Entreprise
PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS
Auteur(s) : Lorenza Richard*, Philippe Dorchies**
Fonctions :
*parasitologie et maladies parasitaires, ENVT
Alors que de nouveaux foyers de tuberculose bovine sont découverts en France, des publications récentes indiquent que la sensibilité des tests de dépistage de la maladie est diminuée (faux négatifs) lors d’une infestation par Fasciola hepatica. Notre confrère Philippe Dorchies a analysé ces informations et présenté les résultats lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires, en mai dernier, à Reims.
L’immunité induite par la fasciolose est complexe et des interférences existent avec la tuberculose bovine. Notre confrère rappelle, en effet, qu’une infestation parasitaire par des helminthes provoque une réaction immune de type Th2 qui inhibe la voie Th1, ce qui rend l’organisme plus sensible aux infections par les bactéries, les virus et les protozoaires, et diminue les réponses vaccinales.
Dans le cas de la fasciolose, les résultats d’une enquête épidémiologique sur des troupeaux de Grande-Bretagne1 révèlent une forte association spatiale négative entre le diagnostic de la tuberculose par intradermoréaction et la présence du parasite. L’augmentation de la prévalence de détection de la tuberculose est estimée à 17,5 % en l’absence de fasciolose (elle passerait de 35,5 à 53 %).
Des infections expérimentales par le BCG ou par Mycobacterium bovis montrent que les dépistages par intradermoréaction comparative (IDC) ou par l’interféron gamma (IFNγ) sont minorés entre 3 et 20 semaines après l’inoculation chez les animaux coinfectés par F. hepatica. Par exemple, chez des veaux de 6 à 8 mois infestés expérimentalement2 par le parasite (150 métacercaires), puis quatre semaines après par M. bovis, la réponse en IFNγ (cytokine majeure de la voie Th1) est significativement inférieure entre trois et cinq semaines suivant l’infection par la mycobactérie. À ce moment-là, les douves sont âgées de 7 à 9 semaines et qualifiées “d’immatures tardives” (période prépatente de F. hepatica de 12 semaines chez les bovins).
Ces résultats sont obtenus dans des conditions souvent assez éloignées des situations rencontrées sur le terrain en termes d’infection par M. bovis et d’infestation par F. hepatica, mais ils sont cohérents entre les études. Ils confirmeraient une inhibition de la voie Th1 de la réponse immune. La baisse d’intensité des tests IDC et IFNγ serait liée à la production d’IL-4, supérieure chez les coinfectés.
Toutefois, l’impact réel sur le terrain est difficile à estimer, et il n’est pas aisé d’extrapoler la diminution de sensibilité, notamment dans les zones de résurgence de la tuberculose où le statut parasitaire des troupeaux est inconnu. Les prophylaxies collectives permettent actuellement le contrôle de l’infection. Cependant, les modalités d’organisation d’un contrôle efficace sont à définir.
En effet, les résultats d’une étude3 sérologiques montrent une prévalence de sérologies Elisa-F. hepatica positives supérieures chez les animaux non réagissants à l’IDC (84,7 % versus 79,3 % chez les vaches laitières, 71 % versus 70,3 % chez les allaitantes). Cela mettrait en évidence une diminution de la réceptivité (pourcentage d’infection), soit à M. bovis chez les bovins parasités par F. hepatica, soit à F. hepatica chez ceux infectés par M. bovis. Ce qui signifierait que l’infestation d’un bovin par l’un des deux agents diminuerait sa probabilité de l’être par l’autre.
Ces résultats ne sont pas confirmés, et notre confrère nous conseille de rester vigilants, surtout actuellement, alors que des nouveaux délais de sécurité sont mis en place pour les douvicides, ainsi que des temps d’attente pour l’oxyclosanide. Enfin, des publications récentes sembleraient, au contraire, indiquer qu’une infestation par F. hepatica n’affecterait pas la réponse en anticorps à des antigènes vaccinaux d’agents infectieux respiratoires. Notre confrère nous donne rendez-vous en mai 2015 lors des prochaines journées nationales des GTV pour apporter des précisions sur ce sujet.
1 Claridge J., Diggle P., McCann C.M. et coll. Fasciola hepatica is associated with the failure to detect bovine tuberculosis in dairy cattle. Nature Communications. 2012;3 (853), doi:10.1038/ncomms1840.
2 Flynn R.J., Mulcahy G., Welsh M. et coll. Co-infection of cattle with Fasciola hepatica and Mycobacterium bovis – Immunological consequences. Transboundary and emerging diseases. 2009;56 (6-7).
3 Defra. Rapport final sur projet de recherche. Pathogenesis and diagnosis of tuberculosis in cattle-complementary field studies. 2005:48 pages.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire