Se passer d’antibioprévention ? Oui, à plus de 78 % !

Entre les discussions qui entourent le projet de loi d’avenir agricole et l’avancement du plan ÉcoAntibio 2017, l’utilisation d’antibiotiques dans la pratique vétérinaire est en train de vivre une évolution marquante. C’était le médicament par excellence, prescrit pour soigner une maladie mais aussi pour la prévenir.

Avec les recommandations publiées par l’agence sanitaire (Anses) en juin dernier¹, qui seront mises en pratique dans les arrêtés fixant les bonnes pratiques d’antibiothérapie à paraître avant l’été 2015, les quelques confrères - presque 20 % des participants à notre sondage, tout de même ! - qui ne peuvent se passer d’antibiotiques en prévention vont devoir réviser leur pratique. Fini l’antibiotique “de couverture” utilisé lors de chirurgie de convenance, auquel sont prêts à renoncer 36,7 % de nos lecteurs. Le ministère de l’Agriculture a prévu des actions d’éducation et d’information destinées au grand public afin de les préparer à moins (et mieux) consommer d’antibiotiques chez les animaux de compagnie, à l’image de ce qui est fait en élevage, mais cela va demander un travail de longue haleine. En médecine humaine, le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatiques » a plus de dix ans, et après une légère inflexion de la courbe de consommation celle-ci est repartie à la hausse, montrant que l’objectif d’éducation du public et des soignants est loin d’être atteint.

Plus de 11 % de nos votants se disent prêts à restreindre le recours aux antibiotiques dans d’autres situations : « sur la très grosse majorité des chirurgies et sur une partie des consultations médicales pour lesquelles la piste infectieuse est une possibilité mais loin dans le diagnostic différentiel », ou encore pour des « interventions chirurgicales peu invasives ou de courte durée, comme l’exérèse de petits kystes cutanés ou la suture de plaies propres ». Autre motif avancé : « s’il existe un vaccin contre l’affection visée et/ou si des mesures hygiéniques peuvent la prévenir seules avec une probabilité suffisante. » Il s’agira en effet de bien raisonner son antibiothérapie, en suivant les lignes de conduites préconisées.

Il n’est pour l’instant pas prévu de sanction au non-respect des règles de bonnes pratiques². Cependant, contourner les règles de restriction de l’usage des antibiotiques critiques sera passible de 2 ans de prison et jusqu’à 150 000 € d’amende. Cela pourra s’appliquer aux prescriptions hors examen clinique, qui seront proscrites pour les molécules citées dans la liste (à paraître) de ces antibiotiques. Même sanction en cas de non-respect des règles de prescription et de délivrance ou pour compérage. La peine est plus lourde pour ceux (vétérinaires, éleveurs, propriétaires d’animaux, etc.) qui seraient encore tentés de contourner la loi en matière d’acquisition, d’importation et de détention des médicaments sur prescription (médicaments non autorisés achetés de l’autre côté de la frontière, ou par Internet) : jusqu’à 5 ans de prison et 375 000 € d’amende.

• 1 Voir notre dossier sur l’évaluation des modes d’utilisation des antibiotiques, dans La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/7/2014 en pages 23 à 28.

• 2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1594 du 29/8/2014 en page 26.