Une bonne hygiène commence par les mains

Le lavage des mains à l’eau savonneuse est effectué par 56,3 % des participants à notre sondage. C’est en effet le premier geste à accomplir pour nettoyer des mains souillées, situation fréquente en médecine vétérinaire, à moins de porter des gants. Pour limiter la contamination transitoire par des germes, un temps de savonnage suffisant est cependant nécessaire. Le lavage antiseptique, avec un savon bactéricide, doit éliminer la flore transitoire acquise en cours de consultation et diminuer la flore résidente. Au moins une minute de savonnage soigné est nécessaire.

À titre d’exemple, S. Le Normand et B. Chatellier ont effectué une étude en 2010¹ portant sur la persistance de Staphylococcus aureus sur les mains, en fonction de différentes méthodes de lavage. Ils ont montré qu’un nettoyage à l’eau claire n’a aucun effet sur la flore résidente Gram + et ne diminue que de 10 % S.aureus. L’usage des savons doux va diviser la flore résidente par un facteur 2 à 5 selon les savons, avec une action sur les S. aureus, qui n’est cependant éliminé que par un savon bactéricide. L’utilisation seule de gel hydroalcoolique supprime S. aureus mais réduit peu la flore résidente, alors que la pulvérisation de chlorhexidine alcoolique fait table rase de plus de 99 % de la flore présente sur les mains.

Ces résultats sont compatibles avec ce qui a été observé en médecine humaine, où le lavage des mains est une méthode très peu utilisée (il est conseillé pour le personnel médical à l’arrivée et au départ de la structure de soins). Lorsqu’elles sont souillées, un temps de savonnage de 30 secondes est recommandé par la Haute autorité de santé (HAS), associé à un temps égal, pour chacune, pour le brossage des ongles (soit une minute et demie sous l’action du savon).

La friction hydroalcoolique est devenue la norme : sur des mains non souillées, utiliser un produit hydroalcoolique, pendant 30 secondes (procédure de désinfection standardisée pour les cabinets médicaux), en insistant sur les zones interdigitées, les poignets et le dos des mains. L’avantage est que celles-ci sèchent à l’air par friction, les essuie-mains réutilisables étant proscrits, tout comme les sèche-mains à propulsion d’air.

Il est à noter que les études de tolérance cutanées montrent que les mains sont moins irritées et la peau plus douce avec les produits hydroalcooliques qu’après l’usage répété des savonnages.

L’hygiène des mains est, comme celle des locaux et du matériel, un moyen d’éviter la propagation de germes pathogènes d’un animal à l’autre ou de l’animal vers le praticien. Des infections nosocomiales ont été décrites en cabinets vétérinaires, bien que moins fréquemment documentées qu’en milieu hospitalier.

Cette notion peut aussi être diffusée auprès des propriétaires d’animaux de compagnie, ou des éleveurs, dans le cadre de mesures de biosécurité.

Avoir de l’eau et du savon, propres, et des essuie-mains non souillés, pour les utiliser entre chaque lot d’animaux, avec une désinfection lors de soins à des animaux malades ou potentiellement excréteurs est nécessaire pour éviter la propagation de bactéries ou de virus. Les mains ne sont pas le seul vecteur : des études ont montré qu’en élevage, comme dans les structures vétérinaires, l’endroit le plus contaminé est ce qui tient lieu de bureau… car c’est souvent la pièce la moins fréquemment nettoyée et désinfectée.

• 1 Le Normand B., Chatellier S., Le Guennec J. et coll. Contamination par le staphylocoque doré. La bactérie persiste sur les mains et différents matériaux. L’éleveur de lapins, 2011, 122, 17-19.