Réintroduire une biodiversité chez la faune sauvage et en élevage ? - La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014

Colloque Anses-Sciences Po

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Faustine Sappa

L’Agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) et la chaire Développement durable de Sciences Po ont organisé, le 25 juin dernier à Paris, un colloque intitulé « Perte de biodiversité et vulnérabilité sanitaire des systèmes de production ». Morceaux choisis.

Diminution du nombre d’espèces élevées, réduction de la diversité génétique intraspécifique, etc. Telles sont quelques-unes des conséquences de l’intensification des systèmes de production agricoles et d’élevage de ces dernières décennies. Parallèlement, l’augmentation de l’offre s’est faite au travers de sélections génétiques qui privilégient les performances quantitatives et l’utilisation massive d’intrants aux impacts mal maîtrisés. Par conséquent, la crainte que cette perte de biodiversité conduise à une vulnérabilité accrue des systèmes de production est-elle justifiée ? Ce colloque organisé par la chaire Développement durable de Sciences Po et l’Anses avait pour objectif de tenter de répondre à cette question, ainsi que d’identifier des leviers d’actions en faveur d’une rediversification s’accompagnant d’une meilleure sécurité sanitaire du système alimentaire.

Explorations et enjeux à différentes échelles

Jean-François Guégan (Institut de recherche pour le développement) s’est intéressé à la vulnérabilité sanitaire des populations animales sauvages. « Lorsque les écosystèmes sont modifiés, avec une diminution de leur biodiversité, les espèces qui sont ou seront les mieux adaptées à ces nouveaux contextes risquent de se multiplier et d’accroître les contaminations, lorsqu’elles sont porteuses d’agents pathogènes transmissibles à l’homme (soit 62 à 72 % des agents zoonotiques). »

À l’inverse, une diversité spécifique riche en espèces hôtes diminuerait l’incidence d’infection chez les populations humaines, par effet de dilution. Il importe également de rappeler que les diverses espèces de vecteurs et/ou de réservoirs hôtes présentent des compétences différentes dans la transmission. Par ailleurs, il ne faut pas négliger le rôle des espèces de prédateurs manquantes dans la faune sauvage.

À l’échelle de l’élevage, la conservation de la diversité agricole passe notamment par une meilleure exploitation des différentes formes de résistance et de résilience1 : réintroduction de diversité génétique en production intensive ou utilisation d’individus d’espèces animales à compétence nulle dans la transmission infectieuse. Les systèmes anthropisés concentrent des espèces “généralistes” (à fort taux de reproduction et à résilience importante), qui investissent peu dans le système immunitaire et sont donc très permissives aux agents pathogènes. Cependant, cela n’est pas sans contrepartie ! La réintroduction de races soulève des problématiques éthiques, économiques et politiques ou encore une perte de qualité gustative.

Quelles stratégies de sélection ?

Les enjeux de diversité génétique dans les systèmes piscicoles, notamment des salmonidés, ont fait l’objet d’une présentation de Ségolène Calvez (Oniris). La volonté d’une homogénéité des élevages en termes de croissance, d’alimentation et de comportements, a conduit à une diminution de la diversité génétique. Concernant les salmonidés, les débuts de la sélection expérimentale, puis commerciale, remontent aux années 1960-1970. Le monosexage, pour obtenir des lignées exclusivement femelles à la maturité plus tardive, et la triploïdisation, qui consiste à inhiber la maturation sexuelle, donc à produire des lignées stériles, permettent de limiter les mélanges génétiques avec les espèces sauvages. Ces techniques ont pour but d’augmenter la taille et la qualité des poissons. « La pisciculture est la première production animale aux États-Unis, où nous ne sommes pas loin d’assister à une autorisation de mise sur le marché d’un organisme génétiquement modifié par transgénèse », a souligné Ségolène Calvez. En France, la sélection assistée par des marqueurs moléculaires est privilégiée. Des travaux sont en cours autour d’un axe de recherche fort : la résistance aux maladies.

Pierre Mormède, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), a proposé quelques pistes de réflexion autour de la question de la réintroduction de la robustesse dans la sélection animale. En effet, l’intense sélection génétique pratiquée depuis plusieurs décennies est fondée presque exclusivement sur les caractères de production. Or, celle-ci est souvent rendue responsable de l’apparition de problèmes dits “fonctionnels” (difficultés de reproduction, problèmes d’aplombs et de sensibilité aux maladies respiratoires, digestives ou dues au stress, cellularité du lait, etc.). Selon Pierre Mormède, l’une des possibilités pour améliorer le caractère durable de l’élevage réside dans l’obtention d’animaux plus “robustes”, c’est-à-dire la capacité de l’animal à exprimer son potentiel de production en étant moins sensibles aux effets négatifs d’une large gamme d’environnements, sans compromettre sa santé physique et son bien-être.

  • 1 La résilience désigne la capacité des animaux à s’adapter aux perturbations de l’environnement.

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