Ostéosarcome du col du fémur chez un golden retriever - La Semaine Vétérinaire n° 1597 du 19/09/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1597 du 19/09/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Bertrand Vedrine

Fonctions : CES de traumatologie ostéo-articulaire et orthopédie animales, DIU de cœliochirurgie, DU de microchirurgie, praticien à Rouen et à Boos (Seine-Maritime)

CAS CLINIQUE

Un golden retriever mâle de 3 ans est présenté en consultation pour une boiterie importante du postérieur droit apparue progressivement depuis un mois environ.

Examen clinique

Le chien présente un bon état général. Au niveau orthopédique, l’examen à distance met en évidence une conservation de l’appui, mais une boiterie nette avec une démarche chaloupée. Les propriétaires rapportent un refus de jouer, des difficultés à se lever et à monter en voiture.

À l’examen rapproché, la musculature des fessiers est symétrique et jugée normale. La mobilisation de la hanche droite est douloureuse en extension et en abduction, bien que la mécanique articulaire semble bonne. Le reste de l’examen orthopédique du membre est normal, ainsi que celui de la hanche gauche.

Examens complémentaires

En raison d’une forte suspicion de dysplasie de la hanche, un examen radiographique est réalisé. Il ne montre pas de dysplasie importante. En revanche, une zone de diminution de la densité osseuse, elle-même entourée par une autre hyperdense, est notée au niveau du col du fémur droit (voir photos 1 A et B).

Un examen tomodensitométrique est effectué. Il révèle la présence d’un phénomène tumoral agressif qui a provoqué une importante lyse osseuse du fémur proximal et une fracture secondaire du col du fémur (voir photos 3 et 4). Un bilan d’extension réalisé au moyen de radiographies thoraciques ne montre pas d’anomalies.

Traitement

Les choix thérapeutiques sont fortement limités. Une stabilisation chirurgicale de la fracture a peu de chance d’aboutir à une cicatrisation osseuse et les implants risquent de ne pas avoir une accroche suffisante pour assurer leur maintien dans cet os porotique. La pose d’une prothèse de hanche n’est pas recommandée lors de processus néoplasique. Une résection de la tête fémorale est donc décidée, à but antalgique et diagnostique (voir photo 2). L’analyse histologique révèle la présence d’un ostéosarcome du col du fémur de sombre pronostic.

Les propriétaires ne souhaitent pas recourir à un protocole de chimiothérapie, ni à une amputation du membre de leur chien. Ce dernier reçoit du firocoxib (5 mg/kg/jour per os) et du tramadol1 (5 mg/kg/jour per os, en deux prises quotidiennes), mais son état se dégrade rapidement. Le tramadol est remplacé par de la morphine (sous forme de microgranules, 0,3 mg/kg/jour per os, en trois prises quotidiennes). Le chien est euthanasié moins d’un mois après l’intervention, la douleur ne pouvant plus être contrôlée.

DISCUSSION

Épidémiologie

L’ostéosarcome est la tumeur osseuse la plus fréquente chez le chien. Elle représente 85 % des tumeurs du squelette. Les ostéosarcomes appendiculaires sont principalement rencontrés chez des animaux de grandes races (90 % des ostéosarcomes affectent ceux de plus de 15 kg), adultes ou âgés (pic de diagnostic vers 7 ans), même s’il est possible d’en diagnostiquer chez de plus jeunes chiens, comme dans le cas décrit. Certaines races, telles que le golden retriever, le boxer ou le rottweiler, etc., seraient prédisposées à développer des ostéosarcomes.

Au niveau des os longs, les ostéosarcomes sont généralement situés “loin du coude et près du grasset”, le radius distal et l’humérus proximal étant les plus souvent atteints. La localisation au fémur proximal est moins fréquente.

Principaux symptômes et diagnostic

Les symptômes sont souvent insidieux, avec l’apparition progressive d’une boiterie dont l’origine n’est pas toujours déterminée lors de la consultation initiale. Constante, la douleur s’aggrave au fur et à mesure de l’évolution du cancer. Elle est due aux microfractures ou à l’atteinte périostée lorsque la tumeur s’étend du canal médullaire. Une fracture pathologique peut intervenir secondairement lorsque l’os est trop faible pour supporter les contraintes imposées par le poids du chien lors de son activité.

Le diagnostic de certitude nécessite la réalisation de biopsies osseuses. Un bilan d’extension est également nécessaire (radiographies du thorax, échographie/ponction des nœuds lymphatiques régionaux, etc.).

Choix du traitement

Les options thérapeutiques sont limitées : l’amputation du membre concerné est souvent proposée à but antalgique. Certaines techniques de conservation du membre sont également décrites (endoprothèse métallique, allogreffe ou autogreffe corticale, etc.).

Pronostic

Le pronostic des ostéosarcomes est sombre. L’amputation ne permet pas d’accroître sensiblement l’espérance de vie (trois à quatre mois), des métastases étant généralement présentes au moment du diagnostic. Une chimiothérapie adjuvante (cisplatine, carboplatine, lobaplatine, doxorubicine) est susceptible d’augmenter celle-ci jusqu’à un an environ. L’administration d’anti-inflammatoire anti-Cox-2 est également intéressante, car 77 % des ostéosarcomes expriment la Cox-2.

  • 1 Spécialité de médecine humaine.

Bibliographie

Chun R., De Lorimier L.P. Update on the biology and management of canine osteosarcoma. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2003;33(3):491-516. Dobson J.M. Breed-predispositions to cancer in pedigree dogs. ISRN Vet Sci. 2013: Article ID 941275. Dernell W.S., Straw R.C., Withrow S.J. Tumor of the skeletal system. In: Small Animal Clinical Oncology. 4th ed. Philadelphia Saunders 2001:378-417. Liptak J.M., Dernell W.S., Ehrhart N. et coll. Management options for canine appendicular osteosarcoma: curative-intent treatment. Compend Contin Educ Pract Vet 2004;26:186-97. Liptak J.M., Pluhar G.E., Dernell W.S. et Coll. Limb-sparing surgery in a dog with osteosarcoma of the proximal femur. Vet Surg. 2005;34(1):71-77. MacEwen E.G., Kurzman I.D. Canine osteosarcoma: amputation and chemoimmunotherapy. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 1996;26(1): 123-33. Mullins M.N., Lana S.E., Dernell W.S. et coll. Cyclooxygenase-2 expression in canine appendicular osteosarcomas. J Vet Intern Med. 2004;18(6):859-65.
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