Journées de la SNGTV
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Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau
Les Journées nationales des GTV 2014 se sont déroulées à Reims du 21 au 23 mai sur le thème des examens complémentaires, avec l’antibiorésistance en toile de fond.
S’il y a une chose à retenir de l’édition 2014 des journées des GTV, c’est que les examens complémentaires sont à effectuer après l’examen clinique et celui des commémoratifs, et leur choix ne doit rien au hasard.
L’intention du comité scientifique était de décliner la thématique des examens complémentaires de manière pratique, en commençant par ceux accomplis au chevet de l’animal, en élevage, puis au cabinet, pour finir avec ce qui peut être délégué au laboratoire, voire référé même si cette pratique est moins courante qu’en médecine de ville. Qu’il s’agisse des conférences en salle plénière, traditionnellement réservées au thème principal du congrès, ou des ateliers thématiques, les examens complémentaires ont été exposés, détaillés et même disséqués sous toutes leurs formes pour les congressistes présents, venus nombreux à Reims (432 vétérinaires congressistes payants versus 425 en 2013 à Nantes). La fréquentation globale de cette manifestation continue cependant de baisser (1 131 badges cette année, contre 1 257 en 2013 et 1 374 en 2012), essentiellement en raison d’une participation plus réduite des ASV et des étudiants (une cinquantaine de moins qu’à Nantes), ainsi que des exposants.
Les jeunes vétérinaires sont davantage formés aux examens complémentaires que les anciennes générations. Les nouvelles techniques et les avancées technologiques vont toujours plus loin dans le diagnostic, au point d’amener les professionnels à se demander « jusqu’où doit-on aller ? », notamment dans l’identification des germes infectieux. Rien ne peut détrôner l’examen microscopique, traditionnel, peu onéreux et qui donne des résultats généralement rapides. L’autopsie, riche d’enseignements, offre de réelles opportunités diagnostiques, sous réserve d’oser la pratiquer et de savoir en déjouer les pièges, fausses lésions et artefacts. Une journée complète en atelier était proposée sur ce sujet, dont les présentations, agrémentées de nombreuses photographies et séances de questions-réponses, ont beaucoup intéressé les confrères.
De plus en plus utilisée en pathologie infectieuse, la détection d’ADN de germes pathogènes par polymerase chain reaction (PCR) donne des résultats si pointus que leur interprétation est parfois délicate, car la présence d’ADN bactérien ou viral n’indique pas si le germe trouvé est viable et impliqué dans la maladie ou pas. L’échographie et la radiographie gagneraient à être utilisées plus souvent : nos confrères québécois d’adoption, Pierre-Yves Mulon (A 01) et Sébastien Buczinski (A 02) l’ont bien démontré. Un peu d’entraînement est nécessaire afin d’interpréter correctement une échocardiographie de vache ou une radiographie, mais ce serait dommage de s’en priver, surtout lorsque le matériel est présent dans la structure vétérinaire, destiné à une clientèle équine ou canine. Les éleveurs et vétérinaires peuvent aussi compter sur le monitoring et les nombreux outils connectés désormais embarqués dans les ruminants : détection des chaleurs, d’une hyperthermie, surveillance de la rumination… En élevage laitier, il est également possible de collecter de nombreuses informations grâce aux logiciels de gestion des robots de traite.
Leurs limites, leur coût, le temps avant l’obtention d’un résultat sont autant de critères à prendre en compte dans le choix des examens complémentaires et analyses à effectuer. Décider de réaliser ces dernières au cabinet ou de transmettre les prélèvements au laboratoire dépend de l’urgence d’obtenir un résultat, de la compétence du praticien et des moyens techniques dont il dispose, ainsi que de la fiabilité des tests envisagés. Des arbres décisionnels sont proposés aux praticiens pour certaines situations (vache couchée, avortements, épidémiologie des infections mammaires).
Il n’y a pas toujours de consensus : tout dépend de l’objectif de l’examen. Ainsi, en matière d’antibiogramme, les avis divergent entre les “pour” et les “contre”. Christophe Hugnet (L 93) et Jean-Yves Madec (L 94) ont, tour à tour, présenté le point de vue du praticien et de l’épidémiologiste. Le premier a besoin d’un diagnostic rapide pour un traitement précoce. Pour lui, un antibiogramme n’est pas toujours utile. En revanche, le travail de l’épidémiologiste consiste à suivre, à plus long terme, l’évolution des souches pathogènes. L’important pour le praticien n’est donc pas de faire ou ne pas faire un examen complémentaire, mais surtout de bien déterminer dans quel objectif il sera, ou pas, effectué.
Temps fort du congrès, l’atelier dédié au plan Écoantibio 2017, qui sera présenté également lors des congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) et de l’Association vétérinaire équine française (Avef)1, a attiré bon nombre de confrères. Il faut reconnaître que les discussions, particulièrement animées, et la qualité des informations relayées donnent matière à réflexion. Il est désormais avéré qu’une utilisation raisonnée des antibiotiques a un effet bénéfique dans la réduction des résistances bactériennes. Adel Ben Ali, médecin référent en antibiothérapie, le confirme par ses observations en milieu hospitalier : lorsque le traitement anti-infectieux est réfléchi entre médecin traitant, microbiologiste et référent, une augmentation de la fréquence des souches sauvages, porteuses de moins de gènes de résistances, est observée. Pourtant, les médecins référents en antibiothérapie demeurent rares, une centaine pour environ 600 000 lits hospitaliers. Côté vétérinaire, l’idée de praticiens référents en région a été émise mais demeure, pour l’instant, dans les cartons. Cependant, Jaqueline Bastien (L 72) a présenté les fiches proposées par les différentes commissions afin de guider l’emploi des antibiotiques. Celles-ci seront disponibles sur le site de la SNGTV en juin.
La communication de Pierre-Louis Toutain (École nationale vétérinaire de Toulouse) interroge : le législateur pousse aujourd’hui à diminuer l’utilisation des molécules les plus récentes afin d’en (p) réserver l’efficacité et l’usage aux situations impliquant des bactéries résistantes ou multirésistantes en médecine humaine. L’exposition des flores commensales et des bactéries de l’environnement, qui est un important facteur de diffusion des gènes de résistances, pourrait être limitée en favorisant la dégradation des molécules d’antibiotiques et de leurs résidus, notamment dans les lisiers qui sont beaucoup plus efficaces que les fumiers. Privilégier l’élimination par voie rénale serait alors une solution. Pourtant, les antibiotiques les plus adaptés à cet objectif sont justement ceux que l’on cherche à moins utiliser.
Le manque de données scientifiques sur l’évaluation des thérapeutiques sous l’angle de l’antibiorésistance, sur la circulation des gènes de résistance entre animaux, humains, malades, sains, environnement, etc. est souligné. Il est également rappelé le besoin de réévaluer les autorisations de mise sur le marché (AMM) les moins récentes et d’adapter les schémas posologiques aux connaissances et attentes modernes. Le financement demeure un point noir, autant pour la recherche que pour la réévaluation des AMM.
Comme l’explique Adel Ben Ali, depuis l’avènement des antibiotiques le schéma d’utilisation est celui d’un cycling permanent (une molécule ou un produit nouveau chassant les anciens), alors que, d’un point de vue mathématique, le principe du mixing, avec une utilisation raisonnée de tous et une bonne adéquation des traitements à chaque situation, serait bien plus efficace.
STÉPHANIE PADIOLLEAU
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