Un grand artiste vétérinaire

Longtemps considéré comme un genre mineur, l’art animalier a connu un renouveau, voire une vogue, au xix^e siècle, grâce aux impressionnantes pièces de sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye, Pierre-Jules Mêne ou Emmanuel Frémiet, qui ont haussé l’animal au rang de sujet. L’école française inaugurée par ces œuvres, intégrant ensuite les innovations formelles de la période Art déco, s’est perpétuée jusqu’à nous grâce aux explorations isolées d’artistes contemporains comme Gérard Boudon (L70).

Décédé en mai 2011, un an après avoir pris sa retraite de praticien à Dole (Jura), notre confrère laisse derrière lui une œuvre riche et singulière. S’il disait avoir longtemps hésité entre l’école véto et les beaux-arts, il opte finalement pour la première, n’initiant sa carrière artistique, en parallèle, qu’en 1982. Autodidacte formé par la fréquentation assidue des musées, des livres d’art et des animaux, cet admirateur d’Édouard Marcel Sandoz et de François Pompon était travaillé comme eux par l’exigence de l’épure. Le style personnel qu’il a développé à l’écart des courants ne relève ni de la précision figurative ni de la totale abstraction. Par le jeu des volumes, des plans et des arêtes vives, il ramène l’animal à l’essentiel : sa dimension graphique. Une simplicité formelle qui n’en dégage pas moins force, vie et caractère.

Ce bestiaire sobre, foisonnant, d’une admirable pureté expressive est exposé à Lyon jusqu’au 10 janvier.

Boudon, du 29 novembre 2014 au 10 janvier 2015, Galerie Estades, 61, quai Saint-Vincent à Lyon, du mardi au samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h, www.estades.com