Didier-Noël Carlotti (T 75) nous a quittés

Peu d’hommes, même éminents, peuvent s’enorgueillir d’avoir fait l’histoire de leur profession. Didier-Noël Carlotti est incontestablement de ceux-là.

Son destin professionnel est exceptionnel. C’était un bâtisseur de notre profession qui savait, par son charisme mais aussi par son jusqu’au-boutisme, rassembler autour de sujets aussi complexes que la spécialisation ou la formation continue.

Son engagement dans le dossier “spécialisation” sera sans faille pendant toutes ces années. Il le défendra avec pugnacité et fermeté au niveau de l’Europe, au sein de l’European Board of Veterinary Specialisation (EBVS), et au niveau français, alors que notre ministère de tutelle et les instances professionnelles de notre pays accueillaient avec frilosité la spécialisation vétérinaire. Il jouera un rôle déterminant dans la reconnaissance des diplômes européens de spécialisation ; il sera la personne de référence dans ce domaine. Cet immense travail accompli à l’échelon international sera récompensé par deux distinctions : l’award de la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) pour service rendu à la profession et, récemment, l’award de l’European Board of Veterinary Association.

Président de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) de 1999 à 2008, notre confrère commencera la professionnalisation de notre association et la fera rentrer dans une démarche qualité. Il contribuera au rayonnement de l’Afvac au niveau national et international. Enfin, il sera également celui qui a rapproché l’association des autres instances professionnelles et des autres organismes techniques.

Didier-Noël possédait aussi cette intelligence rare, cette rigueur scientifique, cette élégance du verbe, cet enthousiasme communiquant et ce courage exemplaire et pudique lors de ces derniers mois. Rien que pour cela, il doit avoir sa place à jamais parmi les grands de notre profession. Sa vie est une belle leçon pour l’ensemble des vétérinaires. Elle nous montre que l’on peut avoir le sens des responsabilités, conserver son idéal et garder ses valeurs. Il se méfiait des idéologies, mais il croyait aux idées, à celles qui entraînent, à celles qui mobilisent, à celles qui élèvent.

Rendre hommage à Didier-Noël, c’est faire l’éloge de son courage, de sa cons­tance et de sa fidélité. Fidélité à ses origines, fidélité aux siens, à ses amis, fidélité à son association, l’Afvac, à ses idées, à sa ville de Bordeaux, fidélité à l’Europe vétérinaire. Il avait cette fidélité unique à ce qui fait le sens d’une vie, l’accomplissement d’un destin, la contribution à l’histoire de notre profession.

Dans son dernier livre, Pierre Mauroy écrivait : « Les hommes passent avec le reste. Mais les justes causes, elles, ne meurent jamais ». C’est en servant ces causes, c’est en les servant bien que nous serons, à notre tour, fidèles à Didier-Noël et à ses valeurs.