Bonne situation sanitaire pour les maladies réglementées chez les ruminants métropolitains - La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Certaines maladies animales sont classées en dangers sanitaires par la réglementation (Code rural, partie législative, livre II). Les dangers dits de première catégorie sont ceux « de nature à porter une atteinte grave » à la santé publique, aux animaux ou aux végétaux, ou ceux qui comportent un risque pour les échanges commerciaux. Ils font l’objet de mesures de prévention, de surveillance ou de lutte obligatoires organisées par l’État.

Certains sont soumis à une surveillance événementielle et programmée (brucellose autre que Brucella ovis et Brucella suis sérovar 2 ; encéphalopathies spongiformes transmissibles et bovines ; tuberculose). Pour d’autres, dont la France est indemne, la surveillance est événementielle (clavelée chez les ovins, dermatose nodulaire contagieuse chez les bovins, péripneumonie contagieuse bovine, peste bovine, fièvre aphteuse, fièvre catarrhale ovine, fièvre charbonneuse, fièvre de la vallée du Rift, maladie hémorragique épizootique des cervidés, peste des petits ruminants, rage, stomatite vésiculeuse, variole caprine).

Les dangers sanitaires de deuxième catégorie présentent un risque moindre. Certains sont à déclaration obligatoire (hypodermose clinique ; leucose bovine enzootique) ou non (arthrite-encéphalite caprine ; maladie des muqueuses/diarrhée virale bovine ; rhino-trachéite infectieuse bovine [BoHV-1] ; Visna-Maëdi). La gestion des dangers de troisième catégorie est laissée à l’initiative privée.

Certaines affections, dites zoonoses (tuberculose, ESB, brucellose), sont visées par la directive européenne ou bénéficient de programmes de qualification des cheptels. Les résultats de la surveillance des principales maladies infectieuses réglementées parus dans le Bulletin épidémiologique1 confirment la bonne situation sanitaire française au regard de ces maladies réglementées.

RÉSULTATS

Brucellose

Aucun cas de brucellose, chez les bovins comme chez les petits ruminants, n’est détecté en 2013. Les suspicions se sont révélées négatives. L’ensemble du territoire métropolitain est indemne de brucellose bovine, et 64 départements le sont pour les petits ruminants (voir figure 1).

La surveillance repose d’une part sur les contrôles sérologiques, d’autre part sur la surveillance événementielle par la déclaration des avortements. Chez les petits ruminants, quatre départements concentrent 59 % des déclarants (Aveyron, Lot, Pyrénées-Atlantiques et Deux-Sèvres). Tous les avortements sont à enregistrer par les éleveurs, mais ceux-ci ne doivent les déclarer que lors de suspicion d’agent infectieux et s’ils comptabilisent au minimum trois avortements en sept jours ou moins.

Encéphalopathies spongiformes

Aucun cas de la forme classique de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) n’a été détecté en 2013, ni en 2012. Les tests, toujours obligatoires chez les animaux de plus de 48 mois, à l’équarrissage et à l’abattoir, ont permis d’identifier deux formes atypiques d’ESB de type H. Un dossier de reconnaissance du statut “à risque négligeable d’ESB” est déposé, et devrait être obtenu en 2015 (soit, ainsi que le recommande le code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale, 11 ans après l’année de naissance du dernier cas de la forme classique). 30 cas de forme atypique sont recensés depuis 1990, 16 d’ESB-H et 14 d’ESB-L. Outre des différences épidémiologiques (prévalence faible et stable dans le temps, âge moyen au diagnostic plus élevé), ces deux formes se différencient de la forme classique par un poids moléculaire de la protéine prion différent, plus élevé pour le type H et plus faible pour celui L.

La surveillance programmée a détecté 13 cas de tremblante atypique chez des ovins, mais, pour la première fois, aucun de la forme classique. Quatre ovins atteints de cette dernière, dans un même foyer, ont été décelés via la surveillance événementielle. Deux cas de tremblante caprine classique ont été mis en évidence à l’équarrissage. La prévalence de la forme atypique est de 0,3 ovin environ pour 1 000 animaux testés à l’abattoir. Elle est inférieure à 0,2 à l’équarrissage, et à 0,1 pour les caprins. La prévalence de la forme classique est inférieure à 1 pour 10 000 bêtes testées.

