Solutions thérapeutiques lors de diagnostic précoce de dysplasie de la hanche chez le chiot - La Semaine Vétérinaire n° 1605 du 14/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1605 du 14/11/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters*, Alexandre Guillemot**

Fonctions :
*DESV de chirurgie, praticien au CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)

POINTS FORTS

– Les résultats des techniques chirurgicales chez le chiot sont satisfaisants si les indications et les contre-indications sont respectées.

– La symphysiodèse précoce offre de bons résultats.

– La triple ostéotomie du bassin et la double ostéotomie améliorent 80 à 90 % des chiens, si des critères d’inclusion stricts sont respectés.

Internet est aujourd’hui le média le plus consulté pour la recherche d’informations médicales : près de 75 % des propriétaires d’animaux de compagnie en font l’usage. Néanmoins, pour plus de 90 % des clients, le vétérinaire reste la source la plus fiable.

PRÉVENTION ET TRAITEMENTS CONSERVATEURS

Des facteurs favorisants sont identifiés dans le développement d’une dysplasie de la hanche chez le chiot : une vie en maison sur des sols glissants, des parquets ou comportant des escaliers, un excès calcique (qui induit un retard de la croissance du cartilage), une surcharge pondérale.

Des mesures hygiéniques simples permettent de réduire le développement de la dysplasie. L’expression clinique diminue avec l’exercice d’autant plus que celui-ci est quotidien, long et non brutal. La balnéothérapie avec une force d’appui de 5 à 15 % apporte une amélioration clinique identique à celle produite par des anti-inflammatoires (qui ne sont pas abordés dans cet article).

TRAITEMENTS CHIRURGICAUX

Symphysiodèse

Principe

La symphysiodèse se pratique de 3 à 5 mois et correspond à la fusion du cartilage de croissance par électrocoagulation : le bassin croît autour d’un point fixe et l’acétabulum vient recouvrir la tête fémorale. L’inconvénient de cette technique est le rétrécissement de la filière pelvienne.

Pour éviter de léser l’urètre ou le côlon au cours de la procédure, il convient de réaliser une boutonnière en région prépubienne et de passer le doigt sous la symphyse. Cela permet d’arrêter l’électrocoagulation dès qu’une sensation d’échauffement se fait sentir sur le doigt.

Résultats

Les résultats de cette technique sont satisfaisants, mais varient selon l’âge de réalisation : plus l’intervention est effectuée précocement, plus l’angle de recouvrement est important et meilleur est le bénéfice. Au-delà de 5 mois, la symphysiodèse semble ne plus avoir d’intérêt.

Une étude1 révèle que les résultats de la symphysiodèse sont bons pour un indice de distraction2 (ID) compris entre 0,4 et 0,7. Ils sont d’autant meilleurs que l’intervention est réalisée précocement, entre 12 et 16 semaines. En effet, 82 % de la croissance du bassin s’effectue entre l’âge de 0 et 17 semaines, et seulement 30 % entre 12 et 24 semaines. La deuxième partie de l’étude met en évidence une diminution de l’arthrose secondaire chez les chiots opérés : à 2 ans, elle affecte 85 % des animaux dans le groupe témoin versus 25 % dans le lot opéré. Au-delà d’un ID de 0,7, la symphysiodèse peut être pratiquée, mais une triple ostéotomie du bassin ultérieure est à envisager en sus. En deçà de 0,4, avec un test d’Ortolani positif, il convient de réévaluer l’animal à 16 semaines.

Ostéotomie du bassin

Principe

La triple ostéotomie du bassin (TOB) consiste à couper le bassin en trois endroits (pubis, ilium, ischium) pour provoquer un recouvrement de la tête fémorale par l’acétabulum à l’aide d’une plaque spécifique. Cela évite la subluxation de la tête fémorale et augmente la couverture dorsale. La double ostéotomie (DOB) intéresse le pubis et l’ilium, et utilise la laxité osseuse. Elle n’induit pas de défaut de démarche, permet un suivi postopératoire bien plus court que la TOB (car le bassin est beaucoup plus stable) et apporte une meilleure couverture. Elle est cependant techniquement plus compliquée, sauf chez le jeune animal qui présente une bonne souplesse de la symphyse.

Sélection des animaux

Pour obtenir de bons résultats, les indications de ces ostéotomies sont de plus en plus restrictives : animaux de moins de 7 mois, avec une dysplasie modérée, un remodelage osseux minime, un test d’Ortolani positif, un angle de réduction inférieur à 30°, une conformation de l’acétabulum correcte, sans lésion osseuse ni arthrose (évaluées sur les radiographies). Ces interventions sont contre-indiquées lors d’hyperlaxité, d’arthrose ou d’aplatissement du cotyle.

