Bilan des connaissances actuelles sur l’infection à Streptococcus suis - La Semaine Vétérinaire n° 1596 du 12/09/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1596 du 12/09/2014

Formation

PORCS

Auteur(s) : Corinne Marois-Créhan*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*Anses, laboratoire
de Ploufragan-Plouzané
(Côtes-d’Armor).
Article tiré de la conférence
présentée lors des journées de
l’AFMVP à Paris, en décembre 2013.

Streptococcus suis est une bactérie responsable de méningite, d’arthrites, de polysérites, de pneumonie, de septicémie et de mortalité chez le porcelet âgé de 6 à 10 semaines et, dans une moindre mesure, les porcs à l’engraissement. Toutefois, tous les sérovars n’entraînent pas de maladies et le pouvoir pathogène peut varier au sein d’un même sérovar.

Considéré comme un agent de contamination secondaire des infections respiratoires, S. suis a été retrouvé dans 6,4 % des poumons contrôlés à l’abattoir par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)1 en 2012 (issus du contrôle des poumons de quelque 3 700 porcs de 125 exploitations). Les animaux survivants hébergent la bactérie et sont à l’origine d’autres contaminations dans l’élevage, directes (voie aérienne, morsure, etc.) ou indirectes. La bactérie peut effectivement survivre dans l’environnement. Les conditions d’élevage et la nourriture influent sur l’apparition de l’infection. Un aliment dépourvu de sel et de composition vitaminique modifiée favoriserait, par exemple, la multiplication de la bactérie dans l’intestin2. Les porcs survivants peuvent présenter des séquelles provoquant la saisie de la carcasse à l’abattoir. Même sans lésion visible, la viande est susceptible d’être contaminée.

LE SÉROVAR 2 DOMINE

Les suspicions cliniques et lésionnelles chez le porc sont à confirmer par un diagnostic bactériologique. Les différents tests sérologiques développés, notamment Elisa, se révèlent, en effet, être tous peu spécifiques. L’idéal serait d’amener au laboratoire le porc mort ou moribond et sans qu’il ait subi aucun traitement antibiotique. Cependant, des prélèvements des tissus lésés peuvent être envoyés, à 4 °C si le délai d’acheminement ne dépasse pas 24 heures, ou congelés dans le cas contraire. Des écouvillonnages amygdaliens peuvent également être effectués chez des animaux vivants. Toutefois, ils sont polyinfectés et les chances d’isoler la bactérie sont faibles. Pour les porteurs asymptomatiques, des techniques dérivées de la biologie moléculaire sont à utiliser.

S. suis compte actuellement 29 sérovars. En France, le sérovar 2 est dominant. 95 souches du serovar 2 d’origines humaine et porcine sont typées. La souche de référence de ce dernier, isolée chez le porc (S735), a été récemment séquencée3. Deux tests real time polymerase chain reaction (rtPCR) ont été développés et permettent de quantifier les sérovars. Une méthode de typage moléculaire fondée sur le séquençage de sept gènes de ménage (MLST) a également été élaborée.

Il n’existe pas de vaccin efficace, mais les autovaccins permettraient de réduire ou de supprimer la mortalité. Le traitement consiste en l’administration de β-lactamines, auxquelles les souches sont le plus souvent sensibles, alors qu’elles peuvent être résistantes aux tétracyclines et aux macrolides-lincosamides-streptogramines. Le sérotypage est à réaliser afin de cibler le traitement des sérovars majeurs responsables d’infections graves.

UNE ZOONOSE ÉMERGENTE DEPUIS 2005

La manipulation des animaux peut être à l’origine d’une zoonose professionnelle (vétérinaire, éleveur, personnel d’abattoir, etc.) contractée par une blessure cutanée, la voie respiratoire ou alimentaire. Cette dernière est notamment envisagée, car des sérotypes virulents de la bactérie ont été isolés chez des personnes éloignées de tout élevage porcin. La bactérie peut survivre dans la viande six semaines à 4 °C4. Chez l’homme, la maladie se manifeste par des méningites, des septicémies ou des endocardites susceptibles de provoquer la mort, sans traitement adapté, ou des séquelles (surdité, diplopie, ataxie). Le sérovar 2 est le plus largement impliqué, devant le 14 et les sérovars 4 et 16 (plus rarement). Une souche hypervirulente, de type ST-7, sévit en Chine. Elle dérive du complexe ST-1 largement répandu en Europe chez le porc et l’homme. Depuis 2005, l’infection est considérée comme une zoonose émergente.

Chez l’homme, l’antibiothérapie se révèle efficace si elle est entreprise précocement, mais les cas humains sont sans doute sous-estimés en Europe, notamment en France.

  • 1 Fablet C., Marois C., Dorenlor V. et coll. Bacterial pathogens associated with lung lesions in slaughter pigs from 125 herds. Res. Vet. Sci. 2012;93:627-630.

  • 2 Drum S.D., Hoffman L.J. Unusual S. suis type 2 disease on two farms feeding incorrectly formulated nursery feed. J. Swine Health. Prod. 1998;6:217-218.

  • 3 Boyle B., Vaillancourt K., bonifait L. et coll. Genome sequence of the swine pathogen Streptococcus suis serotype 2 strain S735. J. Bacteriol. 2012;194:6343-6344.

  • 4 Clifton-Hadley F.A., Enright M.R., Alexander T.J. et coll. Survival of S. suis type 2 in pig carcases. Vet. Rec. 1986;118:275.

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