Le guide Phénix sur l’euthanasie dévoilé

Cet outil est porté par Qualitévet et les organisations professionnelles vétérinaires, ainsi que l’a indiqué Jean-François Rousselot, vice-président de l’Association des vétérinaires pour les animaux de compagnie (Afvac), au cours de la séance académique du 15 mai. Le guide Phénix contient des informations et des conseils afin d’aider les confrères à surmonter les difficultés qu’ils peuvent rencontrer lors de la réalisation d’une euthanasie. En effet, les vétérinaires y sont particulièrement sensibles durant leur exercice. « L’euthanasie est un acte difficile, qui se pratique souvent dans un contexte passionnel, a rappelé Ghyslaine Jançon, du Conseil supérieur de l’Ordre (CSO). D’importants enjeux financiers peuvent également être en jeu. » Toutes les facettes de cet acte méritent par conséquent d’être abordées et anticipées.

Claude Béata, membre du collège européen de médecine comportementale vétérinaire, a expliqué la particularité de sa discipline. Cette dernière nécessite une certaine qualité de communication, car le diagnostic et le pronostic sont susceptibles de conduire à l’euthanasie de l’animal en dehors de sa santé physique. Si le praticien se trompe, il peut également mettre en danger le propriétaire et son entourage. « Le pouvoir de vie et de mort est très intime, a souligné Claude Béata. Il renvoie à l’expérience personnelle. Il est donc difficile d’en présenter une approche. »

L’euthanasie est différenciée de l’abattage et de la mise à mort : « Elle est individuelle et associée à la médecine. Il s’agit parfois du dernier acte thérapeutique. »

Check-list euthanasie (CLE)

« Ce guide ne peut exister que s’il repose sur le respect de la pratique de chacun, a poursuivi Claude Béata. Chaque confrère, dans sa pratique, fait de son mieux, mais nous pouvons tous avoir besoin de conseils. Il faut respecter une réglementation. » En outre, cet outil n’est certainement pas une liste « de directives qui pourraient un jour devenir opposables ».

L’idée, pour le praticien, consiste à dresser une check-list lors d’euthanasie. Elle remplace les affirmations par des questions, comme lors d’un voyage en avion. L’objectif est d’assurer la protection. L’information en est l’outil.

Il convient de se poser plusieurs questions, telles que « l’euthanasie est-elle autorisée ? » ou « le propriétaire peut-il avoir l’impression qu’il n’a pas eu le choix ? », etc.

Respecter les obligations réglementaires

Le guide aborde la partie réglementaire et les obligations. « La qualité ne se substitue pas à ces dernières », a insisté Ghyslaine Jançon. Le vétérinaire dispose d’une clause de conscience dans le Code de déontologie s’il ne veut pas effectuer une euthanasie. Celui-ci accorde une place au respect de l’animal, ainsi qu’à la prise en compte des relations entre le propriétaire et ce dernier. « Le vétérinaire est à l’écoute et adapte sa position aux circonstances. »

Le consentement éclairé est également à respecter et l’information explicite à diffuser à toutes les étapes : décision de l’euthanasie, déroulé, suites possibles, devenir du corps, coûts précis, etc. « Le vétérinaire est maître de sa technique d’euthanasie, mais il ne doit pas induire de souffrances inutiles à l’animal. » Le praticien s’assure aussi de la légitimité de la demande et du fait que l’euthanasie est réalisable (par rapport à un statut d’animal errant, dangereux, mordeur, etc.).

Le guide Phénix propose un formulaire qui recense les précautions minimales à prendre avant l’euthanasie.

En pratique selon les espèces

Selon Catherine Mège, vice-présidente de l’Afvac et praticienne canine, l’euthanasie fait partie de la pratique. Cet acte nécessite de s’adapter : « Il faut être capable d’écoute, d’empathie, mais aussi de bien communiquer durant toutes les étapes. » La prise de décision est tripartite. Elle dépend de l’animal, du propriétaire et du vétérinaire qui va effectuer l’euthanasie. « Cet acte est délicat, il fait appel à toutes les qualités du praticien. »

Chez le cheval, la problématique est induite par le statut particulier de l’animal, qui est « un animal à la fois de compagnie (avec tout ce que cela suppose en termes d’éducation et d’attachement), mais aussi de sport, avec une valeur économique et une motivation sportive », a développé Vincent Boureau, praticien équin et membre de l’Association des vétérinaires équins français (Avef). Chez les équidés, la notion de propriétaire recouvre en outre une autre problématique. L’interlocuteur n’est effectivement pas toujours facile à identifier.

Les espèces de rente présentent d’autres particularités, ainsi que l’a expliqué Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). « Il s’agit d’une relation professionnelle, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de sentiment. » En outre, l’acte d’euthanasie est effectué à la ferme, chez le propriétaire. Il importe donc de bien s’assurer que le matériel et l’environnement s’y prêtent. Le stockage des produits, ainsi que l’élimination des seringues et des aiguilles après l’acte doivent aussi être sécurisés, comme à la clinique, mais avec une particularité : les substances et le matériel se trouvent dans le véhicule du praticien. Il convient, enfin, de ne pas oublier le consentement et l’information sur les assurances. « Une attitude empreinte de dignité et d’attention » est également à adopter.