Reportage
Auteur(s) : FRÉDÉRIC DECANTE
La structure de nuit de Maxence de Jouvencel (T 99), à Toulouse, est née de la volonté de faire évoluer la fonction du vétérinaire de garde et… d’un choix de vie.
Nous avons un avantage sur les vétérinaires qui font habituellement une garde : même à 2 heures du matin, les gens ne nous dérangent pas ». Pour créer Vet-Urgentys à Toulouse, Maxence de Jouvencel est parti du principe simple de la symbiose : puisqu’il y a des vétérinaires qui travaillent le jour et ne veulent pas exercer la nuit, pourquoi ne pas, à l’inverse, travailler la nuit… et éviter d’avoir à le faire le jour ? Le concept est le fruit d’une longue maturation : notre confrère sort de l’école de Toulouse en 1999 et commence sa vie professionnelle par faire des gardes pour un groupe de douze vétérinaires toulousains. Il se rend compte que l’activité nocturne ne le gène pas tant que ça et coûte, en revanche, cher à ses employeurs, qui s’en accoutument peu. L’ambiance y est pourtant singulière, car les propriétaires d’animaux tendent à perdre leur “masque social”. Le travail peut être soutenu et est donc peu ennuyeux. Enfin, lors d’une visite très tardive, le vétérinaire, s’il aime la relation humaine, a vraiment du temps à consacrer à ses clients. Pour autant, Maxence de Jouvencel perçoit que le service rendu doit être amélioré : les gardes sont souvent dévolues à de jeunes vétérinaires manquant parfois d’expérience avec pour seule consigne de stabiliser la situation jusqu’au lendemain. Il lui vient l’idée de changer la vision du travail du vétérinaire de garde, qui n’effectuerait plus une garde au sens commun du terme professionnel, mais recevrait ses clients la nuit au lieu de le faire le jour.
Pour appliquer cette idée, notre confrère se tourne vers des prescripteurs de ses services : il va voir tous les vétérinaires de Toulouse, un par un, et leur explique qu’il souhaite ouvrir un cabinet vétérinaire de nuit et qu’il aimerait bien que les autres lui fassent ses gardes… le jour. Banco, il bénéficie de l’accord de tous les vétérinaires de la Ville rose ! Chacun y trouve son compte. Finalement, personne ne fait de garde, tout le monde s’entraide car, quand le service de l’un se termine, celui de l’autre commence. Quinze ans plus tard, tous les cabinets vétérinaires de Toulouse et d’une partie des alentours ferment la nuit et renvoient leurs clients sur la structure de Maxence de Jouvencel. L’établissement a grandi. L’épouse du fondateur, vétérinaire elle-même, s’est petit à petit retirée de cette activité au profit de la vie de famille ; un nouvel associé s’est greffé à la structure, Jarek Szczepaniak (T 08) ; trois salariés vétérinaires et quatre ASV constituent l’équipe définitive : « Tous nos salariés vétérinaires sont expérimentés, car nous ne voulons pas de jeunes qui viennent simplement faire leurs premières armes. Notre équipe est stable, avec peu de turnover. Notre objectif est de réaliser un travail de qualité, dans un esprit convivial, comme nous le ferions de jour. Voilà pourquoi nous avons pour vocation de prendre en charge les cas comme cela se fait partout, sans l’idée de reporter au lendemain ce qui peut être accompli dans l’instant ». Au petit matin, l’activité s’arrête pour laisser les vétérinaires traitants habituels prendre en charge les animaux. « Nous remplissons systématiquement une fiche clinique pour nos interventions. Notre logiciel de gestion l’adresse instantanément par mail au vétérinaire traitant. »
Notre confrère apprécie notamment la nuit pour les situations à gérer, plus fortes, et pour le temps passé avec ses enfants en semaine. Une contrainte cependant : travailler les week-ends et jours fériés. « C’est déstabilisant socialement », admet Maxence de Jouvencel, estimant que ce rythme le conduit à être « proche de sa famille, mais plus éloigné de ses amis ».
La nuit, les visites ont souvent un enjeu de fin de vie. Le suivi des cas et des clients s’avère difficile car la clientèle est généralement “de passage”, même si certains reviennent régulièrement. La vaccination est une rareté ; les vétérinaires renvoient généralement leurs clients vers les confrères de jour : « Nous utilisons environ une boîte de 10 vaccins par an, pour le personnel de la clinique ! Quant aux médicaments, nous ne donnons que le nécessaire pour la nuit. Pour le coup, les seuls délégués que nous voyons sont ceux de notre centrale et de la compagnie d’incinération. Mais il faut rester correct, nous savons d’où nous venons : nous sommes là par et pour les autres vétérinaires de jour. Il ne faut pas trahir leur confiance. »
Des anecdotes, les vétérinaires de nuit n’en manquent pas, au point de remplir un petit cahier pour les conserver en “famille”. Prise au hasard, une petite tranche de vie raconte comment une dame appelle le cabinet vétérinaire de nuit : « Mon mari est parti ce matin se promener avec mon chien. Ils ne sont pas rentrés. Je m’inquiète pour mon chien… ». Ainsi, si le travail change peu la nuit, en dehors du caractère souvent urgent des cas, ce sont surtout les propriétaires qui ont un comportement différent. « Souvent, certains arrivent en pyjama, confie Maxence de Jouvencel. Nous nous sommes aussi rendu compte que 80 % des femmes portent un jogging passé 10 heures du soir ». C’est beau, une ville, la nuit ! Enfin, pas toujours…
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