Virus grippaux : le Résavip présente son fonctionnement et ses résultats - La Semaine Vétérinaire n° 1583 du 02/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1583 du 02/05/2014

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Auteur(s) : Nathalie Devos

La première journée nationale du Réseau de surveillance des virus influenza chez le porc (Résavip) s’est tenue le 17 avril dernier à l’Anses de Maisons-Alfort. L’occasion de faire le bilan de trois années de fonctionnement mais aussi de prendre connaissance de la surveillance effectuée côté humain.

Suite à l’apparition du virus H1N1 pdm lors de l’hiver 2009-2010, la surveillance des virus influenza A chez l’espèce porcine a été renforcée en France métropolitaine dès 2011, via l’instauration d’un réseau national de surveillance épidémiologique. Ce dernier se base sur une surveillance clinique événementielle (passive). Ainsi, lors de suspicion d’un syndrome grippal, des prélèvements nasaux sont réalisés sur trois porcs d’une même bande présentant une température supérieure à 40,5 °C. En octobre 2013, ce dispositif prend la dénomination de Résavip pour RÉseau national de SurveillAnce des Virus Influenza chez le Porc.

Au niveau organisationnel, il se compose de 20 animateurs régionaux, de plus d’une centaine de vétérinaires volontaires pour la réalisation des prélèvements, de 11 laboratoires départementaux d’analyses agréés et des services régionaux de l’alimentation (SRAL), dédiés à l’organisation et au financement des analyses. Au niveau national, le Résavip est coordonné par Coop de France, le laboratoire national de référence (LNR) influenza porcin de l’Anses de Ploufragan et la Direction générale de l’alimentation (DGAL), qui finance les analyses. Emmanuel Garin (animateur national du Résavip, Coop de France) a également souligné que l’objectif principal du réseau est d’approcher la diversité et la dynamique des virus influenza A circulant chez le porc en France métropolitaine.

Un but “qualitatif” et non “quantitatif”

La journée a été l’occasion pour Séverine Hervé (Anses Ploufragan) de dresser le bilan du dispositif de surveillance depuis 2011 (sur neuf mois) jusqu’à fin 2013. Ainsi, au niveau national, 14 régions et 26 départements ont participé au Résavip.

629 élevages (dont 86,8 % bretons) ont été prélevés (visites uniques ou multiples) par 85 vétérinaires volontaires. Au global, sur l’ensemble du territoire, 53,6 % des élevages examinés par le Résavip se sont révélés positifs vis-à-vis de l’influenza porcin (dans 13 régions et 20 départements). Parmi les élevages positifs, le lignage H1avN1 est largement majoritaire (57 %), suivi du lignage H1huN2 (16,9 %). La distribution géographique des différents lignages diffère sur l’Hexagone. Ainsi, le H1avN1 semble être observé un peu partout sur le territoire et le H1huN2 dans le Grand Ouest. Une cocirculation de H1avN1 et de H1huN2 est observée en Bretagne où sont également ponctuellement détectés des mélanges de virus et des réassortants (exemple : rH1avN2). Le H1N1pdm (1 %) n’a été isolé que dans des départements de plus faible densité porcine (Saône-et-Loire, Haute-Loire et Tarn). Aucun sous type H3N2 n’a été détecté durant la période étudiée par le Résavip.

Il faut cependant préciser que vu l’objectif et les caractéristiques épidémiologiques du Résavip, les zones géographiques dans lesquelles un variant n’a pas été observé ne peuvent pas être considérées comme indemnes de celui-ci. La synthèse des résultats a également permis de constater que les exploitations positives sont à 80 % des élevages naisseurs engraisseurs, et que dans 42 % des cas observés dans le cadre du réseau, les syndromes grippaux sont de type récurrent depuis 2012. Enfin, la grippe touche les animaux en toute saison.

