Comment maintenez-vous l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

Nous partons souvent en voyage en famille

Florence Dabenoc, praticienne canine à Sainte-Marie-aux-Chênes (Moselle)

Depuis que nous nous sommes installés ensemble, en 1996, nous n’avons eu de cesse, avec mon mari, de parvenir au meilleur équilibre entre travail et famille. Au début, notre vie c’était la clinique : 24 heures sur 24 ! Son développement était à ce prix. Mais, avec l’arrivée de nos enfants, nous nous sommes organisés pour leur consacrer un maximum de temps. Cela a commencé par l’embauche de salariés, afin de dégager des demi-journées dans la semaine. Nous avons ensuite mis en place un roulement interne pour les gardes, avant d’intégrer récemment celui qu’avaient mis sur pied les confrères de deux structures voisines. Par ailleurs, je ne fais plus les consultations pour ne me consacrer qu’aux interventions chirurgicales. Travaillant uniquement le matin à la clinique, j’assure l’ensemble de sa gestion chez moi : nous avons six ASV, quatre vétérinaires salariés et deux femmes de ménage. Même s’il m’arrive de prolonger tardivement mes soirées, je suis au moins présente lorsque mes enfants reviennent de l’école. Enfin, nous avons décidé, depuis quatre ans, de nous adonner en famille à notre passion pour le voyage. Nous employons en conséquence plus de salariés que notre chiffre d’affaires l’autorise, mais cela nous permet de partir entre dix et douze semaines par an. Faisant pleinement confiance à notre équipe, nous nous offrons ainsi régulièrement des parenthèses avec nos enfants, étant entièrement disponibles et tournés les uns vers les autres.

Mon temps libre se réduit comme peau de chagrin

Jean-Baptiste Courtois, praticien mixte à Mehun-sur-Yèvre (Cher)

N’ayant pas de raisons de me plaindre, je dois sans doute avoir trouvé un équilibre suffisant entre ma vie professionnelle et ma vie privée. J’exerce un métier passionnant et je ne gagne pas trop mal ma vie. Certes, il est exigeant et impose un rythme de vie usant, mais on finit par s’y habituer. Pour autant, à bien y réfléchir, je ressens quand même une dégradation de la qualité de mon temps libre. Sans doute l’âge y est-il pour quelque chose. On récupère moins vite à 56 ans qu’à 30 ans. La difficulté à trouver des associés en milieu rural est aussi un facteur qui conduit à étendre les journées. Pour fonctionner sereinement, notre clinique devrait compter cinq associés, ce que nous étions auparavant. Mais pour l’instant nous ne sommes que trois, même si la situation devrait évoluer avec, je l’espère, la venue d’un nouveau confrère. Quand on y ajoute l’inflation administrative qui, malgré les promesses de nos gouvernements successifs, ne se résorbe pas, bien au contraire, il s’ensuit un temps pour soi qui se réduit comme peau de chagrin ! Ce n’est pas gênant lorsque l’on bêche son jardin : on reprend son outil là où on l’a laissé. Ça l’est davantage quand on souhaite maintenir son niveau de piano, comme moi. Il faut non seulement rester concentré, ce qui m’est de plus en plus difficile après une journée de travail, mais, aussi du temps d’affilée, ce dont je ne bénéficie plus beaucoup. Le loisir n’a de véritable intérêt que s’il ne consiste pas simplement à se reposer.

J’ai créé un équilibre notamment grâce au sport

Thierry Lagoute, praticien mixte à Auch (Gers)

L’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée résulte tout autant d’un choix personnel que des circonstances. Une association malheureuse, au début de ma carrière, m’a en effet conduit à privilégier l’exercice en individuel. J’ai alors consenti à réduire mon activité, entièrement en rurale, qui se développait pourtant très bien. Cependant, l’évolution de la profession dans la région a conforté cette orientation. En vingt-cinq ans, cette activité en rurale a été divisée par trois. Je me suis tourné vers la canine où j’ai appris un nouveau métier, au bout de vingt ans d’exercice. J’ai maintenant deux ASV et un personnel nettoyant, et je dispose de plus de temps libre : en ne faisant plus que 25 % de rurale, je gère moins d’urgences et effectue moins de déplacements, moins de gardes. Cela me permet de conserver une vie après le travail. Je préside ainsi le club de judo à Auch et pratique cette discipline en vétéran. Je le dois en réalité à mes enfants. J’ai fait de l’escrime avec ma fille et mon fils m’a entraîné sur le tatami à 40 ans, puis je me suis laissé prendre au jeu des responsabilités dans le club. Tout en faisant du sport et en découvrant un autre univers, je passais plus de temps avec mes enfants. Cela m’a permis de créer un équilibre familial tout en évacuant avec bonheur le stress du métier.