides dans l’herbe, est la principale cause alimentaire. Lorsque la prise d’amidon dépasse la capacité de digestion antécæcale du cheval, le volume d’amidon “résiduel” qui atteint le gros intestin augmente rapidement. Le fructose se retrouve également en grande quantité dans le gros intestin lors de consommation élevée, car il ne peut pas être hydrolysé par les enzymes digestives du cheval.

En présence d’amidon ou de fructose, certaines bactéries (en particulier les lactobacilles et les streptocoques) entraînent la fermentation de ces glucides et prolifèrent. La concentration de lactate, produit par la fermentation, augmente et génère une acidification du milieu intestinal. Des bactéries utilisatrices de lactate le transforment en propionate au pouvoir moins acidogène. Cependant, lorsque la production de lactate est excessive, la baisse du pH est telle que les bactéries utilisatrices de lactate ne peuvent plus se développer et réguler sa concentration. Une acidose aiguë est alors observée.

Lors de pH en dessous de 5, un grand nombre de bactéries intestinales sont lysées. Cela provoque une importante libération d’endotoxines dans le gros intestin. En parallèle, la muqueuse intestinale est endommagée par l’acidose, ce qui la rend plus perméable. Une hausse des concentrations d’endotoxines plasmatiques est ainsi notée dans les 8 à 12 heures qui suivent l’ingestion massive d’amidon ou d’oligosaccharides. L’endotoxémie conduit à des perturbations de la circulation sanguine au niveau du pied, à l’activation des métalloprotéases matricielles et à une inflammation responsables de l’épisode de fourbure. Les équidés seraient plus sensibles à cette atteinte que les autres espèces, car les tissus laminaires présentent moins de défenses que les autres organes contre les dérivés réactifs de l’oxygène produits en situation d’inflammation.

RECOMMANDATIONS NUTRITIONNELLES

La fourbure aiguë apparaît généralement à la suite d’une forte surconsommation de glucides facilement fermentescibles : cheval qui trouve la graineterie, ingestion de grandes quantités de fruits mûrs sous un arbre, accès à une pâture riche et abondante, etc. Les mesures de prévention contre les “surconsommations accidentelles” sont rationnelles : isoler la graineterie, mettre en place un périmètre non accessible autour des arbres fruitiers dans les pâtures, etc. Concernant l’ingestion d’herbe, plusieurs études ont été menées sur le contrôle de celle-ci. Lorsque l’herbe est riche en oligosaccharides au printemps, pendant les périodes de stress hydrique ou dans les pâtures riches en trèfles, une restriction de la surface disponible ou la pose d’un panier peut être suggérée.

La fourbure chronique peut être observée à la suite d’une fourbure aiguë, ou lors d’une légère surconsommation d’amidon ou d’oligosaccharides sur une longue période. Le risque serait accentué chez des animaux atteints de perturbations endocriniennes (maladie de Cushing) ou métaboliques (syndrome métabolique équin). Pour limiter les risques de développement d’une fourbure chronique d’origine alimentaire, il est recommandé de ne pas dépasser 200 g d’amidon par 100 kg de poids vif et par repas (soit 2 kg d’orge environ pour un cheval de 500 kg).

Même si, à ce jour, il n’existe pas de seuil défini relatif à la consommation d’oligosaccharides, il est conseillé de limiter l’ingestion d’herbe, en particulier au printemps. Pour les chevaux “à risque”, il est suggéré d’élaborer leur ration à partir d’un fourrage à faible teneur en glucides non structuraux, tel un foin de prairie naturelle récolté tardivement. De même, la quantité maximale d’amidon par repas peut être réduite à 100 g par 100 kg de poids vif. Enfin, certains auteurs recommandent d’augmenter les apports en antioxydants et en biotine pour favoriser la lutte contre les dérivés réactifs de l’oxygène et la croissance de la corne.

Pour en savoir plus

> Pollitt et Visser, 2010. Carbohydrate alimentary overload laminitis. Veterinary Clinics of North America: Equine Practice. Avril;26(1):65-78.

> Geor et Harris, 2013. Laminitis, in Equine Applied and Clinical Nutrition. Ed. Elsevier.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr