Libération canine

Grand prix de la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes, ce spectaculaire film hongrois ne pouvait faire autrement, avec le nombre de chiens qu’il met à contribution et l’excellence de leur prestation, que d’y remporter également la Palm Dog. Saisissant thriller canin, White God – qui résonne avec un autre chef-d’œuvre du genre : White Dog de Samuel Fuller – est une dystopie imaginant la rébellion des canidés contre l’inhumaine humanité.

Budapest. S’inclinant devant la loi qui impose de taxer les propriétaires de bâtards, le père de Lili oblige sa fille à mettre son fidèle compagnon à la rue. Tandis que l’adolescente n’a de cesse de rechercher son Hagen, ce dernier, livré à lui-même, doit se confronter à la barbarie des hommes. Dressé pour le combat puis enfermé dans un refuge bondé où il est promis à l’euthanasie, l’animal s’évade in extremis, entraînant avec lui une sarabande de chiens errants déterminés à rendre dent pour dent la sauvagerie subie.

Parabole sans ambiguïté contre l’oppression totalitaire, le film n’hésite pas à forcer le trait de l’insensibilité humaine et de la violence. Son basculement surprenant dans un fantastique “gore” ne fonctionnerait pas aussi bien si le réalisateur n’avait pris le parti de tourner, à “ras de chien”, avec une authentique meute de toutous. Ils sont si talentueusement dressés et dirigés que plus que le message du film, les images finissent par nous hanter. Comme un mauvais rêve.

White God de Kornél Mundruczó avec Zsófia Psotta, les chiens Luke et Body (Hagen), Sàndor Zsótér, Hongrie, 1 h 59, en salles le 3 décembre.