Coordonner la surveillance des zoonoses émergentes et réémergentes - La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015

Colloque SVPF

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Clarisse Burger

Le dernier colloque 2014 de la société vétérinaire pratique de France a été l’occasion de faire le point sur les maladies infectieuses émergentes et les enjeux de la santé publique vétérinaire.

À l’occasion du colloque sur les maladies émergentes et réémergentes organisé par la société vétérinaire pratique de France (SVPF), qui a eu lieu à l’école du Val-de-Grâce, le 16 décembre dernier, des experts en santé animale et humaine (la SNGTV, l’OIE, l’IMMI1, le Laboratoire P4 à Lyon) sont venus apporter leur éclairage sur les maladies infectieuses émergentes (de manifestation récente et d’origine animale) et réémergentes.

Portrait-robot du futur agent pathogène

Des facteurs non virologiques (mondialisation, nouvelles technologies, surpopulation, rassemblements, réchauffement climatique, déforestation, etc.) bouleversent les équilibres mis en place ainsi que les programmes sanitaires. Peu anticipés dans certaines régions du monde, ils conditionnent la propagation des agents pathogènes émergents. Yves Moreau, directeur scientifique du musée de sciences biologique Docteur Mérieux, a rappelé que l’épidémie de choléra qui sévit en Haïti à la suite du séisme de 2010, la réapparition de la fièvre jaune au sein des populations peules en Afrique de l’Ouest, notamment chez les jeunes générations, ou encore les guerres et les rassemblements de populations sont autant d’exemples de contaminations rapides. Elles touchent particulièrement les pays à faibles ressources et avec un accès limité aux médicaments et aux vaccins. S’il fallait établir le portrait-robot du futur agent pathogène émergent du xxie siècle, il pourrait s’agir, selon Yves Moreau, d’un virus à ARN, doué d’une grande plasticité génétique, contagieux à transmission respiratoire, d’origine animale, avec un passage d’une espèce animale à l’homme. Et le virus Ebola qui sévit aujourd’hui dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Libéria, Sierra Leone…), est un virus à ARN, comme l’a rappelé à l’occasion Bernadette Murgue, directice adjointe de l’IMMI : « L’épidémie du virus Ebola en Afrique de l’Ouest, identifié en 1976, est la plus longue. » Sa gestion dans les pays touchés a révélé une désorganisation et des carences du système du développement sanitaire mondial (17 000 cas en décembre 2014, selon l’OMS).

La lutte dans les pays à faibles ressources

Le contrôle d’émergences vraies est, par conséquent, indispensable, non seulement à l’échelon mondial mais aussi au niveau local. Christophe Peyrefitte, virologiste (Laboratoire P4 à Lyon), a insisté sur l’importance de l’action des laboratoires face aux agents émergents et réémergents dans les pays à faibles ressources. En témoigne son expérience en Guinée en 2013 face aux cas d’Ebola (2 125 cas suspects/confirmés au 10 décembre 2014) qui montre que divers facteurs rendent plus difficile la lutte pour éradiquer le virus : coutumes locales funéraires déterrant les corps infectés, générant des foyers du virus Ebola supplémentaires; rivalité entre les autorités locales qui désorganisent les laboratoires sur place; manque d’hygiène, etc.

Les mesures prises à l’encontre de ces maladies infectieuses doivent être coordonnées par les autorités sanitaires issues de la santé publique humaine et animale. Rappelant les cas de réémergence de tuberculose et de brucellose en France, Éric Collin, président de la commission épidémiologique de la SNGTV, a détaillé les points clés en matière de surveillance et de coordination des maladies animales : la détection de l’émergence d’une maladie, l’existence d’un réservoir animal et les difficultés de contrôle par la vaccination. Rappelant l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO) apparue en France en 2006 et les difficultés d’une surveillance virologique via des cheptels sentinelles, il a souligné l’importance d’une harmonisation (coordination régionale, outils de collecte, plate-forme de surveillance épidémiologique) pour mieux maîtriser la situation épidémiologique et protéger les animaux d’une résurgence. Il a ainsi mentionné la nécessité d’un correspondant régional pour formaliser l’attitude du vétérinaire devant un phénomène répétitif mais atypique chez les troupeaux. Et de pointer les limites de la surveillance et de l’éradication de ces maladies réémergentes, liées notamment à la baisse des contrôles, aux tests trop rapides et à la désertification vétérinaire dans certains départements.

  • 1 La Société nationale des groupements techniques vétérinaires, l’Organisation mondiale de la santé animale, l’Institut de microbiologie et maladies infectieuses.

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