Morceaux choisis des conférences techniques - La Semaine Vétérinaire n° 1606 du 21/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1606 du 21/11/2014

Avef 2014

Dossier

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

PARASITOLOGIE : CYATHOSTOMOSE LARVAIRE

Les cyathostomes sont actuellement considérés comme les principaux parasites pathogènes du cheval. Les stades larvaires sont responsables d’un syndrome clinique sévère, d’issue souvent fatale, désigné par le terme de cyathostomose larvaire. Les symptômes sont une diarrhée profuse d’apparition brutale, intermittente ou persistante, et accompagnée d’un amaigrissement rapide et marqué. La mort est susceptible de survenir en deux à trois semaines.

La symptomatologie n’est pas toujours aussi univoque : un amaigrissement chronique, des coliques, une diarrhée récurrente, des œdèmes déclives sous-cutanés (jambes, abdomen, parfois bout du nez) et une fièvre transitoire peuvent également être observés. Le risque de cyathostomose larvaire est beaucoup plus élevé chez les jeunes chevaux entretenus à l’herbage. Les critères épidémiologiques jouent un rôle important dans l’établissement du diagnostic.

Dans ce dernier, le seul élément déterminant de la cyathostomose larvaire aiguë est la présence de nombreuses larves L4 rouge vif dans les fèces, mais également de L3 grisâtres, plus difficiles à repérer à l’œil nu. Les traitements anthelminthiques réguliers ne suffisent pas à prévenir la maladie. Compte tenu de sa pathogénie, la prévention de la cyathostomose larvaire requiert de mettre à la disposition des équidés des pâtures d’automne faiblement contaminées à des stades infestants. Pour atteindre cet objectif, des programmes de contrôle des cyathostomes sont à mener tout au long de l’année. Ils visent non seulement à préserver la santé des chevaux et à limiter la contamination de leur environnement, mais également à retarder l’apparition des résistances.

Des traitements larvicides sont donc programmés au moment où les charges larvaires sont maximales en fin de saison de pâturage, en automne. Cela permet aussi de limiter la charge infestante par des larves susceptibles d’entrer en hypobiose, et en fin d’hiver/début de printemps pour éliminer les larves en sortie d’hypobiose qui seraient ensuite responsables de la contamination des pâtures. Parmi les anthelminthiques commercialisés pour les équidés en France, seules deux molécules possèdent une activité sur les stades larvaires pariétaux, y compris ceux hypobiotiques, reconnue dans leur AMM :

→ la moxidectine dont l’efficacité sur les stades L3 invasifs, ceux enkystés non hypobiotiques (L3 et L4) et sur les larves juste émergées a été démontrée dès les premières études et l’activité sur les EL3 hypobiotiques plus récemment ;

→ le fenbendazole, à la posologie de 7,5 mg/kg/jour en une fois pendant 5 jours consécutifs, actif sur tous les stades larvaires, y compris les larves EL3.

D’après les conférences de C. Laugier et P. Tritz.

PRISE EN CHARGE DES PLAIES

La prise en charge d’une plaie chez le cheval implique une évaluation du risque infectieux selon sa localisation, son étendue et sa profondeur, l’état général du cheval, le degré de contamination initiale et la présence éventuelle d’un séquestre ou d’un corps étranger. En premier lieu, tout doit être mis en œuvre pour arriver à un tissu cicatriciel sain : débridement, compresses techniques favorisant la détersion, pommades spécifiques, utilisation adéquate des antiseptiques et raisonnée des antibiotiques. Pendant sept jours environ, la plaie subit une phase de détersion qu’il convient de prendre en charge. La réponse anti-inflammatoire du cheval contribue à cette phase et joue un rôle dans la prévention de l’infection. Il est donc essentiel de ne pas bloquer cette réaction par un usage abusif d’anti-inflammatoire. A contrario, l’accumulation des débris inflammatoires (caillots, tissus dévitalisés) est à éviter par des actions de nettoyage, de débridement, de rinçage qui permettent également de diminuer mécaniquement la charge bactérienne locale. Les pansements wet to dry ou les compresses humides (de type Debrisoft®, par exemple) améliorent significativement cette étape. L’efficacité des asticots dans le débridement des plaies est prouvée, en particulier dans les infections du pied.

