Deux invités de marque pour les journées annuelles

Les groupes d’étude en dermatologie des animaux de compagnie (Gedac) et en comportement des animaux familiers (Gecaf) ont profité de ce congrès commun pour établir des liens entre les deux disciplines. Deux invités de renom, Danny W. Scott (professeur de médecine, Cornell University College of Veterinary Medicine) et Boris Cyrulnik (psychiatre et auteur), sont également intervenus.

Adopter une approche pluridisciplinaire

La dermatologie et les affections comportementales sont deux disciplines qui se confondent parfois, notamment lors de dermatite de léchage chez le chien ou d’alopécie auto-induite chez le chat. Après avoir confronté leurs expériences, le Gedac et le Gecaf privilégient une origine dermatologique lors de lésions associées d’atteinte symétrique. Ils attirent l’attention des praticiens sur une comorbidité possible avec une dermatite due à une allergie aux piqûres de puce comme cause principale. Ils recommandent d’associer des traitements dermatologique et comportemental si l’état émotionnel de l’animal semble altéré ou lors de dermatite chronique. Par ailleurs, certains traitements à visée dermatologique, tels que les corticoïdes qui ont un effet transitoire et dose-dépendant, sont susceptibles d’agir sur le comportement. La tonte, les soins locaux ou la prise orale de ciclosporine peuvent également être anxiogènes.

Claude Béata a détaillé les atouts de la grille 4A dans le dépistage de déséquilibres émotionnels chez le chien, notamment au moment de la consultation pubertaire. Notre confrère a également annoncé la sortie prochaine d’une application pour iPad.

Danny W. Scott a rappelé que les causes allergiques sont responsables d’un cas de prurit sur trois chez les chiens et les chats. Celui-ci est alors symétrique et alésionnel au départ, même si la présence de griffes chez le félin entraîne l’apparition rapide de lésions. Concernant la gale sarcoptique, la mise en évidence d’un réflexe otopodal est un signe d’appel évocateur. En revanche, un chien au tableau lésionnel évocateur d’une gale et qui ne répond pas à un traitement acaricide correctement prescrit et appliqué est probablement un animal allergique.

L’instinct, une notion dangereuse

Boris Cyrulnik a captivé l’auditoire grâce à son analyse des rapports entre l’homme et l’animal. La notion d’instinct est apparue au XVIII^e siècle pour différencier l’homme, seul être doté d’une âme, des animaux. Avec le behaviorisme, cette notion a été reprise par l’idéologie nazie pour justifier la supériorité des races pures. Sans nier l’importance du patrimoine génétique, il est possible de modeler le développement du cerveau en agissant sur le milieu.

En outre, selon Boris Cyrulnik, les animaux maîtrisent la notion de symbole : les mots employés ont une valeur sensorielle, sonore, qui désigne un objet absent (valeur sémantique), sans toutefois atteindre la convention du signe. Des apprentissages préverbaux sont notés chez tous les êtres vivants. L’idée de se placer à égalité avec un animal n’est pas dégradante, car toutes les formes du vivant (animal ou végétal) sont respectables. La domestication soulève des questions éthiques, mais ne doit pas cependant conduire au véganisme, conséquence d’un sentiment d’extrême culpabilité et d’empathie excessive.