L’Ordre des vétérinaires dessine son avenir - La Semaine Vétérinaire n° 1602 du 24/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1602 du 24/10/2014

Congrès des élus ordinaux

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Auteur(s) : Marine Neveux

Modernisation de l’institution, questions relatives à la pharmacie, statut de l’animal, etc. Le congrès triennal des élus de l’Ordre est un lieu d’échanges, où les idées bouillonnent.

Le congrès des élus de l’Ordre des vétérinaires, qui s’est déroulé du 16 au 19 octobre derniers, s’inscrit dans une période particulièrement riche en actualités. À commencer par la loi d’avenir agricole, publiée au Journal officiel du 14 octobre 2014 et qui scelle les fondations de l’évolution de l’Ordre. Selon l’article 55, « le gouvernement est autorisé par ordonnance à redéfinir et à moderniser l’organisation et les missions de l’Ordre vétérinaire ». En outre, le Conseil d’État sera saisi au mois de novembre prochain à propos du Code de déontologie vétérinaire. L’actualité est également marquée par le contexte de chahut des professions réglementées, ainsi que le rappellent les propos du ministre de l’Économie ces dernières semaines1.

« Il est nécessaire de moderniser les fondements de cette institution, a martelé Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre (CSO), qui se félicite que ce modèle soit exporté hors de nos frontières. L’État confie un nombre croissant de missions à l’Ordre vétérinaire. Nous devons le moderniser pour mener ces missions d’une façon plus fonctionnelle. » Le concept du One Health et le rôle essentiel du vétérinaire en santé publique sont également soulignés. La présence de Gérard Larcher lors des débats de l’après-midi du 17 octobre dernier met en exergue la place essentielle du vétérinaire. Sa première sortie en terres lyonnaises et vétérinaires est plébiscitée en ces périodes d’inquiétudes des confrères.

Le vétérinaire au service de la santé publique

Abordant le sens de l’intérêt général, Gérard Larcher estime que « la formation reçue dans les écoles vétérinaires donne des atouts pour exercer des fonctions pour la Nation ». Les vétérinaires reçoivent, en effet, une formation scientifique et médicale. « Le diagnostic est la politique de l’écoute; le pronostic, l’écoute de l’impact sur nos futures décisions; le traitement, nos décisions. » Le vétérinaire, qui peut avoir un sens aigu du service public, est une « sentinelle dans le dispositif de lutte contre les maladies ». Il est un des maillons importants de la santé publique. « L’actualité relative à Ebola nous rappelle que c’est de la chauve-souris, donc d’un animal, dont il a été question concernant la propagation du virus. La culture du service public n’est pas une question de statut. La qualité tient à la formation reçue, mais aussi à la déontologie et à l’indépendance. »

Vétérinaire, sacerdoce in æternam

Gérard Larcher a également salué les confrères impliqués au Sénat, tels que Jean Bizet (A 72), récemment élu à la présidence de la commission des affaires européennes, André Trillard (A 70), secrétaire de celle des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, François Patriat (A 68), membre de la commission des finances.

Gérard Larcher a abordé les axes de réforme de l’Ordre en évoquant l’élargissement du champ d’action de ce dernier avec la loi d’avenir agricole et l’amélioration du service rendu au public. « Le Conseil supérieur de l’Ordre a d’ailleurs été un pionnier en confiant à des magistrats professionnels les chambres de discipline, ou encore en intégrant les usagers au Code de déontologie. » Il a également rappelé la mission qu’il avait confiée en 2010 à René Beaumont (L 64) sur la formation des vétérinaires2. Il y est notamment question de l’ouverture à l’international.