La réalisation correcte d’un lavage de plaie nécessite l’application d’une pression suffisante du liquide (seringue de 35 ml avec une aiguille 18 G). Il convient de veiller à la bonne concentration des antiseptiques (0,1 à 0,2 % pour la povidone iodée, 0,05 % pour la chlorhexidine). Celles plus élevées peuvent être toxiques pour les fibroblastes et inhiber la migration cellulaire, retardant la cicatrisation. Le tissu de granulation exubérant est une complication classique lors de cicatrisation par seconde intention. Il est souhaitable de stimuler la phase inflammatoire jusqu’à ce que le tissu de granulation comble la plaie. Cependant, dans un deuxième temps, il importe de limiter l’inflammation en prenant en charge l’infection locale persistante et en limitant les mouvements. Le pansement au contact de la plaie peut avoir un effet positif ou négatif sur la phase de granulation. Par exemple, les pansements occlusifs ont tendance à stimuler la granulation excessive, tandis que les gels à base de silicone sont bénéfiques. Par ailleurs, la plaie peut être laissée à l’air libre dès que le tissu de granulation a comblé la perte de substance et que la contraction débute. La kétansérine (Vulketan®) présente également de bons résultats, appliquée deux fois par jour, en fine couche et plutôt sans pansement, dès que la phase exsudative est gérée. L’efficacité est remarquable sur la contraction de la plaie, le contrôle du tissu de granulation et de l’infection.

D’après les conférences de M. Lacourt et C. Mespoulhès.

PATHOLOGIE DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES

L’épistaxis, caractérisée par la présence de sang au niveau d’un ou des deux naseaux est un symptôme relativement fréquent chez le cheval et résulte d’une hémorragie dans les voies respiratoires : les cavités nasales, les sinus, l’éthmoïde, les poches gutturales ou les poumons. L’hémorragie pulmonaire induite par l’exercice (HPEI) est une maladie fortement prévalente chez les chevaux de course, mais elle est également décrite dans d’autres disciplines, telles que le concours de saut d’obstacles. Elle résulte de la rupture de capillaires pulmonaires à la faveur d’une forte hypertension dans le réseau vasculaire pulmonaire et de pressions largement négatives au niveau alvéolaire. Seules les formes sévères de HPIE se traduisent par une épistaxis posteffort (moins de 5 %).

L’hémorragie pulmonaire induite par l’exercice devrait néanmoins être suspectée chez les chevaux qui ralentissent brutalement au cours de l’exercice, qui toussent ou déglutissent plus fréquemment. L’étiologie est parfois difficile à préciser. Cependant, il convient de toujours essayer de rechercher une cause sous-jacente dont les arythmies cardiaques à l’effort (notamment la fibrillation auriculaire), qui induisent une hypertension pulmonaire, l’inflammation pulmonaire, les obstructions dynamiques des voies respiratoires supérieures et les boiteries.

D’après les conférences de J.-L. Cadoré, V. Deniau, V. Picandet et E. Van Erck.

DERMATOLOGIE

Le diagnostic d’une folliculite bactérienne repose sur l’examen clinique, l’examen cytologique et une culture bactérienne, voire une biopsie. Les staphylocoques et, dans une moindre mesure, les streptocoques sont souvent incriminés. Il s’agit généralement d’une pyodermite profonde (croûtes foncées), non spontanément résolutive. Les pyodermites superficielles présentent des croûtes claires. La prise en charge repose sur des traitements antibactériens par voies locale et souvent générale, la tonte et le nettoyage. Les shampoings antiseptiques sont utilisés tous les 2 à 3 jours en début de traitement, puis sont espacés tous les 4 jours, et ce pendant 3 semaines. Il importe de les laisser poser pendant 10 minutes avant de rincer abondamment. La chlorhexidine (à une concentration supérieure à 0,5 %) est bien tolérée et possède une bonne efficacité. Le peroxyde de benzoyle est un excellent antiseptique et kératolytique, mais se révèle parfois irritant. La povidone iodée peut également être utilisée. Le shampoing qui associe la chlorhexidine et le miconazole présente un intérêt en début de traitement, en particulier tant qu’une dermatophytose n’est pas exclue. Les antibactériens topiques (l’acide fusidique, par exemple) sont utiles. Cependant, leur usage discontinu est à éviter, notamment lors d’automédication par les propriétaires. L’association avec un corticoïde peut se révéler intéressante, notamment chez les chevaux allergiques. Il est à noter que les pommades et les crèmes sont contre-indiquées lors de lésions exsudatives. Les gels sont à préférer. Les antibactériens seront utiles lors d’atteinte du derme associés à des probiotiques, et prescrits pour une durée assez longue (3 à 6 semaines). La pénicilline est l’antibiotique de choix, notamment lors de dermatophilose. Les céphalosporines de première génération et le triméthoprime sulfadiazine sont ceux couramment utilisés lors de pyodermite (voir tableau).

La prise en charge d’une hypersensibilité aux piqûres d’insectes repose sur le contrôle strict et rigoureux de ces derniers et sur l’utilisation d’antiprurigineux, topiques (extraits colloïdaux d’avoine, acéponate d’hydrocortisone) et/ou systémiques (antihistaminiques, prednisolone à jour alterné après la stabilisation). Cette affection évolue souvent sur un mode chronique. Par conséquent, des mesures proactives sont à instaurer en début de saison (mars) contre les insectes et l’inflammation.