Fièvre catarrhale ovine

Aucune circulation virale n’a été mise en évidence en France continentale en 2013 par la surveillance programmée. Les suspicions cliniques se sont révélées négatives. En Corse, la présence du sérotype 1 est confirmée depuis septembre 2013, avec 145 foyers confirmés, majoritairement ovins.

Hypodermose bovine

Un foyer de varron a été détecté via les contrôles à l’introduction, chez un bovin importé d’Espagne. La surveillance programmée n’a révélé aucun foyer. Cependant, des réactions sérologiques non négatives ont été observées, mais n’ont pas été confirmées par examen visuel des animaux.

Leucose bovine enzootique

Moins de cinq foyers de leucose sont recensés en 2013.

Tuberculose

La prévalence de tuberculose pour l’année 2013 atteint 0,075 % et l’incidence 0,05 %, avec 112 nouveaux troupeaux infectés (voir figure 2).

14 477 élevages de bovins ont été contrôlés pour la tuberculose, sur un total de 218 157 en France au 31 décembre dernier. Les tests, par intradermoréaction simple (IDS) ou comparée (IDC), ont été effectués par 902 vétérinaires ou associations de confrères.

En prophylaxie, une réaction non négative est notée dans 5,2 % des troupeaux testés en IDS (32,8 % des bovins de ces cheptels se sont révélés positifs) et 27,4 % en IDC (11,7 % des bovins non négatifs étaient positifs).

66 % des troupeaux contrôlés par IDC et 38 % de ceux testés par IDS sont concentrés dans quatre départements : la Charente, la Côte-d’Or, la Dordogne et les Pyrénées-Atlantiques. Le rythme de prophylaxie varie selon la situation épidémiologique. Certains départements préfèrent un zonage (voir figure 3) adapté en 2013 selon les foyers détectés en 2012. À l’abattoir, 224 bovins, dont 12,1 % ont été confirmés positifs, ont présenté des lésions suspectes. Un abattage total est appliqué dans 57 troupeaux. Autant ont bénéficié d’un abattage partiel. Alors que, jusqu’en 2006, l’essentiel des cas étaient décelés à l’abattoir, c’est désormais par le dépistage dans les troupeaux que plus de 75 % des cas sont mis en évidence (voir figure 4).

Rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR)

La surveillance de l’IBR en 2013 montre une prévalence nationale des cheptels de 9,8 % (variation de 0,05 % à 90,5 % selon les départements) avec un taux d’incidence de 1,7 % (de 0 à 8,9 %). 64,5 % des troupeaux sont qualifiés “indemnes d’IBR” ou “contrôlés en IBR”.

ASPECTS FINANCIERS

Le coût des maladies réglementées varie selon leur niveau de prise en charge (analyses, prélèvements, indemnisations des animaux abattus) par l’État et les partenaires privés, la participation de l’Europe. Les montants présentés dans le Bulletin épidémiologique ne prennent en compte que les frais de prélèvement et d’analyse, une partie de ceux vétérinaires, sans inclure ceux inhérents à la gestion des dispositifs de surveillance (comités de pilotage, administration).

Le coût moyen d’un foyer prévalent de tuberculose bovine est évalué à 106 000 €. La dépense globale de l’État atteint 19 238 678 € environ pour 2013, à laquelle s’ajoute 1 million pour la surveillance de la faune sauvage. Les prélèvements et les analyses effectuées à l’abattoir et à l’équarrissage au titre de l’ESB ont coûté 17,3 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 5,45 millions d’euros pour les encéphalopathies spongiformes subaiguëstransmissibles (ESST) des petits ruminants. L’État a financé la brucellose bovine à hauteur de 4 000 000 € (avortements et gestion des suspicions) et 937 000 € pour les brucelloses ovine et caprine. La lutte contre la leucose bovine enzootique n’a coûté que 12 246 € en 2013.

  • 1 Bulletin épidémiologique, Santé animale et alimentation n° 64 – Spécial Maladies réglementées et émergentes (MRE).

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