Le Pr Robert Barone (L41) s’est éteint le 21 novembre

La nouvelle, aussitôt connue, a suscité de très nombreux hommages venus du monde entier, derniers témoignages d’admiration pour une personnalité qui a marqué les sciences vétérinaires et de nombreuses générations d’élèves.

Né en 1918 à Philippeville en Algérie, aujourd’hui Skikda, d’une famille d’origine italienne, Robert Barone gagna l’École vétérinaire de Lyon en 1936, dont il fut diplômé en 1941. Il y devint enseignant en anatomie, avant de rejoindre brièvement l’école de Toulouse, puis de revenir comme professeur dans son école d’origine. Dans les années 1940, il fit paraître, avec le P^r Tagand, les Abrégés d’anatomie des équidés, une série de fascicules qui préfiguraient l’Anatomie des équidés domestiques qui fut publiée dans les années 1950. La méthode était fixée et ne devait plus varier ; le plan était systématique, abordant chaque appareil de façon très organisée et mettant en œuvre un discours concis et très expressif.

Au début des années 1960, Robert Barone se lançait dans la rédaction de son œuvre majeur, son Anatomie comparée des animaux domestiques, qui parut chez Vigot. Il élargissait le champ de ses études à la description de l’ensemble des espèces domestiques, intégrant dans ses ouvrages des éléments sur le dromadaire et même l’homme. Cette œuvre est immense. Avec sept volumes de près de mille pages chacun, elle constitue la référence la plus exhaustive sur l’organisation des animaux domestiques, une bible illustrée des superbes dessins anatomiques qu’il réalisait de sa main experte ou que sa dessinatrice exécutait pour lui.

Mais il ne faut pas garder comme seule image de Robert Barone celle d’un maître de la description, un littérateur passionné ; c’était un expérimentateur avisé qui aborda une multitude de domaines voisinant avec l’anatomie comme l’histologie et l’embryologie, qu’il considérait à juste titre comme indissociables de l’anatomie macroscopique, comme la physiologie – ses expériences sur l’organisation des faisceaux de substance blanche de la moelle épinière restent des références – ou encore la chirurgie et l’hygiène alimentaire. C’était également un homme profondément cultivé et curieux, actif dans un grand nombre d’assemblées scientifiques. Il fut notamment l’un des rédacteurs, à partir de 1957, de la nouvelle nomenclature anatomique internationale.

Robert Barone prit sa retraite en 1982 mais ne cessa pas, loin de là, de travailler. Il œuvra notamment en Italie, où ses origines familiales le portaient, et publia les trois derniers volumes de son Anatomie comparée, le dernier tome, consacré au système nerveux central, ne paraissant qu’en 2010, au terme de près de cinquante années de travail sur la même œuvre.

Avec lui disparaît un maître incontesté de l’anatomie, une figure tutélaire qui a forgé l’anatomie moderne et dont le nom, sanctuarisé par les sommes publiées, restera dans l’histoire.