Aux origines animales de la médecine

Cet intéressant documentaire d’Arte semble indiquer que les premiers vétérinaires furent les animaux eux-mêmes. L’observation scientifique de l’automédication animale est toutefois récente. On la doit au primatologue américain Michael Huffman qui, en 1987 en Tanzanie, remarqua qu’une femelle chimpanzé malade s’était rétablie en ingérant des feuilles de Venonia amygdalina. Depuis, la pharmacopée des primates s’est notoirement enrichie – notre consœur Sabrina Krief (A 97) du Muséum y a beaucoup collaboré – et ce nouveau champ de recherche, appelé zoopharmacognosie, s’est élargi à d’autres espèces : mammifères (éléphants, rhinocéros), oiseaux (perroquets, passereaux), mais également insectes comme les papillons monarques qui, lorsqu’ils sont parasités, pondent leurs œufs sur une certaine variété d’asclépiade. Des mécanismes innés sont en jeu dans ces comportements ainsi que des apprentissages. Dans l’Utah, un chercheur est parvenu à conditionner des ovins afin qu’ils adaptent eux-mêmes leur alimentation selon leur état de santé. Une expérience pertinente à l’heure où le systématisme des aliments médicamenteux est pointé du doigt. Si l’on peut apprendre aux animaux, nous avons encore à apprendre d’eux. Les plantes qu’ils utilisent ont souvent démontré un intérêt médicinal pour l’homme et nous gagnerions aussi beaucoup à nous inspirer des médications préventives qui prévalent chez les animaux.

Les Animaux médecins de Benoît Grison, Caroline Hocquard et Jacques Mitsch, 2014, Arte France, K Production, Gedeon Programme, 52 min, diffusion le 29 août 2014 à 22 h 25 sur Arte.