VÉTÉRINAIRE ET TECHNICIEN AGRI-ENVIRONNEMENT DANS LES CÉVENNES - La Semaine Vétérinaire n° 1602 du 24/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1602 du 24/10/2014

Reportage

Auteur(s) : Frédéric Decante

Thierry Dahier (N 91) travaille au parc national des Cévennes, où il est notamment chargé de la mise en place et du suivi des mesures agro-environnementales pour les exploitants.

Le premier signe distinctif est la voiture : une fourgonnette blanche avec le logo spiralé des parcs nationaux. Nous sommes dans les Cévennes, un parc national français habité, et Thierry Dahier, vétérinaire sorti de l’école de Nantes en 1991, y exerce la profession de technicien agri-environnement. Alors que Thierry Dahier et moi allons nous quitter, nous sommes arrêtés par une bergère qui passe l’été sur le mont Lozère : son troupeau a subi une attaque probable de loup la veille. Elle n’est pas vraiment remontée, mais elle s’inquiète simplement pour la suite. Thierry Dahier lui explique la procédure mise en place par le parc et la préfecture avec pour premier souci le diagnostic différentiel entre une attaque de loup ou d’autres carnivores.

Thierry Dahier a développé une capacité d’expertise peu commune quant au loup mais l’administration est passée par là : il n’est pas chargé de ce dossier, donc ce n’est pas lui qui répond ! Thierry Dahier renseigne simplement sur la procédure.

Un passage par les Taaf

Notre confrère a un parcours atypique : « Je suis fils d’agriculteur et si mes parents avaient eu une belle ferme, je serais agriculteur. Pour autant, je n’ai aucun regret car, dans ma vie, je suis allé d’envies en envies ». Thierry Dahier fait partie de ces anciens élèves nantais, ornithologue à leurs heures perdues, passés sous les fourches caudines du centre de soins de l’école. En fin de cursus vétérinaire, il suit une spécialisation à l’Institut en santé agro-environnement (Isae) de Rennes, commence par quelques mois d’aide en rurale. Il y rencontre un vétérinaire qui exerce seul avec une vie totalement inféodée à sa clientèle. Thierry Dahier n’y trouve pas son bonheur d’autant qu’il a, à l’époque, un projet ambitieux : partir en volontariat à l’aide technique dans les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf). Le chercheur en physiologie Le Mao l’accueille, puis l’envoie pendant 17 mois sur les îles Crozet travailler sur le manchot royal : « C’est une très belle expérience et au retour, cela donne un réseau, celui des anciens des Taaf, explique notre confrère. C’est grâce à cela que j’ai été informé de ce qui se faisait du côté du Mercantour autour du loup. J’ai pu alors commencer à travailler sur cette problématique allant de contrats courts en contrats courts ! Six en huit ans et, au bout, un grand doute. En effet, je n’avais aucune perspective stable en vue, alors que se terminait un programme Life avec des crédits dédiés. »

Spécialiste loup ou docteur vétérinaire ?

Dans ce cadre-là, Thierry Dahier voit s’ouvrir un poste d’ingénieur des travaux qui lui permet de pérenniser son activité autour des constats réalisés sur les dommages des loups : « Je découvre alors les méandres de l’administration, car pour postuler, il était nécessaire de présenter un diplôme universitaire, quel qu’il soit ! Il se trouve que celui de vétérinaire n’est pas reconnu comme diplôme universitaire. Je n’ai pas pu postuler alors que la définition du poste correspondait tout à fait à mon expérience de l’époque ! »

Un peu dépité, notre confrère se tourne alors, en 2002, vers un concours d’agent technique de l’environnement, puis, dans la foulée, en passe un second de technicien de l’environnement. « Je pensais que mon expérience serait prépondérante et j’y incluais ma qualification de vétérinaire. Mais lors de ce concours, le fait d’être vétérinaire devenait un handicap car, vu de l’extérieur, ce dernier est un professionnel très indépendant, peu enclin à s’adonner à la hiérarchie presque militaire de l’ONCFS1 et spontanément non programmé au port d’armes ! J’ai quand même réussi à convaincre mon jury. »

En 2004, Thierry Dahier devient chef de brigade à l’ONCFS dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il est ravi de ce poste, y développe une bonne expérience de terrain, poursuit son travail sur le loup et le réseau Sagir2 : « Je reconnais que le fait d’être vétérinaire ne m’a apporté aucune expérience supplémentaire. Je suis resté là, heureux de ma situation professionnelle, jusqu’en 2008. Mais ma vie personnelle et une nécessité de trouver, avec ma compagne et mes enfants, un lieu commun de travail et de vie, m’ont amené à postuler à ce poste au parc national des Cévennes. »

Un travail de moins en moins sur le terrain

Notre confrère est clair : sa carrière a été dictée par un choix, celui de privilégier le travail de terrain même si cela devient de plus en plus difficile à tenir. Aujourd’hui, il a en charge la mise en place et le suivi en zone centrale du parc des mesures agro-environnementales pour les exploitants. Il monte les dossiers, décrit les systèmes à travers un état des lieux, travaille avec l’éleveur à de nouvelles modalités de gestion et contractualise avec lui au nom de l’État. Il est également responsable de la gestion des propriétés de ce dernier dans le parc national des Cévennes et gère l’ensemble des autorisations de travaux à entrée agricole. « Je revendique mon statut de fonctionnaire de catégorie B, car plus on progresse hiérarchiquement, moins on fait de terrain. Par ailleurs, sur le fond et sur l’évolution de notre métier, il est clair que nos objectifs s’orientent de plus en plus vers des actions de développement durable. Aujourd’hui, nous sommes davantage en charge de projets avec les agriculteurs ou des filières courtes de commercialisation. Notre cœur de métier, la protection d’un espace défini, s’estompe petit à petit au profit d’actions de développement local, même si je comprends que les grandes problématiques environnementales dépassent aujourd’hui nos parcs nationaux. Elles sont effectivement souvent liées à l’activité humaine. Il est nécessaire de trouver des voies pour concilier les deux ».

  • 1 Office national de la chasse et de la faune sauvage.

  • 2 Réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres en France.

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