Sédation dans les situations d’urgence et analgésie du cheval traumatisé après l’effort - La Semaine Vétérinaire n° 1584 du 10/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1584 du 10/05/2014

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde*, Delphine Holopherne-Doran**, Sophie Paul-Jeanjean***

Fonctions :
*enseignante à Oniris. Article tiré d’une conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Deauville, en octobre 2013.
**enseignante à Oniris

La nécessité d’une immobilisation d’urgence laisse peu de temps pour préparer le cheval à la sédation. Toutefois, cette phase ne doit pas être négligée. En effet, un examen rapide de l’animal détermine son degré de déshydratation et son statut cardiorespiratoire. L’expérience de terrain et différentes études confirment la nécessité d’utiliser des doses de sédatifs et de tranquillisants plus importantes pour atteindre un effet équivalent à celui obtenu chez un cheval au repos.

D’une part, la pharmacocinétique de la détomidine est modifiée lors de son administration après un exercice maximal. Car un débit cardiaque augmenté induit des concentrations plasmatiques plus faibles et une distribution de celui-ci changée, avec une proportion moindre irriguant vers le cerveau. D’autre part, les α2-agonistes exercent leur effet sédatif en diminuant la concentration de catécholamines circulantes : plus le niveau de ces dernières est élevé (exercice, stress, excitation, douleur), plus la quantité nécessaire pour obtenir l’effet voulu est importante.

DÉTERMINER LA DOSE NÉCESSAIRE

Il est donc conseillé d’administrer environ le double de la dose d’α-2 agonistes qui serait choisie pour un équidé au repos et d’espacer les injections si celles-ci sont répétées. En revanche, la fatigue et la déshydratation consécutives à un exercice intense et prolongé ont tendance à restreindre la dose nécessaire. La combinaison de ces différents paramètres permet donc de déterminer la quantité juste et efficace pour un cheval donné.

Chez un animal potentiellement instable sur le plan cardiovasculaire, un surdosage n’est pas souhaitable. La technique recommandée consiste à administrer une première dose de sédatif, calculée à la suite de l’examen du cheval. Ensuite, si l’effet obtenu n’est pas suffisant, la molécule choisie est de nouveau injectée après le pic de sédation : quelques minutes pour la xylazine, cinq minutes pour la romifidine et dix minutes pour la détomidine. L’ajout d’un opioïde, tel que le butorphanol, qui agit par un mode d’action différent des α2-agonistes, permet de potentialiser les effets sédatifs et analgésiques. Les risques d’échec de la sédation sont ainsi diminuées. Cela permet en outre de réduire d’un tiers environ la dose efficace d’α2-agonistes. Le butorphanol, par lui-même, aux doses cliniques utilisées (0,01 à 0,04 mg/kg par voie intraveineuse) a une action analgésique limitée. Cependant, son emploi reste avantageux en association avec un α2-agoniste. La morphine est un meilleur analgésique, en particulier lors de douleurs d’origine myoarthrosquelettique. Néanmoins, il importe de tenir compte de son effet retardé par rapport au butorphanol (15 à 20 minutes par voie intraveineuse). La méthadone, qui est désormais disponible en spécialité vétérinaire, constitue un bon compromis, avec une rapidité d’action comparable à celle du butorphanol et une excellente analgésie au minimum équivalente à celle de la morphine.

LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR

La gestion de la douleur chez un équidé traumatisé revêt plusieurs dimensions : la prise en charge précoce permet également de diminuer les risques de développement de douleurs chroniques et de raccourcir la durée du traitement analgésique. Il est possible d’ajouter de l’acépromazine dans le protocole de sédation pour prolonger la tranquillisation du cheval (effets anxiolytique et myorelaxant plus que sédatif). Cette molécule, en raison de son effet vasodilatateur et hypotenseur, est toutefois à administrer avec précaution chez les bêtes déshydratées ou qui ont perdu du sang.

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