L’impact du stress et de la douleur sur les vaches et leurs veaux

La conduite d’élevage laitier peut avoir un impact important sur la santé du veau à naître », a expliqué Kenny Rutherford, chercheur en comportement et bien-être animal au Scotland’s Rural College (SRUC) d’Édimbourg, lors du septième forum d’experts du bien-être des animaux de rente, organisé par Boehringer Ingelheim le 13 juin dernier, à Madrid. Le stress thermique, par exemple, est susceptible d’avoir un impact significatif sur le poids de naissance. La santé des mères est également importante : les veaux issus de vaches qui ont un taux cellulaire élevé présentent un risque accru de maladies respiratoires.

Le stress social

La douleur est un facteur de stress important. Kenny Rutherford a relevé que ses causes fréquentes – les boiteries, les mammites et les blessures – ne sont pas toujours gérées de façon adéquate. Cependant, les facteurs de stress social (y compris les changements de groupes des vaches taries ou la densité de population) figurent « parmi les plus importants et les plus ignorés ». Dans certains élevages, la santé et la nutrition sont gérées « à la perfection », mais trop peu d’attention est portée aux interactions sociales. « Ceux-ci devraient revoir leur conduite et arrêter de traiter les vaches taries comme des animaux de “deuxième catégorie” », a-t-il martelé.

« La dystocie est une condition très douloureuse, a rappelé Richard Laven (université de Massey, Nouvelle-Zélande). Dans une étude, des vétérinaires invités à évaluer la douleur attribuent une note de 7 à 8 sur 10 pour une dystocie “modérée” et 10 pour une césarienne. Proposer des analgésiques et des anti-inflammatoires efficaces lors de dystocie contribue donc à l’amélioration du bien-être et, probablement, de la productivité. »

Ce dernier recommande fortement l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), « le groupe de médicaments le plus efficace dans ces cas », au vu de leurs caractéristiques anti-inflammatoires et analgésiques. L’impact de la plupart d’entre eux sur la rétention placentaire est « très exagéré » et ne concernerait que la flunixine, selon certaines études. Pour une inflammation modérée, une seule injection devrait suffire, tandis qu’un traitement quotidien de plusieurs jours est recommandé lors de forte douleur.

Dystocie et impact sur le veau

La dystocie est connue pour son impact néfaste sur la production laitière, la fertilité et la santé, mais celui sur les veaux est souvent ignoré, souligne Marie Haskell, chercheuse en comportement et bien-être animale au SRUC (Édimbourg). Ses études révèlent que la mortalité périnatale constitue un problème majeur : dans près de 20 % des dystocies modérées (vêlages assistés par l’éleveur), le veau meurt pendant ou juste après le vêlage. La survie des animaux nés vivants est également affectée : ceux nés par vêlage assisté présentent un risque trois fois plus élevé de mourir avant la première insémination artificielle que ceux mis bas normalement.

Les études de Marie Haskell montrent également que la survie est inversement liée au nombre de personnes qui assistent au vêlage. La dystocie mène à des veaux moins vigoureux pendant les premières heures de vie. Seuls un tiers d’entre eux atteignent la mamelle dans les trois heures, avec une ingestion plus faible d’immunoglobulines et davantage de risques pour leur santé.

Chez la femme

Des parallèles avec la douleur d’accouchement ont fait l’objet d’une présentation par Patricia Lavand’homme, anesthésiologiste et directrice de l’unité de douleur postopératoire aiguë de l’hôpital universitaire Saint-Luc (Bruxelles). « L’accouchement sans douleur est un mythe, qui s’applique à moins de 1 % des femmes », a-t-elle souligné. Pendant de nombreuses années, de telles croyances, ainsi que les arguments religieux et la peur de l’effet des antalgiques sur les contractions et la santé du bébé ont freiné le développement de l’anesthésie obstétrique.

Actuellement, « la douleur sévère aiguë est présente chez 8 % environ des femmes après un accouchement par voie basse et chez 17 % après une césarienne », ce qui peut être inquiétant compte tenu du taux de césariennes (20 à 25 % dans l’Union européenne, 30 à 35 % aux États-Unis, 90 % au Brésil). C’est la sévérité de la douleur après l’accouchement et non la façon d’accoucher qui importe pour le développement d’une douleur persistante, dont le risque à deux mois est augmenté d’un facteur 2,5 et le risque de dépression postnatale d’un facteur 3. Le soulagement de la douleur immédiatement post-partum est un « droit humain », a conclu Patricia Lavand’homme. En ajoutant : « Et probablement aussi un droit animal ».