« Notre combat sur les médicaments vétérinaires à prescription médicale facultative, est le même que celui de lOrdre des pharmaciens. » - La Semaine Vétérinaire n° 1599 du 03/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1599 du 03/10/2014

ENTRETIEN AVEC MICHEL BAUSSIER, président du Conseil de l’Ordre des vétérinaires

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Auteur(s) : Marine Neveux

Les contacts avec Bercy ont-ils abouti ces derniers jours ?

Nous avons déjà adressé un courrier à M. Montebourg, puis à son successeur M. Macron en personne, pour témoigner de notre désaccord sur la forme et sur le fond du projet de loi « sur la croissance et le pouvoir d’achat ». Les 16 ordres professionnels viennent également de rédiger un communiqué commun sur le projet de réforme des professions réglementées. Nous avons aussi adressé un courrier à la DGCCRF1, car il convient de garder à l’esprit que les vétérinaires, en matière de réglementation, dépendent du ministère de l’Agriculture, mais aussi de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Nous devons veiller à un équilibre entre les règles de concurrence et de déontologie.

Après cette phase d’incertitudes, d’amalgames, où notre profession a été déshonorée, où nous avons été portés au pilori dans les médias comme ne satisfaisant pas les clients, etc., nous constatons, à la lecture du rapport (enfin !) disponible, que nous répondons à plus de 90 % des attentes de nos clients !

Dans les parties du premier projet de loi qui concernent les vétérinaires, c’est surtout le médicament qui est pointé du doigt. N’est-ce pas inquiétant ?

Notre combat sur les médicaments vétérinaires à prescription médicale facultative, est le même que celui de l’Ordre des pharmaciens. Nous devons nous opposer à la banalisation du médicament. La pharmacovigilance vétérinaire démontre, d’ailleurs, que ces médicaments (dont les antiparasitaires), vendus au-delà du circuit des ayants droit, sont ceux où on mesure le plus d’effets iatrogéniques. Un médicament vétérinaire n’est donc jamais un produit banal.

Il faut lutter contre l’automédication en médecine vétérinaire, car elle est encore plus dangereuse qu’en santé humaine, dans le sens où elle a un impact direct sur la santé publique et celle du consommateur.

La question n’est pas d’obtenir un prix du médicament moins élevé pour ce dernier afin qu’il consomme plus; il doit consommer moins et mieux. Comme je l’ai rappelé déjà à d’autres occasions : le meilleur antibiotique est le plus cher, car c’est celui qui sera prescrit avec le plus de vigilance et celui que le client sera le moins tenté de consommer. La règle est finalement valable pour tous les médicaments ! Les grandes et moyennes surfaces ne cultivent pas cette déontologie !

Dans le projet de loi, il n’est même pas prévu qu’il y ait un vétérinaire au sein des grandes surfaces pour ces médicaments à prescription facultative ?

Cela démontre, là encore, l’insuffisance de prise en compte du médicament vétérinaire par Bercy. Lorsqu’il concerne un animal, le ministère de l’Économie considère qu’il s’agit d’un « sous-médicament ». Raison de plus pour attirer la vigilance sur les dérives d’éventuelles évolutions de la loi.

Vous réaffirmez aussi la nécessité d’un maillage territorial des professionnels…

Nous soutenons la position des pharmaciens. En effet, nous sommes attachés à ce qu’il y ait un maillage pharmaceutique sur tout le territoire, de même qu’il existe un maillage vétérinaire.

Les professions réglementées sont aussi “vent debout” contre l’ouverture de leur profession à des capitaux extérieurs. Les vétérinaires n’ont-ils pas déjà été confrontés à cette réflexion ?

Je me suis battu pour que l’on conserve la majorité des parts, tant dans le droit de vote que dans la capital des sociétés. À l’époque, nous n’avions pas bénéficié de la solidarité issue d’un mouvement commun de toutes les professions libérales soumises aux mêmes effets d’annonce. En tant que profession de services, nous étions mis à part en quelque sorte. Il suffit de se remémorer les propos de l’ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Nous avons mené ce combat seul, et nous avons pu conserver la majorité des votes et du capital pour les vétérinaires en exercice au sein de la société.

Aujourd’hui, je suis favorable à remettre ce débat sur le tapis dans le cadre de cet élan de solidarité entre les professions. Après tout, pourquoi ne pas revenir à 25 %, quand une majorité des professions libérales réglementées françaises plaident le 0 % ?

  • 1 Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

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