En plus de l’incidence radiographique ventro-dorsale, il convient de réaliser une incidence avec le bassin perpendiculaire à la table afin de mettre en évidence le rebord dorsal du cotyle, qui doit atteindre un angle maximal de 170 à 180°. Une arthroscopie peut compléter le bilan préchirurgical.

Résultats

Lorsque ces conditions sont respectées, l’ostéotomie du bassin apporte 80 à 90 % de bons résultats. Le délai de récupération, pour obtenir un appui identique au membre controlatéral, est de 7 mois.

Complication

Le lâchage des implants est une complication de ces techniques chirurgicales.

EXÉRÈSE DE LA TÊTE FÉMORALE

L’exérèse de la tête fémorale ne doit pas être pratiquée lors d’amyotrophie, de parésie ou d’impossibilité de rééducation potentielle après l’intervention. Cette technique est recommandée en présence d’arthrose, chez un chiot de plus de 8 mois. La récupération fonctionnelle est plus rapide que lors de TOB ou de DOB (4 mois), mais le chien ne retrouve jamais un appui normal.

Si cette technique semble globalement satisfaisante (38 % de bons résultats, 20 % de satisfaisants, selon une étude), 42 % de mauvais résultats sont recensés. Les complications sont majeures : persistance d’une boiterie, raccourcissement du membre, atrophie musculaire, diminution de l’amplitude, luxation de la rotule.

PROTHÈSE DE HANCHE

L’indication majeure de cette technique est une coxarthrose invalidante chez un animal de plus de 10 mois, pesant plus de 20 kg. Quel que soit le type de prothèse, 95 % des résultats sont bons. Les complications sont une luxation coxofémorale ou le développement d’une infection (10 à 17 %). Les examens cliniques et complémentaires préopératoires doivent absolument écarter tout risque d’infection chez l’animal (abcès dentaire, pyodermite, etc.). La pose d’une prothèse n’est jamais une urgence.

DÉNERVATION DE LA HANCHE

Cette technique consiste à retirer le périoste dans la région craniale et dorsale de l’acétabulum afin d’éliminer les terminaisons nerveuses de la capsule. Une étude préliminaire en 2002 rapportait 92 % d’élimination de douleur dans les trois jours postopératoires. Elle a été contredite par une autre de 2009 qui ne révèle aucune différence significative. Notre confrère déconseille cette technique.

  • 1 Vezzoni A., Dravelli G., Vezzoni L. et coll. Comparison of conservative management and juvenile pubic symphysiodesis in the early treatment of canine hip dysplasia. Vet Comp Orthop Traumatol. 2008;21(3):267-79.

  • 2 Voir l’article « Diagnostic précoce de la dysplasie de la hanche », La Semaine Vétérinaire n° 1603-04 du 31/10/2014.

Pour en savoir plus

→ Dueland R.T., Adams W.M., Fialkowski J.P. et coll. Effects of pubic symphysiodesis in dysplastic puppies. Vet Surg. 2001;30 (3):201-17.

→ Patricelli A.J., Dueland R.T., Lu Y., et coll. Canine pubic symphysiodesis: investigation of electrocautery dose response by histologic examination and temperature measurement. Vet Surg. 2001;30(3):261-8.

→ Dueland R.T., Adams W.M., Patricelli A.J. et coll. Canine hip dysplasia treated by juvenile pubic symphysiodesis. Part I: two year results of computed tomography and distraction index. Vet Comp Orthop Traumatol. 2010;23(5):306-17.

→ Dueland R.T., Patricelli A.J., Adams W.M., et coll. Canine hip dysplasia treated by juvenile pubic symphysiodesis. Part II: two year clinical results. Vet Comp Orthop Traumatol.2010;23(5):318-25.

→ Vezzoni A., Dravelli G., Vezzoni L. et coll. Comparison of conservative management and juvenile pubic symphysiodesis in the early treatment of canine hip dysplasia. Vet Comp Orthop Traumatol. 2008;21(3):267-79.

→ Kinzel S., Hein S., von Scheven C. et coll. 10 ans d’expérience de dénervation de la capsule articulaire de la hanche pour le traitement de la dysplasie de la hanche et de l’arthrose [Article en allemand]. Berl Munch Tierarztl Wochenschr. 2002;115(1-2):53-6.

→ Lister S.A., Roush J.K., Renberg W.C. et coll. Ground reaction force analysis of unilateral coxofemoral denervation for the treatment of canine hip dysplasia. Vet Comp Orthop Traumatol. 2009;22(2):137-41.

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