« Une profession ni fermée ni malthusienne »

« Incontestablement, la liberté d’installation et de circulation dans l’Union européenne a bien changé la donne. Et la notion de profession fermée n’a rien à voir avec les vétérinaires », a affirmé Gérard Larcher. 25 % des con­frères nouvellement inscrits à l’Ordre sont des ressortissants d’un autre pays de l’Union européenne. « La profession n’est ni fermée ni malthusienne, a-t-il constaté. Nous serons attentifs pour qu’au Sénat, il n’y ait pas de raccourci. »

L’inquiétude relative au réseau rural des vétérinaires « est un sujet auquel nous devons réfléchir collectivement, car l’enjeu de santé publique est important. Il en va de même pour l’intégration des professionnels : l’intérêt de santé publique pourrait passer au second plan ».

Un besoin d’équilibre

À propos du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) qui anime l’actualité depuis cet été, Gérard Larcher a déclaré : « Je comprends que l’allégement des normes soit souhaité, mais il convient de peser les bonnes gestions précédentes. Peut-être faut-il faire évoluer certaines règles, mais sans abandonner les fondamentaux, au risque de perdre ce qui a fait ses preuves ». Notre confrère a posé la question de la manière dont il convient de faire évoluer les médicaments, qui ne sont pas des produits banals. « Je sais que l’Ordre n’est pas opposé à une grande transparence sur le prix des médicaments et qu’il y a des inquiétudes concernant Internet ». Il doit toujours y avoir un juste équilibre entre « la concurrence, la liberté et l’ordre public ». « En ces temps de doute, nous avons besoin d’équilibre  », a renchéri Gérard Larcher face à un auditoire conquis. « Il faut bien qu’il y ait des référents qui inspirent confiance, et vous êtes de ceux-là. Vous illustrez le fait qu’une profession puisse assumer une mission de service public, qui est un concept extrêmement moderne ».

  • 1 Suivez cette actualité sur lepointveterinaire.fr

  • 2 Lire aussi notre article sur ce rapport du Sénat dans La Semaine Vétérinaire n° 1450 du 13/5/2011 en page 17.

L’AVIS DE STEPHEN BENSIMON, philosophe

Le thème du colloque intitulé « entre concurrence et déontologie, un Ordre modernisé, responsable et efficace  » a interpellé le philosophe Stephen Bensimon : « J’ai l’impression qu’une inquiétude est traduite. » Le sujet correspond à une réalité de notre temps. « Une réalité ne signifie pas une fatalité, a-t-il poursuivi. Il convient de faire en sorte que l’Ordre ne soit pas conçu comme un vestige ou un obstacle, mais comme un moyen. Le rôle d’un Ordre n’est ni de se braquer ni de s’arc-bouter, mais d’accompagner ». Stephen Bensimon remonte aux fondamentaux de la déclaration universelle des Droits de l’homme et à la notion édictant que « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Il reconnaît ainsi que les médecins, par exemple, ont certes des privilèges, mais qui vont dans ce sens. De même que le Sénat et le peuple romain, mais quand le but est l’intérêt commun, ces privilèges sont nécessaires. « Oui, les élus tiennent leur fonction du peuple parce qu’ils remplissent des missions au service du public ».

Entrer dans un Ordre et non dans les ordres

Et de citer Henri Lacordaire : « Entre le fort et le faible (…), c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » Un monde libéral a d’autant plus besoin d’ordre et de repères, selon le philosophe. « C’est aussi une protection contre nous-mêmes. Il y a certainement des cas où il doit y avoir des boucliers contre des situations dangereuses. » Toutes les missions de service public reposent d’abord sur la sécurité. « La déontologie n’est ni un gros mot ni un fardeau ». La question du médicament n’a pas été oubliée : « Ce n’est pas seulement ce dernier qui n’est pas un produit comme un autre, c’est aussi le service. » Stephen Bensimon reconnaît l’attitude de service public dans laquelle travaillent les vétérinaires et estime que « nous n’avons pas à nous excuser de la façon dont nous travaillons. Intégrer un Ordre, ce n’est pas entrer dans les ordres, ni faire acte de pauvreté ». Le philosophe répondait ainsi aux propos grossiers d’Arnaud Montebourg. « Il faut recréer de la confiance là où elle est en train de s’effilocher. »

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