Didier Calavas, coordinateur de la plateforme épidémiologie en santé animale (ESA), a souligné qu’une interprétation fine des résultats est nécessaire et que les membres du Résavip sont conscients des limites du réseau sur lesquelles ils se penchent :

> l’hétérogénéité de la couverture du territoire avec peu ou pas de régions représentées (comme l’Aquitaine, le Nord-Pas-de-Calais, etc.) et celle sur-représentée (Bretagne) ;

> des prélèvements multiples dans certains élevages ;

> des bases de données multiples par région ;

> la gestion régionale du nombre de kits d’écouvillonnages à utiliser.

Les témoignages de vétérinaires volontaires font également remonter les difficultés rencontrées sur le terrain, telles que la fragilité des écouvillons qui cassent dans le groin des cochons, comme le fait remarquer Ludovic Lecarpentier. Pour sa part, Roxanne Roussel (Arepsa-Inpaq), animatrice régionale du Résavip (Aquitaine et Sud Midi-Pyrénées), fait part du peu de prélèvements reçus en retour de l’envoi des kits. Il est à noter que, si le nombre de syndromes grippaux rapportés dans cette région est faible, après enquête téléphonique auprès des vétérinaires volontaires, certains évoquent l’absence d’appel de l’éleveur en début d’épisode grippal, de kit oublié ou périmé, etc.

De l’OMS à L’InVS

Du fait que les virus influenza porcins sont des agents zoonotiques et que les humains peuvent également transmettre des virus grippaux aux porcs, le Résavip a invité une ancienne médecin généraliste, maintenant médecin épidémiologiste, coordinatrice nationale du réseau des Groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) pour expliquer la surveillance effectuée côté médecine humaine. Une initiative à saluer, car un fait rare !

Ainsi, Anne Mosnier a rappelé que contrairement aux porcs, chez qui uniquement des virus influenza de types A sont isolés, l’homme peut être infecté par des types A (principalement H1N1, H1N2 et H3N2) et B (sporadiquement par des types C) et que l’infection grippale est saisonnière (hiver). Réelle préoccupation de santé publique, la grippe chez l’homme fait l’objet d’une surveillance dans le monde depuis 1948 par un dispositif de l’organisation mondiale de la santé (OMS). Celui-ci fonctionne via un partenariat mondial de 110 laboratoires dans 82 pays qui collaborent et échangent sur l’émergence et la propagation des différentes souches. En France, le dispositif de surveillance de la grippe est piloté par l’Institut de veille sanitaire (InVS), et activé entre les semaines 40 et 15.

Le Grog contre la grippe humaine

Depuis novembre 2012, les internautes résidant en France ont, par ailleurs, la possibilité de participer à la surveillance de la grippe, en se connectant sur le site internet Grippenet.fr. Les médecins généralistes quant à eux sont invités à le faire via le réseau Grog, une association loi 1901 créée en 1984, qui fonctionne sur la base du volontariat. Actuellement, 471 médecins généralistes “vigies” (et 1 192 médecins généralistes correspondants), 34 médecins de montagnes (Grog spécial ski), 58 médecins d’urgence (SOS Médecin), 109 pédiatres de villes participent à cette surveillance. Les sources de données sont complétées par les Grog des Ehpad (138), par 30 unités militaires (les Smog, systèmes militaires d’observation de la grippe), les CNR, 7 laboratoires de CHU, le réseau national des laboratoires hospitaliers (Rénal) et des entreprises industrielles. Pour la dernière saison grippale (2013-2014), 3 862 prélèvements ont été analysés. Le type A est largement majoritaire (17 % de sous type H1 et 14 % de sous type H3 contre 0,4 % de type B).

Selon Anne Mosnier, si les Grog constituent un réseau de terrain régionalisé, coordonné, réactif et équipé pour faire des prélèvements rhino-pharyngés et sont des outils clés pour la recherche ou en cas d’émergence, il n’en demeure pas moins qu’ils ont leurs limites. Il y a lieu de recruter et de former d’autres vigies Grog. Une meilleure coordination ville-hôpital est également à développer.

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