Outils permettant de montrer un défaut de transfert d’immunité colostrale à l’éleveur - La Semaine Vétérinaire n° 1613 du 16/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1613 du 16/01/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Lorenza Richard*, Jocelyn Amiot**

Fonctions :
*praticien à Épinac (Saône-et-Loire)

Les défauts de transfert d’immunité sont à l’origine de troubles de santé majeurs chez le veau. Cependant, les éleveurs sont peu sensibilisés au fait que leurs pratiques ne sont pas adaptées à une bonne prise colostrale. Afin de prouver qu’un problème existe, des chiffres sont à mettre en avant. Pour cela, la cause du défaut de transfert immunitaire est à rechercher : soit la quantité bue est trop faible, soit le colostrum est de mauvaise qualité, soit le problème est lié au veau ou aux conditions du vêlage.

ÉVALUATION DE LA QUANTITÉ BUE CHEZ LE VEAU ALLAITANT

En pratique, afin de montrer à l’éleveur que la quantité prise est insuffisante et que le transfert n’est pas réalisé correctement, plusieurs méthodes peuvent être appliquées, chez 10 % des veaux de l’exploitation supposés sains :

→ prendre la température des veaux à 24 heures d’âge : si elle est inférieure à 39 °C, l’apport énergétique est insuffisant, donc la quantité de colostrum ingérée n’est pas adaptée ;

→ mesurer la glycémie à 24 heures d’âge. Si elle est inférieure à 4,7 mmol/l ou à 0,8 g/l, elle révèle une hypoglycémie liée à un déficit de distribution de colostrum ;

→ doser les protéines totales sériques entre 48 heures et 6 jours d’âge. La quantité d’IgG est considérée comme satisfaisante si ce taux est supérieur à 55 g/l. Cette mesure peut être effectuée avec un Quicktube® en ferme, puis au réfractomètre optique ou avec un analyseur en clinique. Si le plasma est analysé en clinique, la valeur seuil visée est alors de 60 g/l, pour tenir compte de la présence des protéines de la coagulation. Afin d’obtenir une mesure plus précise, le taux d’albumine peut également être dosé, et soustrait à celui des protéines totales pour obtenir la concentration en globulines. La valeur recueillie doit alors être supérieure à 16 g/l. De plus, il est possible de réaliser le dosage direct des IgG sériques du veau en laboratoire d’analyses, sans que l’état de santé de l’animal interfère sur le résultat (il doit dépasser 16 g/l) ;

→ doser, éventuellement, le taux de gamma-glutamyltransférase (GT), à 24 heures de vie (48 heures au maximum). Celle-ci est absorbée en même temps que les Ig. Un résultat supérieur à 200 UI/l signe une bonne ingestion et une bonne absorption de colostrum.

ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DU COLOSTRUM

La qualité du colostrum peut être évaluée de différentes façons. Chacune possède des avantages et des inconvénients.

→ Le pèse-colostrum surestime les résultats car il doit être employé à 20 °C, sans mousse. Il est, en outre, peu fiable en élevage allaitant.

→ Le réfractomètre permet la mesure des protéines colostrales, dont la moitié ou les deux tiers sont constituées d’immunoglobulines. Le réfractomètre électronique, ou un instrument spécifique, est recommandé. En effet, un appareil classique à trois échelles nécessite une dilution du colostrum, donc introduit un biais majeur.

→ La méthode de référence reste l’immunodiffusion radiale (IDR). Toutefois, contrairement aux autres, elle ne peut être utilisée en ferme et la réponse n’est pas immédiate (24 à 72 heures).

→ Un test rapide devrait être disponible sur le marché début 2015.

RAPPELS

→ Sous l’influence de la prolactine, la mamelle capte les immunoglobulines G (IgG) à partir du sang durant la semaine qui précède la mise bas. La concentration du colostrum est en moyenne de 100 g/l.

→ Le veau absorbe entre 10 et 50 % (rendement moyen de 20 à 25 %) des Ig du colostrum qu’il a ingéré (absorption intestinale). Cette absorption est nulle après 24 heures de vie en moyenne, mais les variations individuelles sont importantes (entre 15 et 48 heures).

→ Pour assurer un bon transfert immunitaire, la majeure partie du colostrum doit être apportée durant les six premières heures de vie, à une température supérieure à 10 °C. Un premier volume connu de colostrum doit être tété dans les deux premières heures de vie, alors que le veau est isolé du reste du troupeau, avec un biberon ou, si besoin, une sonde œsophagienne.

→ En raison des nombreux facteurs susceptibles de diminuer la concentration en Ig du colostrum ou l’absorption intestinale, l’objectif recommandé est d’obtenir une concentration sérique d’Ig de 16 g/l chez le veau, voire de 20 g/l en milieu infecté.

→ Le volume administré peut être soit calculé selon la richesse du colostrum, le poids du veau et le taux d’absorption estimé, soit fixe et correspondre à l’objectif de concentration en Ig, quelle que soit la qualité du colostrum. Ainsi, en élevage allaitant, la recommandation actuelle est de faire boire 1,5 à 2 l de colostrum dans les deux heures qui suivent la naissance, en une seule prise.

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