Les praticiens canins concernés

Notre confrère Jean-Yves Madec, directeur de l’unité Antibiorésistance et virulence bactériennes à l’Anses de Lyon, a rappelé que 85 % des antibiotiques sont utilisés aussi bien par les médecins humains, principaux décisionnaires au niveau politique, que par les vétérinaires. Pour conserver le droit de prescription, les praticiens canins ont leur rôle à jouer, car leurs conditions d’exercice et la proximité des animaux et de leurs propriétaires inquiètent les responsables de santé publique.

Depuis 2007, le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) centralise d’ailleurs les antibiogrammes et les identifications bactériennes de toutes les filières. Si la filière bovine est à l’origine d’environ un tiers des résultats d’antibiogrammes, la filière canine (chien et chat) représente dorénavant 16,5 % des données collectées. Avec les participants, Jean-Yves Madec a regretté que le coût de ces examens soit entièrement supporté par les propriétaires, mais a insisté sur l’importance de montrer la mobilisation et la responsabilité de la profession.

Sources d’inquiétude

Les plasmides de résistance des entérobactéries sont susceptibles de diffuser très rapidement, de manière horizontale, silencieuse, à toutes les bactéries en contact. Le même plasmide de résistance a ainsi été identifié dans des filières qui n’ont pas de rapport, et dans des localisations géographiques différentes. Chez les E. coli par exemple, la résistance à la céfovécine est acquise, avec 8 à 10 % de résistance chez les chiens et les chats. Les entérobactéries pourraient également poser problème dans la filière alimentaire, à côté des salmonelles.

Les résistances des bactéries Gram + sont portées au niveau chromosomique et diffusent moins rapidement, mais ces bactéries peuvent être responsables d’infections nosocomiales. Les staphylocoques sont ainsi pointés du doigt. Le chien est surtout porteur de Staphylococcus pseudointermedius qui, s’il pose de réels problèmes en dermatologie canine (15 % des bactéries sont résistantes à tous les antibiotiques), n’est pas pathogène pour l’homme. Les quelques exemples de chiens porteurs de Staphycoccus aureus résistant à la méthicilline (SARM) ont été contaminés par le propriétaire, ce qui souligne l’influence de la promiscuité entre les animaux de compagnie et leurs maîtres.