Tuberculose bovine : lien entre les bovins et la faune sauvage en Côte-d’Or - La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Ariane Payne*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*ONCFS (affiliation actuelle : Inra de Dijon).

En Côte-d’Or, les sangliers, les cerfs et les blaireaux sont des hô­tes de liaison de la tuberculose bovine, capables de transmettre en retour l’infection aux bovins. Tel est le résultat de la thèse d’épidémiologie soutenue par Ariane Payne et présentée lors de la journée de rencontre autour de cette maladie, organisée par le groupement technique vétérinaire (GTV) de Bourgogne en novembre dernier à Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or).

Dans ce département, la zone de tuberculose bovine est bien circonscrite et la faune sauvage est infectée uniquement dans cette région, avec les mêmes spoligotypes. Cela confirme que la mycobactérie circule dans un système multihôte associant les bovins et les populations (ou espèces) sauvages. Le nord de la zone est constitué d’un paysage bocager avec davantage de bovins et de blaireaux par rapport au sud, plus forestier et plus dense en populations de sangliers et de cerfs. L’étude vise à déterminer le rôle épidémiologique des espèces sauvages dans la transmission de la maladie.

DES CAPACITÉS D’EXCRETION DIFFÉRENTES

→ En Côte-d’Or, les lésions relevées chez les cerfs sont caséeuses, purulentes, ouvertes et disséminées. La littérature rapporte qu’elles sont riches en bactéries, ce qui laisse supposer une capacité d’excrétion élevée, par les voies orale et respiratoire.

→ Chez les sangliers, des lésions caséo-calcaires stabilisées sont notées aux nœuds lymphatiques céphaliques chez 70 % des animaux infectés, ce qui est en faveur d’une capacité d’excrétion faible à moyenne, mais par les voies respiratoire, orale et fécale, selon la littérature.

→ Enfin, des lésions nodulaires et caséeuses sont relevées chez seulement 9,4 % des blaireaux tuberculeux. Toutefois, une étude concernant 25 blaireaux infectés révèle que la polymerase chain reaction (PCR) est positive sur au moins un excreta de 14 d’entre eux et au moins deux excretas de 7 d’entre eux (animaux qualifiés de “superexcréteurs”). Cela met en évidence une capacité d’excrétion élevée, même en l’absence de lésions (voies respiratoire, orale, urinaire, fécale et transcutanée).

→ Le renard, en revanche, serait, selon la littérature, un cul-de-sac épidémiologique.

RISQUE DE TRANSMISSION

De plus, un suivi télémétrique de sangliers et de blaireaux et une vidéosurveillance de sites d’élevage ont permis de déterminer leurs domaines vitaux, et de mesurer et caractériser les contacts avec les bovins. Le nombre de visites des exploitations durant la nuit varient selon les sites.

Les cerfs viennent davantage sur les pierres à sel au printemps et en été. Les sangliers fréquentent surtout les pâtures en été et pendant les “nuits à lombrics” (conditions de température et de pluviométrie favorables à la remontée de ces vers à la surface du sol). Ils visitent surtout les points d’eau des pâtures en été, le plus souvent en groupe. Les blaireaux, enfin, fréquentent plutôt les auges des pâtures et les bâtiments surtout en hiver, le plus souvent de façon individuelle. Les pâtures sont davantage utilisées au printemps, en particulier si leur terrier est en lisière.

En prenant en compte qualitativement les différents facteurs de risque évalués dans cette étude (prévalence, capacité d’excrétion, densité et niveau de contact avec les bovins), le risque de transmission de M. bovis aux bovins diffère peu entre les espèces et les zones nord et sud. Des études quantitatives (modélisation) permettraient d’affiner ces résultats et de mesurer ce risque de transmission.

HÔTES DE LIAISON

Ces populations sauvages sont donc des hôtes de liaison capables d’infecter en retour les bovins, et sans doute également de le faire entre elles. Il est cependant difficile, à ce jour, de déterminer si elles sont en mesure de constituer des réservoirs. De plus, ces résultats ne sont valables qu’en Côte-d’Or et ne peuvent être extrapolés à un autre département de France.

Sur la base de ces résultats, des mesures de gestion à l’échelle de l’exploitation pourraient d’ores et déjà être envisagées afin de limiter l’accessibilité et l’attractivité des pâtures et des bâtiments pour les animaux de la faune sauvage.

Parmi les solutions proposées, la consolidation des clôtures (panneaux renforcés en aluminium galvanisé ; fils électrifiés rétractables à hauteur de blaireau), la distribution de l’aliment le matin et l’abreuvement en parcs ou dans des abris peuvent être conseillés, par exemple. Les praticiens sont invités à prendre des photos des moyens mis en œuvre dans certaines exploitations pour limiter l’accès des bâtiments aux animaux sauvages, et à les transmettre au GTV de Bourgogne afin de partager leurs astuces de protection. Un dispositif expérimental pour mesurer l’efficacité des solutions testées sera mis en place début 2015.

Enfin, la réduction des densités des populations de la faune sauvage est également mise en œuvre dans la zone infectée de Côte-d’Or et le développement d’un vaccin (chez le sanglier et le blaireau) est actuellement à l’étude.

DÉFINITIONS

→ Hôte de liaison : population incapable de maintenir seule l’infection sans source extérieure, mais susceptible de la transmettre à une autre population réceptive.

→ Réservoir : population capable d’entretenir l’infection de façon autonome par transmission intraspécifique et pouvant être source de la maladie pour d’autres populations réceptives.

→ Cul-de-sac : population réceptive à l’infection, mais incapable de la transmettre.

Pour en savoir plus

→ Payne A. Rôle de la faune sauvage dans le système multihôte de M. bovis et risque de transmission entre faune sauvage et bovins. Étude expérimentale en Côte-d’Or. Thèse de doctorat en épidémiologie. Lyon. 2014:366p.

→ Judge J. et coll., 2011. Effectiveness of biosecurity measures in preventing badger visits to farm buildings PLoS ONE, 6 (12), p.e28941.

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