Comment envisagez-vous le développement de la physiothérapie ?

La discipline a de l’avenir dans la profession

Agnès Laget, praticienne exerçant exclusivement en physiothérapie, ostéopathie, acupuncture, phytothérapie et aromathérapie (Haute-Loire et Loire).

Lorsque j’étais salariée auprès d’un praticien en chirurgie orthopédique, j’étais confrontée à la gestion de la douleur et des soins postopératoires. Cependant, la remise sous anti-inflammatoires et sous antibiotiques m’interpellait. Cela m’a conduite sur la voie de la physiothérapie, dont j’ai suivi la formation organisée par l’Académie vétérinaire d’acupuncture et d’ostéopathie (Avetao) en 2007. Je l’ai complétée par d’autres formations en ostéopathie, en acupuncture, en phytothérapie et, plus récemment, en aromathérapie. Aujourd’hui, j’exerce exclusivement ces médecines complémentaires. La physiothérapie a sans aucun doute de l’avenir dans la profession. Les propriétaires sont tout à fait conscients de ses bienfaits. Ils le constatent au bout de quelques séances. Reste à communiquer davantage, notamment auprès de nos confrères. L’Association française des vétérinaires exerçant la physiothérapie et la rééducation animale (Afvephyr), que j’ai l’honneur de présider, s’est constituée en un véritable forum de travail. C’est une activité qui ne se pratique que par passion. Si nous sommes seulement, aujourd’hui, quelques dizaines de physiothérapeutes, nous sommes tous animés par la même volonté de proposer un outil supplémentaire pour aider nos animaux.

Il faudra répondre à une demande en plein essor

Philippe Labarthe, praticien canin à Marseille et itinérant en médecine manuelle (Bouches-du-Rhône).

Les thérapies manuelles et physiques continuent de se développer, aussi bien en médecine équine qu’en canine. Elles sont de plus en plus médiatisées et ont fait leur apparition dans les congrès. Les confrères sont davantage informés sur l’intérêt et les indications de ces techniques médicales. Une association de vétérinaires exerçant en physiothérapie (Afvephyr), créée il y a quelques années, met à leur disposition un annuaire régulièrement actualisé. La formation joue, quant à elle, un rôle essentiel dans le développement de la physiothérapie, comme dans celui de toute discipline. Celle que dispense l’Avetao à cet égard y contribue fortement depuis longtemps. Dans les prochaines années, le défi sera de répondre à une demande en plein essor de la part des propriétaires d’animaux, donc de continuer à développer notre marché, ainsi qu’une offre économiquement viable pour les vétérinaires et les acteurs de la filière, tout en gardant pour objectif la qualité des soins.

Les assurances santé participent également au développement potentiel de la discipline. Il ne fait aucun doute que les thérapies manuelles et physiques sont en train de devenir indispensables, tant en phase péri-opératoire pour la prise en charge des douleurs et la rééducation qu’en médecine préventive, sportive, palliative ou gériatrique.

Un premier centre dédié en 2015

Karine Le Bleis, praticienne exerçant à titre exclusif en physiothérapie, rééducation fonctionnelle et autres médecines complémentaires.

Dès la sortie de l’école vétérinaire, j’ai commencé à me spécialiser en physiothérapie. Je me suis même rapprochée du diplôme dispensé par l’université du Tennessee, qui exporte ses modules d’enseignement en Europe. Celui-ci n’a pas d’équivalent en France, du moins pas encore, donc il n’est pas reconnu. Qu’importe, la passion est plus forte.

J’envisage l’avenir de cette discipline de manière positive. La clientèle est en demande de médecine de confort, de soutien et palliative, parce qu’il n’y a pas que le soin postopératoire. La demande relative aux atteintes locomotrices liées à l’âge est importante et la médecine sportive est en plein essor. Aussi, depuis deux ans, je travaille activement à l’installation d’un centre dédié à la physiothérapie, tant en canine qu’en équine. Il sera également ouvert aux autres médecines complémentaires : l’ostéopathie, l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie et l’aromathérapie. Un public de plus en plus nombreux s’oriente vers ces dernières pour limiter les pratiques invasives, l’abus de médicaments sur le long terme. Ce projet est, pour moi, l’aboutissement d’une passion. Le centre devrait ouvrir en 2015.