Plus de 9 vétonautes sur 10 s’opposent à la vaccination par les pharmaciens

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits de la femme a présenté le projet de loi de santé “Changer le quotidien des patients et des professionnels de sant锹 le 15 octobre dernier. Celui-ci sera débattu à l’Assemblée nationale au début de l’année 2015.

Ce projet comprend trois axes « d’intervention prioritaires » : « prévenir avant d’avoir à guérir », « faciliter la santé au quotidien » et « innover pour consolider l’excellence de notre système de santé ». Dans ce dernier figure la mesure 15 intitulée « moderniser les pratiques des professions de santé ». Celle-ci intègre trois changements. Le premier concerne la création du métier d’infirmier clinicien, qui pourra notamment formuler un diagnostic et établir une prescription. Le deuxième envisage de faire évoluer le rôle et la place des sages-femmes en leur permettant de réaliser des interruptions volontaires de grossesse médicamenteuses et de prescrire des substituts nicotiniques. Enfin, le troisième entend « étendre les compétences de certains professionnels de santé » en termes de politique vaccinale. Ainsi, les sages-femmes auront la possibilité de vacciner l’entourage des mères et des nouveau-nés : le père, la fratrie, les grands-parents et les personnes impliquées dans la garde de l’enfant. Quant aux pharmaciens, « ils pourront pratiquer la vaccination », sans précision concernant les cibles populationnelles visées.

Déjà en conflit avec ce corps de métier à propos de la délivrance des médicaments, les confrères qui ont répondu à notre sondage en ligne sont irrités par cette possibilité de vaccination en officine. Certains dénoncent « le lobby des pharmaciens et leur pouvoir sur ce gouvernement, ainsi que leur impressionnante capacité à vouloir récupérer le travail des autres ! » D’autres rappellent, à juste titre, que « toute vaccination est censée être précédée d’un examen clinique digne de ce nom réalisé par un médecin : quid de celui-ci en officine ? » ou encore que « vulgariser la vaccination revient à vulgariser la médecine et à la dévaloriser ». Certains vont encore plus loin en demandant : « Et demain, ils pourront vacciner les chiens et les chats ? »

La colère monte, bien entendu, du côté des puéricultrices, des infirmiers et infirmières ou des médecins (généralistes et spécialistes) libéraux. Plusieurs syndicats de médecins ont lancé un appel à la grève pour la période du 24 au 31 décembre.

L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) déclare, quant à elle, dans un communiqué du 4 novembre dernier, qu’elle « n’y est pas favorable : la vaccination en officine pose plusieurs problèmes : mise à disposition de locaux certifiés, formation du personnel, responsabilité engagée, relations interprofessionnelles difficiles à gérer ». Néanmoins, elle ajoute que « le pharmacien est un professionnel de santé et qu’à ce titre, il pourra, dans des cas bien spécifiques pratiquer la vaccination ». Et de conclure que « la vaccination ne constitue pas la solution attendue pour permettre à l’officine d’améliorer sa situation économique ». Une petite précision amusante pour ceux qui auraient pensé au dicton « vouloir le beurre et l’argent du beurre, voire la crémière » vis-à-vis de cette mesure du projet de loi de santé…

• 1 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/151014_-_Dossier_de_Presse_-_Loi_de_sante.pdf