Contaminants du foin et troubles respiratoires

Les conditions de vie du cheval l’exposent à la poussière et aux minuscules particules respirables (moins de 5 µ), qui sont aspirées jusqu’aux alvéoles. Un cheval respire 3 000 particules par millilitre d’air, soit 12 millions à chaque inspiration !

LE CHEVAL, UNE ESPÈCE À RISQUE DE TROUBLES RESPIRATOIRES

→ La Recurrent Airway Obstruction (RAO) affecte les chevaux âgés de plus de 10 ans. Les signes cliniques sont présents au repos et déclenchés par la poussière. Une inflammation profonde des voies respiratoires liée à cette poussière, en particulier de foin, est notée.

→ L’Inflammatory Airway Disease (IAD) touche préférentiellement les jeunes chevaux (60 % de pur-sang âgés de 2 ans). Il n’y a pas de signe clinique au repos. Là aussi, une réponse à la poussière, avec des agents infectieux ou non, est observée.

Une approche globale de ces deux maladies est envisageable.

→ La pneumonie fongique est beaucoup plus rare et souvent associée à une immunité déficiente.

→ Les voies respiratoires supérieures sont également susceptibles de présenter des problèmes de conformation et des infections. La question de l’impact de l’environnement se pose également. Lors de pharyngite sur un déplacement dorsal du voile du palais, par exemple, il n’est pas pertinent d’opérer tant que celle-ci n’est pas prise en charge.

→ Les mycoses de poches gutturales sont un peu à part. Un lien entre la mycose et l’environnement du cheval n’est pas encore mis en évidence.

→ Concernant les saignements pulmonaires à l’exercice, plusieurs facteurs prédisposent à ce trouble, dont l’inflammation des voies respiratoires. Cette dernière peut être liée à l’environnement.

LE FOIN, SOURCE DE POUSSIÈRES ET DE MOISISSURES

Le foin est la première source de poussières en raison de son mode de fabrication. La paille joue, certes, aussi un rôle.

Concernant les moisissures du foin, Aspergillus est le plus important en nombre. Penicillium, Alternaria, Mucor, etc., sont également rencontrés.

La contamination du foin peut avoir lieu sur pied, lors de la fauche (les coupes sont de plus en plus courtes pour obtenir davantage de matière première), lors de la mise en balle, du stockage, de la distribution.

DE MULTIPLES ÉTAPES À RISQUE

→ Au champ. Il existe une légère contamination, car la terre n’est pas stérile. Les petites pousses sont recouvertes de terre où se trouvent des champignons : fisarium, néotyphodium, claviceps. Il faut notamment choisir des semences indemnes de ces derniers.

→ Durant la récolte. Lors du fauchage, davantage de débris sont récoltés. Plusieurs facteurs interviennent : la météo, la hauteur de la coupe, la rotation des cultures. Il est donc recommandé de faucher plus haut, d’avoir un séchage suffisant, un foin moins tassé, de petites balles. Le séchage en grange se développe également. Il diminue les moisissures, mais pas les poussières.

→ Au cours du stockage. C’est à cette étape qu’il y a la plus grande marge d’action. Un développement fongique (Aspergillus, Penicillium, en particulier) est susceptible d'intervenir. Cela peut être lié à un problème météorologique, à l’humidité à la mise en botte, au degré de pressage, aux conditions de stockage.

STOCKAGE ET DISTRIBUTION

→ Le stockage sous un abri est important.

→ Lors de la distribution, il est intéressant de poser un toit en distribution extérieure pour que le foin ne soit pas contaminé. Le cheval respire moins de particules lorsque celui-ci est proposé à terre et non en filet. En outre, il est indispensable de ne pas entreposer de foin ni au-dessus des box ni devant.

→ La ventilation de l’écurie est également essentielle.

→ Le transport est un milieu confiné. D’un point de vue médical, c’est une hérésie de distribuer du foin durant le transport. De plus, avec la tête fixée en hauteur, le cheval a du mal à expulser les particules.

→ Il existe des systèmes qui allient la photocatalyse et l’ionisation : cela fonctionne bien dans les hôpitaux. Est-ce le cas dans un environnement poussiéreux, tel que le box ? Le score de mycologie est moins important après une semaine, mais cette étude nécessite une confirmation sur des lots plus importants.

DES SOLUTIONS ALTERNATIVES

→ Pour les chevaux qui soufrent de RAO, il est possible de recommander des cubes de foin.

→ Le préfané est récolté plus humide, puis mis sous plastique. Une fois ouvert, il est à consommer rapidement.

→ Le trempage du foin permet de diminuer les particules tant que celui-ci est mouillé. Il convient de le tremper 20 minutes au minimum. Une perte de qualité des minéraux est notée. Le foin trempé est, en outre, peu appétent pour le cheval, pénible à gérer en hiver, et souvent mal préparé !

→ La machine pour stérilisation du foin élimine les micro­organismes. Le foin reste appétent et conserve la majorité de ses propriétés nutritives.