Lors de dermatophytose, une rémission spontanée survient généralement au bout de trois mois. Le traitement vise à diminuer ce délai et à limiter la contagiosité aux congénères et, éventuellement, à l’homme. La culture du champignon est délicate. Les applications d’enilconazole (deux fois par semaine) et le shampoing associant chlor-hexidine-miconazole semblent assez efficaces. La terbinafine se révèle parfois utile sur des lésions isolées deux fois par jour. Les traitements systémiques ne sont pas recommandés chez le cheval.

D’après la conférence de M.- C. Cardiergues.

L’EXAMEN CLINIQUE NEUROLOGIQUE

L’examen clinique neurologique demeure l’outil par excellence de la localisation de la lésion, en dépit des avancées spectaculaires en neuro-imagerie. Il comporte six étapes.

L’état mental

Une modification de l’état mental signe une atteinte intracrânienne. Le thalamocortex est responsable des comportements dirigés de l’animal, tandis que que le tronc cérébral, à travers la formation réticulée, est en charge du système d’éveil. Néanmoins, l’état mental du cheval est souvent mal évalué par le propriétaire et le vétérinaire. L’anamnèse détaillée doit mettre en évidence tout changement subtil dans le comportement de l’animal au cours de la journée. Chez le cheval décrit comme plus tranquille ou somnolent, il est difficile de différencier une atteinte du thalamocortex de celle du tronc cérébral. Il importe de savoir que les maladies du tronc cérébral s’accompagnent de déficits des nerfs crâniens III à XII, tandis que celles du thalamocortex altèrent la personnalité de l’animal.

Évaluation de la démarche et de la posture

Cette partie de l’examen vise à évaluer la présence d’une ataxie. Pour mémoire, il en existe trois types : l’ataxie vestibulaire, celle cérébelleuse (peu fréquente) et celle proprioceptive causée par une atteinte de la moelle épinière. Les anomalies sont toujours plus évidentes lors de mouvements lents. La posture de l’animal immobilisé est évaluée : ports de la tête et du cou, position des membres en relation avec le corps et port de la queue. À noter qu’un syndrome vestibulaire peut être d’origine périphérique ou centrale. Il est alors associé à de l’abattement.

L’examen des nerfs crâniens

Celui-ci (à l’exception des nerfs I et XI non évaluables dans le contexte clinique) est réalisé dans le box de l’animal, si l’éclairage le permet. Les anomalies sont souvent subtiles. Il importe de s’interroger sur la fonction de chacun des nerfs.

L’examen des nerfs spinaux et de la masse musculaire, l’évaluation de la nociception et la présence de raideur et/ou la douleur cervicale et la dorsalgie constituent les autres étapes

Les maladies du cerveau induisent une altération de l’état mental. L’ataxie proprioceptive est en grande partie limitée aux maladies de la moelle épinière, d’où l’expression d’ataxie spinale. Les lésions de l’appareil vestibulaire causent une tête penchée avec ou sans ataxie vestibulaire. Celles du cervelet entraînent avant tout une ataxie cérébelleuse. Les nerfs périphériques n’induisent pas d’ataxie.

Face à un cheval en décubitus, il convient d’assurer au préalable la sécurité des personnes. Lorsque l’animal est violent, il est possible de le tranquilliser, en sachant que certains paramètres de l’examen clinique seront modifiés. Un examen méthodique et rapide permet d’exclure de nombreuses causes : le système le plus souvent touché est celui myoarthrosquelettique, puis celui nerveux et, en dernier lieu, celui cardiorespiratoire. En urgence, il faut être en mesure de déterminer l’état de santé du cheval, la cause du décubitus, si un traitement causal est disponible, d’assurer des soins lourds de support et de formuler rapidement un pronostic de réversibilité et de survie. Dans la situation particulière qu’est le décubitus, l’examen neurologique, même s’il est plus difficile à réaliser, permet d’identifier les déficits neurologiques et de formuler un diagnostic neuro-anatomique. L’anamnèse apporte également des informations capitales. Les origines potentielles sont multiples (traumatique, dégénérative, infectieuse, toxique, nutritionnelle, congénitale, etc.). Les examens complémentaires, dont beaucoup sont réalisables auprès du cheval couché, sont orientés selon la suspicion clinique de la localisation lésionnelle et de l’anamnèse : bilan sanguin, biopsie musculaire, radiographies de la tête ou de l’encolure. Quelle que soit la cause suspectée ou identifiée, l’absence de réponse thérapeuthique sous 48 à 72 heures (cheval toujours en décubitus latéral, sans efforts de relever) s’accompagne d’un pronostic de survie sombre.

D’après les conférences de V. Amman, I. Desjardins et J. Parent.

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