O. rhinotracheale : des isolats non hémolytiques plus virulents que les hémolytiques - La Semaine Vétérinaire n° 1605 du 14/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1605 du 14/11/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Karim Adjou

Ornithobacterium rhinotracheale (ORT) est à l’origine d’une maladie infectieuse hautement contagieuse des dindons et des poulets. L’infection est rapportée dans plusieurs pays du monde et s’ajoute au complexe des maladies respiratoires.

ORT est une bactérie en forme de bâtonnet Gram négatif, immobile, non sporulé, pléomorphe et poussant lentement. De plus en plus de souches d’ORT hémolytiques sont isolées à partir d’animaux issus d’élevages atteints. Une récente étude1 a été conduite aux États-Unis afin de déterminer si les souches d’ORT appartenant au phénotype hémolytique étaient associées ou non à un changement de virulence (les premiers cas d’isolats hémolytiques ont été rapportés aux USA en 2010).

PROTOCOLE

225 dindonneaux âgés de 4 semaines (vaccinés contre l’entérite hémorragique) sont répartis au hasard en neuf groupes hébergés dans des salles séparées. Trois groupes contrôles, trois lots inoculés avec la souche non hémolytique (NH) de terrain et trois autres avec la souche hémolytique (H) de terrain sont constitués.

Ainsi, 9 jours après la vaccination contre l’entérite hémorragique, les dindonneaux sont inoculés expérimentalement par les bactéries par voie intratrachéale : 0,2 ml de phosphate buffer solution (PBS) stérile + 108 UFC de l’isolat NH et la même dose d’isolat H. Les sérums sont analysés et les animaux pesés à J0, J7, J14 et J21 postinoculation. Des tissus pulmonaires sont prélevés pour réaliser des cultures et une étude histopathologique est menée sur cinq dindonneaux de chaque groupe à J7, J14 et J21 postinoculation.

RÉSULTATS

Les résultats de cette étude révèlent qu’en comparant les poids des dindonneaux contrôles, des oiseaux inoculés par la souche H et de ceux inoculés par la souche NH, ces derniers montrent une réduction du gain de poids considérable à J7 par rapport à ceux témoins. De plus, ils présentent des taux d’anticorps sériques contre l’ORT significativement élevés à J14 et J21 par rapport à ceux du groupe H. Par ailleurs, l’étude histologique des poumons met en évidence des lésions beaucoup plus sévères chez les dindonneaux infectés par la souche NH en comparaison avec celle H et cela à J7, J14 et J21.

Selon les auteurs, ces données suggèrent fortement que les isolats non hémolytiques prélevés du terrain sont plus virulents que les isolats hémolytiques. Ces résultats sont inhabituels, car les phénotypes hémolytiques sont toujours plus virulents chez d’autres espèces bactériennes.

  • 1 Walters J. et coll. Experimental comparison of hemolytic and nonhemolytic Ornithobacterium rhinotracheale field isolates in vivo, Avian Dis. 2014 Mar;58(1):78-82.

Pour en savoir plus

→ Numee S., Hauck R., Hafez H.M. Detection and typing of Ornithobacterium rhinotracheale from German poultry flocks. Avian Dis. 2012 Dec; 56(4):654-8.

→ Marien M., Nauwynck H., Duchateau L., Martel A., Chiers K., Devriese L., Froyman R., Decostere A. Comparison of the efficacy of four antimicrobial treatment schemes against experimental Ornithobacterium rhinotracheale infection in turkey poults pre-infected with avian pneumovirus. Avian Pathol. 2006 Jun; 35(3):230-7.

→ Chin R., Droual R. Interaction of Ornithobacterium rhinotracheale infection. In “Diseases of Poultry”, Iowa State Press, Ames 1997, p. 1012-1015.

→ Hafez H.M., Sting R. Investigations on Different Ornithobacterium rhinotracheale “ORT” Isolates. Avian Dis., 1999,34:1-7.

RAPPELS SUR LA MALADIE

→ L’affection est principalement marquée par une augmentation du taux de mortalité, un accroissement des coûts thérapeutiques, une hausse des saisies à l’abattoir et une diminution de la production des ©ufs. Chez l’espèce dinde, la maladie peut être observée chez des oiseaux mâles de plus de 14 semaines. Cependant, cette affection est également susceptible de toucher les jeunes dindonneaux âgés de 2 à 8 semaines. Le taux de mortalité varie de 1 à 15 % pendant la phase aiguë (8 jours). Les premiers symptômes sont une toux, des éternuements et un jetage, suivis, dans certains cas, d’une détresse respiratoire sévère, d’une dyspnée, d’un abattement et d’une sinusite. Les signes cliniques sont accompagnés d’une réduction de la consommation et de l’abreuvement. Chez les dindes reproductrices, les symptômes sont souvent associés à une chute de la production des œufs et à une diminution du taux d’éclosion. Chez le poulet, les signes cliniques apparaissent à l’âge de 1 mois avec un taux de mortalité de 2 à 10 %. Les symptômes sont un abattement, une diminution de la prise alimentaire et du gain de poids, un jetage nasal transitoire, des éternuements suivis d’un ©dème facial.

→ Les lésions macroscopiques les plus répandues sont localisées aux poumons et se manifestent par un œdème avec une hépatisation pulmonaire accompagnée d’un exsudat fibrino-purulent, une pleurésie et une aérosacculite. Une péritonite, une péricardite et une entérite peuvent aussi être observées.

→ Pour le diagnostic, les tableaux clinique et lésionnel sont de faible valeur. En effet, de nombreuses autres affections s’accompagnent de symptômes et de lésions similaires. Un diagnostic précis nécessite la détection ou l’isolement de la bactérie responsable (coloration immunohistochimique ou amplification génique PCR) et/ou une preuve indirecte par la mise en évidence d’anticorps sériques.

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