Les praticiens canins en lutte contre l’antibiorésistance

Le programme scientifique, coordonné par notre consœur Claude Muller (Liège 94), a recueilli l’adhésion des congressistes. L’originalité de cette édition résidait dans un module “abeille” en collaboration avec l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Celui-ci a fait salle comble avec plus de 50 participants. Cette initiative sera donc renouvelée l’année prochaine.

Pari gagnant de l’Afvac

Lors de l’assemblée générale de l’Afvac, son président Éric Guaguère (T 79) a décrit la stratégie de développement 2013-2014 : « Nous avons continué à affirmer nos missions de formation des vétérinaires, des auxiliaires, des éleveurs, ainsi que notre soutien technique aux institutions professionnelles sur des dossiers. » L’association comptabilise plus de 2 700 adhérents et plus de 6 000 personnes formées en 2013. « Ce fut une année de mutation politique, a-t-il poursuivi. Nous sous sommes adaptés à notre contexte professionnel en augmentant notre nombre de participants au congrès et en valorisant l’adhésion. » L’accès à la rencontre annuelle de l’association est, en effet, offert à ses membres. Cette nouvelle stratégie a permis une hausse de plus de 300 adhérents. « Le pari de compenser les pertes de recettes par l’augmentation du nombre d’adhésions est tenu », s’est réjouie Françoise Delisle (A 74), trésorière de l’association.

Au début de l’année 2014, la mutation administrative de l’Afvac, désormais structurée en deux entités, était à noter : un pôle administratif et financier (géré par David Miriot) et un autre relatif à la formation continue et à l’événementiel (orchestré par Sylvie Dufour).

Les praticiens engagés dans la formation

L’Afvac a mené une enquête sur la formation professionnelle des confrères. Les praticiens suivent deux formations par an en moyenne. La majorité consomme plus de deux à trois jours par an. « La formation continue est une tradition dans notre profession », s’est félicité Éric Guaguère. En outre, le temps de lecture de revues pour se former atteint une heure hebdomadaire en moyenne.

Les facteurs de motivation à la formation sont majoritairement le développement et l’aide à l’acquisition de nouvelles compétences, l’amélioration de la qualité des services et l’entretien de son savoir. « La formation est un investissement pour une entreprise, a poursuivi notre confrère. Dans cette démarche, il importe d’évaluer les besoins, de définir un plan de formation rationalisé. Il existe des formations en présentiel, en e-learning, en lecture. Nous tenons depuis quelques années à cette déclaration publique d’intérêt qui crédibilise celle dispensée. »

L’Afvac s’appuie, en outre, sur la dynamique de ses sections régionales et des groupes d’étude. Il existe également des plans de formation modulaire, dont celui sur le chat, qui entame sa deuxième édition.

Un guide et des fiches sur l’antibiothérapie

L’antibiothérapie était un sujet d’actualité du congrès et a fait l’objet d’une session le 13 novembre. Celle-ci faisait écho à la réunion interministérielle de la veille, au cours de laquelle les antibiotiques chez les carnivores domestiques avaient été poin­tés comme la seule filière où une hausse de la consommation en antibiotiques critiques avait été notée¹. Notre confrère Jean-François Rousselot (A 77) a animé la séance. « Entre 2012 et 2013, l’exposition aux C3G a augmenté chez les carnivores domestiques de 25,5 % et l’exposition aux fluoroquinolones de 12,2 %, a indiqué Jean-Yves Madec (L 94), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ces chiffres sont à prendre avec précaution, car ce sont ceux des ventes… »

Les bactéries résistantes sont une réalité en médecine canine. L’infection nosocomiale existe également. Il s’agit d’un réservoir majeur d’amplification et de dissémination à combattre. Néanmoins, « le couple homme-animal est un lieu de transfert, ce n’est pas un gros enjeu de santé publique », a tempéré Jean-Yves Madec.

La loi d’avenir agricole apporte l’opposabilité du guide de bon­nes pratiques en antibiothérapie. L’Afvac a effectué un important travail sur celui-ci. « Ce guide est opposable, car il est inscrit dans une loi. Il convient de relativiser cette opposabilité : il n’y a pas de sanctions pénales. Celles-ci sont déontologiques », a précisé Jean-Pierre Orand (L 91), de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Et de poursuivre qu’il « n’y a pas d’inspections prévues ». Ce guide s’accompagne de fiches de recommandations non opposables en cours de rédaction par le groupe animé par Jean-François Rousselot. 47 sont prévues sur des domaines précis d’affections bactériennes. « Nous prendrons en compte la diversité des individus, la variété des espèces, la problématique “élevage” et les infections nosocomiales », a détaillé Jean-François Rousselot. Jean-Michel Picard (A 86), du ministère de l’Agriculture, a précisé qu’il y aura quatre régions pilotes avec des animateurs régionaux de formation entre le praticien et le sachant, ainsi qu’un échelon supplémentaire de référent.

Vers un renouveau des thérapeutiques

La prise en compte de la notion de biofilm est également essentielle, ainsi que l’a montré Arnaud Muller : « Dans le biofilm, l’antibiorésistance est 10 à 1 000 fois supérieure par rapport à la même bactérie seule. » « Le biofilm est un sujet majeur, ce sera un renouveau de certaines thérapeutiques », a renchéri Pierre-Louis Toutain (T 71). Ce dernier a aussi indiqué la création d’un groupe européen, Vetcast, en ce mois de novembre, qui vise à définir des breakpoints par espèces et à harmoniser l’approche au niveau européen. « L’étape suivante, ce ne sera pas les antibiogrammes, mais les CMI », a prévu Pierre-Louis Toutain.

Le prochain congrès de l’Afvac se déroulera du 26 au 28 novembre 2015 à Lyon sur le thème “autour de la chirurgie”. Le programme scientifique sera coordonné par Jean-Philippe Billet.

• ¹ Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1 605 du 14/11/2014 en pages 16 et 17, et la page 19 de ce numéro.